C'est un film remarquable sur le cinéma. Spielberg se révèle un incroyable cinéphile avec humilité et inventivité. L'humilité le force à abandonner tous ses travers : le manichéisme et sa sensiblerie sucrée atroce grâce, au scénario originel, la musique et la danse qui le forcent à rester dans ce cadre. Spielberg doit à tout prix être contenu.

Le cosmique perce souvent dans le film avec bonheur. Je suis un fanatique du film de Wise de 1961. Comparons les deux. La mise en scène et l'adaptation du scénario originel : Spielberg a modifié avec bonheur la chronologie des airs et a ajouté des dialogues pour approfondir l'intrigue tout en respectant le fond et empruntant les plans de Wise. ( Influencés par Welles). Des idees extraordinaires sur certains plans : Tony chantant Maria, pris d'en haut marchant dans une flaque qui réverbère les lumières en petites étoiles. Les trous dans les planchers lors de "cool" , le sel dans le hangar. La boule de fer du debut qui évoque la destruction, Tony cherchant à joindre Maria à travers des grilles lors de la scène du balcon.
Les décors et les costumes : un quartier détruit avec des immeubles en ruines, des vêtements realistes et des acteurs non maquillés ajoutent à ce que veut Spielberg : l'authenticité , le réalisme et la crédibilité.
Les acteurs sont tous extraordinaires. Tony : plus jeune, plus vivant, plus expressif que Beymer. Maria comparée à la hiératique Wood est une jeune femme qui sait ce qu'elle veut, vivante, vibrante. La plus belle scène est celle de l'imitation du mariage dans un cloître.
Et pourtant et pourtant .....le film de Wise a cette mystique qui échappe à Spielberg.
Beymer/ Tony est plus halluciné que son homologue et Maria/ Wood est dans sa fixité ,son sourire figé et ses grands yeux plus dans un autre monde. Le couple n'a pas cette chimie attractive , et c'est justement cela qui fait qu'ils sont hors sol. Les décors participent plus au drame que dans le film de Spielberg justement parcequ'ils sont désolés, étroits , abstraits pauvres et... inhabités ( Ila scène : feel pretty est un exemple parfait de la supériorité du film de Wise) .Oui les deux amants sont seuls dans les étoiles et c'est pour cette raison que le film de Wise ne peut etre dépassé selon moi. Et puis il y a le merveilleux générique de fin du film de Wise que Spielberg n'a pas pu reproduire.
Mais bravo Spielberg pour ce grand moment d'émotion. J'ai pleuré.


"""

AlainBenvolio
9
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le 22 mars 2022

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AlainBenvolio

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