Ce film a du chien; il donne un os à ronger au critique.

Ceux qui me connaissent le savent bien, j'adore les animaux (ah, ça y est, il va encore nous raconter sa vie, le zouave).

Si j'avais un top 10 animaux, ce serait peut-être:

1 Pingouin
2 Ornithorynque
3 Sanglier
4 Kiwi
5 Requin tigre
6 Paresseux
7 Colibri
8 Axolotl
9 Panda
10 Hippopotame

Zut, plus de place pour le Koala, l'éléphant, la baleine, le corbeau, l’écureuil, le lapin, la tortue, le singe lion, l'ours, le tigre, le loup, le cobra, la chouette (ou le hibou), le castor, le... Enfin bref.

Autant dire que le chien n'est pas l'animal qui me fascine le plus. C'est sûrement dû au fait que le chien est banal, n'est pas sauvage, ni même naturel. Il est le fruit de l'humain, le loup modifié. L'humanité l'a adopté, l'a entraîné avec lui, en a fait son compagnon, son allié, son esclave, et le plus souvent, son ami.

La plupart des gens s'accordent à dire que le chien fait preuve d'amour inconditionnel. Qu'il offre à son maître une confiance, un dévouement comme aucun de nos semblables ne le ferait.
C'est évidemment pour cela que nous sommes autant à aimer les chiens. Ils comblent nos vides affectifs sans rien demander en retour.

Pourtant, d'aucuns pensent qu'il ne s'agit pas d'amour, du moins pas comme on l'imagine. Qui sait ? Peut-être le chien n'est-il mû que par l'esprit de meute. Si on le dresse, il se met au service du chef, sinon, il se considère à la tête.

Il est possible aussi que l'être humain trouve dans le chien un rattachement à la nature, à l'instinct primaire, dans ce monde aseptisé où nous nous éloignons de plus en plus de notre environnement originel.

Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est que le chien -ex æquo avec le chat- est l'animal le plus présent dans notre société, plébiscité et aimé d'une grande partie de la population. Il en fait partie intégrante.

Kornél Mundruczo, n'ayant pas pu réaliser son projet "The Flyging Man", se lance dans un film plus simple, White God, porteur de messages politiques et libertaires. Avec sa productrice et co-scénariste, Viktoria Petranyi, ils torchent un scénar, qu'ils bouclent en trois semaines. Tranquille.

Et ça donne quoi?
Je crois que ça passe ou ça casse. Je suis allé le voir en charmante compagnie (ça change) et j'ai vécu deux heures intenses, emporté, séduit, secoué même, médusé par moments. Ce ne fut pas le cas de ma lady, qui vécut deux heures d'ennui intense, exaspérée, dépitée, désespérée même, agacée par moments.

Autant dire qu'elle était de mauvais poil (roulements de tambour, cymbale). Dommage pour elle. Car ce que j'ai vécu devant White God, je souhaite à tout le monde de le vivre au cinéma, le plus souvent possible.

D'abord, une esthétique froide, grise, urbaine. Un "humour" noir -léger, subtil, décalé. Peut-être d'ailleurs suis-je le seul à trouver dans cette œuvre matière à rire.
Ensuite, la relation entre Lili et son chien, authentique, douce, dispensée de mots.
Et puis, celle plus torturée de père-fille, ennemis et complices, savoureux mélange doux-amer et portrait de la complexité des rapports humains, contrastant avec la simplicité du contact qu'a la jeune fille avec son animal.

La dureté, la froideur de l'homme. Je dis bien l'homme, car le seul personnage féminin vraiment présent reste la juvénile protagoniste. La partie masculine sert ici la violence.
Et puisqu'on parle de violence, White God n'en est pas exempt. La pire qui soit, d'ailleurs. Bizarrement, et je sais que beaucoup sont dans mon cas, je reste insensible devant de nombreux films où un humain se fait torturer.
Mais lorsqu'on s'en prend aux animaux, je souffre.

Dans ce film toute l'empathie est pour les toutous, époustouflants d'émotions. Les acteurs sont d'ailleurs un peu falots, quand on compare leur performance à celle des acteurs canins. Je m'incline également devant les dresseurs qui ont su coordonner tout ce beau monde. Un exploit.

Le film changera de ton plusieurs fois, relatant progressivement la formation de la meute et sa rébellion, offrant au spectateur quelques pauses tendres pour se reposer de la crudité de certaines scènes. Tantôt épique, tantôt suave, parfois décalé, il surprend.

