Bof!

C'est dur à croire mais Spielberg est tombé dans le piège des remakes à la façon de la compagnie de la souris aux grandes oreilles.

En effet, West Side Story 2021 fait spirituellement partie du style de remake Disney suivant: "Les c*** entre deux chaises" autrement dit un remake qui essaie de se démarquer du film de base en tentant du neuf mais n'y parvenant pas se focalisant trop sur le style du film original pour tenter de plaire à tout le monde. Ajoutez à cela qu'à certains moments, le remake essaie "aussi" d'être proche de la version théâtre et vous obtenez un gloubi-boulga ne racontant pas grand-chose.

Pour illustrer ce propos, voici un exemple avec la chanson la plus connue de l'histoire Maria.

West Side Story 1961

https://www.youtube.com/watch?v=UWlqoeyreXU

Ici, nous sommes dans un cadre intimiste où Tony est seul perdu dans ses pensées chantant avec clameur la rencontre avec celle devenue l'élue de son coeur. Cette solitude permets au personnage de partager ses émotions avec le spectateur ému par la découverte de l'amour du protagoniste.

West Side Story 2021

https://www.youtube.com/watch?v=39WPioTx1zQ

Si l'on peut admettre le fait qu'Ansel Elgort a une voix plus agréable à l'oreille que celle de Jimmy Bryant (injustement non-crédité), le fait d'avoir choisi de mettre des figurants regardant Tony pendant sa chanson avec moquerie et mépris (seule la petite fille le regardant en souriant passe à peu près car peut représenter le spectateur regardant Tony touché) empêche l'immersion gâchant ainsi les émotions du personnage tellement envahi par "les autres" que le spectateur ne profite pas de ce moment pleins d'émotions.

Pratiquement tout le film est construit sur ce schéma avec des chansons perdant leurs sens de base dans la mise en scène de Spielberg semblant surtout vouloir faire du Jacques Demy sans y parvenir. En effet, on a droit à des passages musicaux plus épiques qu'autre chose qu'un vrai remake du film de 61, ou même d'une adaptation du drame musical de Bernsteinn où presque toutes les chansons étaient basées sur les émotions et non pas sur le spectaculaire.

Les danses sont fébriles le casting parvenant rarement à lever les pieds tandis que certaines scènes dramatiques censées se dérouler de nuit pour avoir un aspect bien sinistre se passent en plein jour sans raison valable.

Les seules qualités du film sont un Chino plus sympathique sincèrement amoureux ne sachant pas comment s'y prendre avec Maria ou encore nos tourtereaux qui ont un peu plus de personnalité que dans l'histoire de base. En effet, ils ne sont plus le petit couple mignon pour lequel on pleurait lors de l'issue fatale mais des personnages agissant de façon plus réaliste réellement conscients de la situation dangereuse dans laquelle ils se trouvent et non plus les jeunes premiers insouciants inconscient du monde monstrueux les entourant.

Mais s'il est bien d'avoir plus exploité le couple principal que dans l'oeuvre de base, il est très décevant que la critique de la société et du rêve américain passent complètement à la trappe dans cette version alors que c'était le cas de l'oeuvre originale montrant plus de scènes sur les portoricains déchantant progressivement du rêve américain et les américains entraînés dans une descente aux Enfers de par leurs propres actes discutables.

Quant au fait d'avoir fait revenir Rita Moreno pour le fan-service...NO COMMENT!

Le seul aspect qui peut paraître mieux que dans l'oeuvre originale, où la mise en scène brutale des meurtres et des bagarres étaient plus théâtrales qu'autre chose, paraît dans ce film plus réaliste le sang y étant plus beaucoup présent.

Cependant, cet aspect est l'équivalent de bons effets spéciaux dans un mauvais film: du pur spectacle visuel sans contenu convaincant.

Bref, Spielberg signe là son premier mauvais film.

Comme c'est triste.