Dans l'univers de Wishmaster, il n'y a pas de vœu trop tordu pour devenir réalité


Jadis, au cours de temps immémoriaux, Dieu insuffla un souffle de vie dans l'univers. Et la lumière fit naître les anges. Et la terre fit naître les hommes. Et le feu fit naître les Djinns, des créatures condamnées à errer dans le néant d'entre les mondes. Celui qui réveille un Djinn aura droit à trois vœux. Une fois les trois vœux exaucés, les légions maléfiques des Djinns seront envoyées sur Terre. Ne craignez qu'une chose parmi toutes vos peurs... Craignez le Djinn.




Nib shuggarath bahim !



Wishmaster est un petit bijou d'horreur concocté par Robert Kurtzman, un hommage irrésistible aux pépites du cinéma d'horreur des années 1980. Dès les premières secondes on sent immédiatement l'amour sincère du cinéaste pour ce genre, quand on est catapulté sans cérémonie dans une Perse de 1127 avant J. -C., parce que rien de mieux pour commencer une histoire effrayante que d'assister à un grand festival du massacre. Là, on découvre un petit rassemblement sympathique où la population locale de l'Empereur mute en artistes de la douleur en prenat la forme de créatures dignes d'un mauvais rêve, tout ça sous l'influence néfaste d'un Djinn. Ce Djinn, c'est un peu comme un génie des vœux, mais avec un sens de l'humour sadique puisqu'il s'amuse à exaucer des vœux de la manière la plus tordue possible, pas vraiment comme vous l'aviez imaginé au moment de formuler votre souhait. C'est le genre de génie qui transforme une demande anodine de "Je veux gagner à la loterie" en une expérience traumatisante et douloureuse de "Je veux être poursuivi par des zombies affamés de billets de banque". Le film nous offre alors une véritable galerie d'atrocités, un spectacle sanglant digne d'un musée de l'horreur, avec des scènes tirées de l'art contemporain de la terreur.


Cela commence avec un pauvre type qui se fait avaler par un mur, un petit hommage subtil à Han Solo dans "Star Wars, épisode V : L'Empire contre-attaque" par George Lucas et Lawrence Kasdan. Ou encore, une créature qui décide de sortir des entrailles d'un malheureux, comme si Ridley Scott avait fait un caméo avec son "Alien". Et quoi de mieux qu'un ventre qui s'ouvre comme une mâchoire affamée, un petit coucou à John Carpenter et son "The Thing". Ah, et bien sûr, il ne faut pas oublier la référence à "Evil Dead 3 : L'Armée des ténèbres" de Sam Raimi. Parce que quoi de mieux qu'un peu de rire morbide en pleine boucherie surnaturelle ? Juste quand on pense que l'humanité est vouée à une fin peu enviable, notre cher alchimiste Zoroastre débarque et réussit à emprisonner le Djinn dans une opale de feu créée sur mesure, à quelques vœux près. Comme Aladdin qui claque des doigts et brandit la lampe magique pour y enfermé son génie, voilà que le Djinn disparaît, mettant fin à un spectacle vraiment, vraiment bizarre. C'est là que l'histoire prend son envol, laissant les amateurs d'horreur savourer cette délicieuse promesse : "Ça commence très fort et promet le meilleur." Et nous voilà tous en train de jubiler devant tant de générosité macabre.


Des siècles plus tard, dans l'Amérique contemporaine, sur un port, nous rétrouvons Raymond Beaumont, un promoteur et amateur d'antiquités, qui d'une attitude impatiente attend de réceptionner une statue du Dieu pré-islamique Ahura Mazda, une œuvre d'art renfermant l'infâme opale. Mais bien sûr, le destin réserve toujours un petit quelque chose, alors qu'un grutier, visiblement bourré, décide involontairement de jouer les casseurs d'art en fracassant maladroitement la statue. Tout cela, bien sûr, sans réaliser qu'il libère du même coup l'opale de son cachot, au détriment d'Alexandra Amberson, l'expert archéologue du groupe. C'est ainsi que notre chère Alex se voit malgré elle devenir la victime du Djinn emprisonné depuis des lustres, qu'elle libère involontairement, se retrouvant condamnée à exaucer trois vœux. Voilà le début de ses ennuis, et croyez bien que c'est le genre d'emmerdes qui ne vous lâche pas d'une semelle. Bien que le scénario de Peter Atkins n'aille pas dans les méandres des détails, il parvient à saisir rapidement l'essence de son intrigue grâce à une écriture qui permet au réalisateur de tirer pleinement parti des éléments sanglants et horrifiques de son film, tout en préservant la crédulité de ses spectateurs, sans les sous-estimer.




  • Ecarte-toi de mon chemin.

  • Je ne crois pas, trou du cul.

  • As-tu idée à quel point il est frustrant d'avoir un pouvoir illimité et de pouvoir l'utiliser seulement quand un petit vermisseau vous demande quelque chose.