L'erreur serait de chercher un quelconque effort de réalisme de la part de Mundruczo et Petranyi, à mon sens ce n'est pas leur intention. C'est le sentiment de voir un conte de fée qui m'a imprégné tout du long, et qui persiste depuis.

Comment dire. Il y a de tout dans White God. Le film peut éveiller divers ressentis et évoquer bien des œuvres, dans l'esprit de chacun... Le joueur de flûte de Hamelin, La Planète des Singes, Demain les Chiens, Les Oiseaux, j'ai pour ma part pas mal pensé à Nausicaä (alors que bon sang, ça n'a rien à voir).
Car White God est avant tout un appel à l'imagination comme à la réflexion. Un rappel aussi, pour qu'on oublie pas que le monde est un détonnant mix de violence et d'amour, de musique et d'aboiements, de fantastique et de terre à terre.

Le dernier plan, comme d'autres, est un formidable tableau. Un délice visuel.

Comment parler de White God sans parler de sa musique ? Cette même musique que Tom essayera de jouer au piano pendant que la facétieuse Jerry le tourmentera, dans « The Cat Concerto », que le film régale d'un clin d’œil bien placé.
Si vous n'avez pas vu ce bijou, trouvez le lien vidéo dans la petite présentation de zombiraptor :
http://www.senscritique.com/film/Tom_et_Jerry_au_piano/critique/19124277

Cette musique que Lili joue dans son orchestre, cette musique qui seule accompagne le film, à tel point qu'on ne sait plus si c'est elle qui porte le film ou le film qui la porte.
Ce thème magnifique, organe vital de White God, astucieusement imbriqué, distillé, donnant à ces images frissonnantes une dimension spectaculaire, mordante (c'est le cas de le dire), géniale.

White God : un OFNI, une échappée cinématographique, un (trop) long-métrage qui parle de notre espèce, de l'animal que nous sommes ; et surtout des chiens, des humains qu'ils sont.

J'ai eu beau m'appliquer, je ne serais pas à la hauteur du superbe texte de zombiraptor :
http://www.senscritique.com/film/White_God/critique/40433337

Et vous, c'est quoi votre top 10 animaux ?
Veather
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films où le personnage principal est un chien

Créée

le 8 janv. 2015

Critique lue 1.9K fois

66 j'aime

45 commentaires

Veather

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

66
45

D'autres avis sur White God

White God
zombiraptor
7

Essaim animé

La bande annonce bombait son torse musclé en annonçant l'arrivée d'une relecture canine des Oiseaux alors que les images, elles, évoquaient plutôt un avatar quadrupède des origines de La Planète des...

le 21 déc. 2014

52 j'aime

14

White God
Fritz_the_Cat
5

Mean Streets

Réduits à des cobayes désignés pour mourir, deux chiens s'enfuient d'un laboratoire. Perdus en rase campagne, ils tentent de survivre. C'est le pitch de The Plague Dogs, beau et méconnu film...

le 21 déc. 2014

38 j'aime

6

White God
Sergent_Pepper
4

Fatal canin

Une belle affiche, une ouverture d’exception, un pitch intriguant : White God excite comme il faut les papilles du cinéphile qui flaire là une petite pépite venue de Hongrie. Il faut dire que Kornél...

le 14 nov. 2017

29 j'aime

2

Du même critique

Interstellar
Veather
4

10 « bonnes » raisons relatives de ne pas aimer Interstellar.

Chers lecteurs, chères lectrices, Avant d'entamer cette liste aussi disgracieuse que désobligeante, je tiens à préciser que je n'ai rien contre Nolan, au contraire. Avant de m'envoyer des menaces de...

le 15 nov. 2014

201 j'aime

129

The Grand Budapest Hotel
Veather
9

Read My Mind #2 : The Grand Budapest Hotel

Ami lecteur, amie lectrice, bienvenue dans ce deuxième épisode de RMM (ouais, t'as vu, je le mets en initiales, comme si c'était évident, comme si c'était culte, alors qu'en vrai... Tout le monde...

le 8 sept. 2014

174 j'aime

51

Vikings
Veather
6

12 "bonnes" raisons d'aimer Lagertha. Euuuh, Vikings.

Avis porté sur les deux premières saisons parues en date. 1. On a pris la semi-légende de Ragnar Lothbrok, tous les éléments qu'on peut assembler sur ce qu'on devine des vikings, et tout ce qu'on...

le 29 juil. 2014

169 j'aime

62