Aujourd’hui, on est plus le fils de son époque que le fils de son père.

Un môme, ado de la cité et petite frappe du bas de la tour, se fait renvoyer par son père dans le pays de ses origines, pays qu’il n’a pas connu. Au Burkina Faso, ce sont son oncle et son cousin qui vont se charger de l’accueillir et de le faire grandir. Ça commence avec dynamisme par un portrait au montage vif et tout en ellipse de notre jeune personnage principal dans son milieu. On place le décor social et culturel. Rendu au Burkina, ça prendra davantage son temps. Notre protagoniste n’est pas dépeint en finesse et d’ailleurs, son interprète ne permettra pas de relativiser tant son jeu est excessif. Fort heureusement, autour de lui, les personnages sont beaucoup plus subtils et chacun occupe un rôle précis dans ce récit d’apprentissage. Le cousin, très bon Ibrahim Koma, sera le guide, l’oncle sera l’autorité et la figure d’opposition et la grand-mère sera la filiation et la tradition, le point de repère. La force du film tient dans la sincérité du propos qui ne porte pas un jugement systématique des uns et des autres. Il fait évoluer chacun des personnages vers une compréhension mutuelle et pour notre héros, il propose un chemin à suivre. Cette sincérité passe aussi par l’usage de la langue locale (moré ou diaoula ?) qui donne un vrai accompagnement musical à cette fable et qui place notre jeune Ady face à un mur d’incompréhension et qui manifestera la fracture entre ses origines et lui. Au final, se pose très bien la question de l’identité multiple, celle que l’on se donne ou que l’on se reconnaît, celle que l’on porte sans en être conscient et celle qui s’écrit sur le papier. On ne cherchera pas forcément de la virtuosité technique dans tout ça mais c’est une belle histoire qui vise juste.

Konika0
7
Écrit par

Créée

le 2 oct. 2020

Critique lue 125 fois

Konika0

Écrit par

Critique lue 125 fois

D'autres avis sur Wallay

Wallay
EsopatPauchet
7

En vacances au Bled

Un joli premier film, bien qu'inégal et sans surprise. Le jeune Ady est envoyé au Burkina Faso pour que son oncle le reprenne en main. Et c'est donc le choc des cultures, entre modernité et...

le 29 oct. 2019

1 j'aime

1

Wallay
Konika0
7

Aujourd’hui, on est plus le fils de son époque que le fils de son père.

Un môme, ado de la cité et petite frappe du bas de la tour, se fait renvoyer par son père dans le pays de ses origines, pays qu’il n’a pas connu. Au Burkina Faso, ce sont son oncle et son cousin qui...

le 2 oct. 2020

Du même critique

Calmos
Konika0
7

Barbmos

Le hasard fait succéder Calmos à Barbie. Mais le hasard n’existe pas, diront certains. Et réellement, on tient là un concept bien plus porteur que le Barbenheimer supposé condenser toutes les...

le 5 août 2023

6 j'aime

2

Bowling Saturne
Konika0
2

Commissaire Moulin contre les chasseurs masculinistes

Ce sont le synopsis mystérieux, l’affiche idoine et le succès critique qui m’ont amené à lancer le film. Que de vile tromperie dans ce monde. Ils sont deux frangins. L’un est commissaire de police et...

le 21 mai 2023

6 j'aime

L'Antre de la folie
Konika0
7

Un autre Carpenter

D’une certaine manière, L’Antre de la Folie occupe une place un peu spéciale dans la filmo de Carpenter. Il a quelque chose de différent et c’est ce qui m’a donné envie de le revoir. Un auteur à...

le 11 sept. 2021

5 j'aime