Fondamentalement, Wishmaster se classe dans la catégorie des films de série B extrêmement agréables, offrant une dose appropriée de violence graphique et d'originalité pour satisfaire les amateurs de sensations fortes et d'horreur, tout en apportant une réflexion intéressante sur la damnation et les désirs humains. C'est un film de monstre qui, malgré les nombreuses propositions, évite habilement de se limiter qu'à des références et des caméos destinés à ravir les connaisseurs comme moi, voulant surtout offrir une nouvelle expérience authentique de film d'horreur. C'est ainsi que nous sommes immergés dans un monde où l'occultisme, la spiritualité, la magie et l'alchimie se mélangent à diverses influences spirituelles pour nous entraîner à travers des lymbes de sévice, de barbarie et de cruauté. Ceci se traduit par des exécutions inventives, alimentées en permanence par des vœux détournés par le Djinn, utilisant des suggestions satiriques et cruelles pour les transformer en de véritables malédictions. Cela devient la principale attraction pour le spectateur, qui se demande avec anticipation ce que le prochain vœu réservera comme surprise pour le pauvre bougre qui aura le malheur de le formuler. Sous l'emprise du Djinn, les souhaits deviennent un jeu de roulette russe machiavélique !


Les effets spéciaux sont étonnament bon, très bon même, conjuguant habilement différent types de technicité venant de la vieille école et de la nouvelle pour un résultat étonnant. Certains mise à mort sont très bien faîte avec des effets gores crédibles à l'écran. Une horreur qui se confond très bien avec le cadre proposé nous plongeant dans divers environnement soigné dont la fameuse salle de collection des divinités oubliées de Raymond Beaumont, dans laquelle on peut appercevoir la statue du démon Pazuzu, provenant du film L'Exorciste de William Friedkin. Une technicité efficace accompagné de la musique de Harry Manfredini, qui n'est pas mauvaise, mais manque d'une personnalité marquante pouvant doté le Wishmaster d'une identité sonore reconnaissable entre toute dès les premières notes comme de nombreux autres grand monstres de l'horreur tels que Myers, Freddy ou encore Jason. L'apparence du Djinn est remarquablement convaincante, que ce soit lorsque nous le voyons sous une forme lamentable et miniature lors de sa libération ou dans sa forme la plus charismatique. Son visage est bien travaillé, il donne la chair de poule, et il est accompagné d'un talent oratoire particulièrement délectable. Sa manière de formuler les vœux auprès de ses victimes est un régal, car elle est véritablement insidieuse. Le Djinn se classe parmi les méchants les plus redoutables de l'horreur, capable de rivaliser sans problème avec d'autres monstres surpuissants tels que Tall Man ou Pumpkinhead. Il est invincible, bien que sensible à la douleur, mais sa vulnérabilité véritable réside dans son incapacité à utiliser son immense pouvoir à sa guise. Il ne peut rien accomplir avec ses pouvoirs tant qu'un être mortel ne formule pas un souhait à sa demande, ce qui est frustrant pour lui car il doit ruser.


En ce qui concerne le casting, on se délecte en suivant l'exceptionnel Robert Englund, une autre icône de l'horreur, dans le rôle de Raymond Beaumont. Il est d'ailleurs amusant de noter qu'il n'est pas le seul visage célèbre, car il est rejoint par d'autres poids lourds du genre tels que Kane Hodder, Tony Todd et Tom Savini. J'ai eu le plaisir de découvrir la talentueuse Tammy Lauren dans le rôle de l'héroïne principale, Alexandra Amberson, pour la première fois dans ce film, et c'est vraiment dommage qu'elle n'ait pas eu une carrière plus florissante , car elle est tout à fait convaincante. J'ai particulièrement apprécié son charme, d'autant plus qu'elle incarne avec conviction une femme en train de perdre pied en raison de sa connexion avec le fameux Djinn. En parlant du Djinn, Andrew Divoff est excellent sous les traits du Djinn, aussi bien sous sa forme naturelle que celle de Nathaniel Demerest, dont il a hérité le visage en l'arrachant d'un cadavre pour mieux se l'approprier. Une appropriation bien gore que l'on peut voir comme un clin d'oeil sympathique à Leatherface de "Massacre à la tronçonneuse", réalisé par Tobe Hooper.



CONCLUSION :



Wishmaster, réalisé par Robert Kurtzman, est un bon film d'horreur qui réussit à combiner habilement une intrigue captivante avec une distribution talentueuse, pour offrir une expérience qui séduira les amateurs du genre. L'histoire du Djinn, son aspect visuel et sa capacité à manipuler les vœux, font de lui un monstre emblématique du cinéma d'horreur. Une proposition qui brille également par ses références subtiles aux classiques du genre, via un mélange savoureux de gore, de suspense et d'humour noir, offrant une expérience horrifiante qui ne manquera pas de laisser une impression durable sur les spectateurs.


Un incontournable pour les amateurs d'horreur.




  • Sortilèges. Sorciers. Alexandra, vous êtes née dans un âge de la raison, un âge de la science. Tous les sorciers ont disparu. Et tous les sortilèges, perdus à jamais.

  • Mais le djinn lui-même...

  • Le djinn, s'il a existé, serait tout ce qu'il resterait. Imaginez un peu. La seule chose magique dans un monde rationnel. Un monde vulnérable par son scepticisme, ou aucune raison ne viendrait vous secourir, aucune science pour vous sauver. Eh bien... Hahahaha !!! Il s'amuserait bien, n'est-ce pas ?


B_Jérémy
8
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le 6 oct. 2023

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