Ne vous attendez pas à de véritables révélations qui vous feraient découvrir la vie de Hendrix sous un nouveau jour. Malheureusement le film de Bob Smeaton ne nous apprend pas grand chose de neuf et prend bien soin de ne pas égratigner le mythe Hendrix. La demi-soeur du guitariste étant à la production de ce film, on sent bien que les sujets qui fâchent ont été planqués sous le tapis. On passe par exemple très vite sur l'enfance pourtant probablement mouvementée ("Je me suis tu, mais j''ai vu beaucoup de choses") et encore plus vite sur le décès mystérieux de l'icône.


Mais ne pinaillions pas, car l'intérêt du documentaire repose surtout sur la quantité faramineuse d'archives exhumées pour l'occasion (dont certaines recadrées en 16/9...), des plus intimes aux plus célèbres, et surtout pour le choix narratif plaçant Jimi Hendrix dans le rôle du narrateur. Bootsy Collins interprète ainsi un texte à la première personne mêlant propos tenus dans des interviews ça et là, et quelques réflexions piochées dans les propres écrits d'Hendrix. A défaut de se révéler excitant, le procédé prouve une belle efficacité. Et si l'on est encore loin de pouvoir sonder l'âme de l'artiste, du moins apprécie-t-on de voir se dessiner "l'auto-portrait" d'un homme simple, humble, déterminé, dévoué à son art, et largement en avance sur son temps.


Très peu de choses filtrent ici sur ses véritables inspirations, et on peut également regretter que le concept du film relègue les autres membres du Jimi Hendrix Experience et du Band of Gypsys au rang de pantins sans intérêt. C'est qu'il faut laisser la place à la musique, et quand la musique est bonne... Au-delà des morceaux studio qui illustrent avec bonheur le déroulé biographique, Smeaton accorde autant d'espace que possible aux archives live. Et pas les moindres : Londres, Monterrey, Woodstock, Isle of Wight... Autant de dates capitales entrées depuis dans la légende du rock, et qui côtoient ici des performances plus anecdotiques mais non moins révélatrices de l'esprit musicalement libertaire d'Hendrix, comme la reprise de "Sunshine of your love" au Lulu Show ou un concert improbable en première partie des Monkees (ou les "Plastic Beatles", dixit Hendrix)...


Pas une biographie définitive donc, mais un aperçu rigoureux et richement illustré, qui a le bon goût de nous étourdir avec le répertoire d'Hendrix pour masquer ses carences.

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le 6 août 2017

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