West Side Story de Jérôme Robbins et de Robert Wise est le film de mon père. Il avait 15 ans, se passionnait déjà pour le cinéma et le film fut un choc. La comédie musicale... Je ne sais pas combien de fois il l'a vu, peu importe du reste. Il avait le triple album et j'ai grandi sur les airs de
Maria:



The most beautiful sound I've ever heard:
Maria, Maria, Maria, Maria...



Et autre Tonight



The Sharks are gonna have their way Tonight



Evidemment, mon père me montre assez tôt ce film culte pour lui et j’adore. Comment rester insensible à cette histoire d’amour ?
Ma vie s’est rapidement calquée sur le film. En toutes circonstances, j’essayais de rester cool



You wanna live in this lousy world?
Play it cool



J’arpentais les rues de mon village la nuit en cherchant ma Maria



Maria!
Say it loud and there’s music playing
Say it soft and it’s almost like praying
I’ll never stop saying Maria!



Au cours de mon existence j’ai croisé plusieurs femmes mais aucune Maria mais à toute j’ai tenté d’adapter le morceau avec plus ou moins de bonheur. Par contre souvent avant de me coucher auprès de ma compagne je chantais les vers d’Anita :



Anita's gonna get her kicks
Tonight
We'll have our private little mix
Tonight
He'll walk in hot and tired
So what?
Don't matter if she's tired
As long as she's hot
Tonight!



Comme vous pouvez le lire ma vie à toujours été rythmé par Leonard Bernstein.


Et quand en 1985 Leonard Bernstein sort la version Leonard Bernstein Conducts West Side Story avec la soprano māori Kiri Te Kanawa et le ténor José Carreras, mon père achète le coffret.
De l’avis même de mon père l’album n’avait pas la fraicheur des voix de du film de Robert Wise, Marni Nixon qui doublait sans être créditée Natalie Wood et Jim Bryant qui lui doublait Tony, interprété par Richard Beymer sans être crédité lui non plus. Aujourd’hui cette injustice est réparée sur les sites de streaming.
Quand j’apprends que Steven Spielberg réalise un remake de West Side Story, je suis d’abord dubitatif.
Puis je me dis que mon père n’ira pas voir cette version. J’adore ce film alors si mon père ne veut pas y aller, j’irai pour lui et j’y entrainerai ses petits-enfants.
Grand bien m’en a pris, la version de Steven Spielberg ne démérite pas pour de multiples raisons.
La plus évidente à mes yeux, nous ne sommes plus dans l’ère du whitewashing et les Portoricains sont à 100 % Latinos. Plus d’espace est donné à la vie des portoricains qui parlent espagnol, sans sous-titre comme pour mettre en avant la culture des nouveaux arrivants.
Deuxième raison, les acteurs ne sont pas doublés quand ils chantent.
La réalisation de Steven Spielberg est flamboyante car si les morceaux restent les mêmes, le réalisateur insuffle à la réalisation une maestria qui était absente de la version de Robbins et Wise qui restait plus dans le théâtre filmé.
Maria jouée par une inconnue découverte sur Youtube Rachel Zegler est une révélation.
Entre sa première apparition, discrète et timide, elle prend rapidement une ampleur qui effacera presque tous les autres acteurs, c’est la véritable révélation du film. Les autres acteurs ne déméritent pas non plus. Ansel Elgort que j’avais aimé dans baby driver est un très bon Tony.
Autre révélation (pour moi tout du moins) c’est Ariana DeBose dans le rôle d’Anita.


Dernière raison : Rien n'obligeait Steven Spielberg à faire ce film aucune majors, aucun studio n'a demandé au réalisateur de refaire ce film. Steven Spielberg l'a fait pour lui.
Et dans ces temps du tout marchandisation, j'aime cette démarche, Steven Spielberg a fait le film tel qu'il aurait aimé le découvrir. il l'a fait pour lui et pour son père. Malheureusement pour lui, les spectateurs n'ont pas suivis, c'est triste mais j'aime à penser que c'est ce qui fait de Steven Spielberg un véritable artiste.
Cette motivation est souvent absente de la volonté des studios toujours plus partant pour fair vivre envers et contre tout des franchises plutôt que de valoriser des volontés d'auteurs.


J’aime la nostalgie qui se dégage du personnage de Valentina une version féminine du Doc qui aurait été l’homme d’un couple mixte, joué par Rita Moreno la Anita de 1961. Ce qui donne un autre éclairage au film de 1962, Doc s'engagera donc dans un couple mixte avec une portoricaine. Mais ça soulève aussi une question.
Les Jet's auraient-ils fait de l'épicerie du Doc, leur point de repère ?
Tony auraient-ils eu envie de travailler pour un couple mixte ?


J’ai pleuré, du début à la fin. Dès le prologue qui commence par des sifflements, là où le générique de Robbins et Wise sur le même prologue, bien qu'esthétique était tout de même trop long.
Bref bien que m'interrogeant toujours sur le bienfondé de ce remake, je dois avouer que j'ai été emballé. J’ai pensé à mon père et j’ai été touché de voir que Steven Spielberg dédicaçait le film au sien. Les petits enfants de mon père avaient pratiquement tous vu la version de Jérôme Robbins et de Robert Wise.
Après notre séance de cinéma certains osent préférer celle-ci à celle de Steven Spielberg. Je les traite de racistes aux réunions de famille, ce qui met toujours de l’ambiance…



pop’s


Gwangelinhael
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le 24 janv. 2022

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Gwangelinhael

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