Survival Aurore

On me l'a bien survendu le Wolf Creek à sa sortie, je voulais le voir en salle mais au final j'étais allé voir un autre truc, ou juste resté chez moi je ne sais plus. J'ai bien fait.

Le premier truc qui frappe c'est quand même que le réalisateur, dont c'est le premier film, maîtrise la technique ancestrale du remplissage cliché avec talent. Parce que le film met quand même quarante minutes à démarrer, en empilant tout les poncifs du film de genre lentement, l'un après l'autre, on dirait que son scénario tient sur une liste de courses avec des tirets. Les ados qui voyagent dans un coin paumé ? Check. Les ados qui fument et font des blagues ? Check. Les locaux flippants qui se foutent de leur gueule ? Check. La voiture qui cane au milieu de nulle part ? re-check. Ah, il manque quand même le vieux fou avec les chicots pleins de sable et l'œil torve qui leur dit de ne pas y aller, mais à la place on a un carton qui nous dit que plein de gens sont portés disparus dans le bush australien. On Check.

C'est bien mais c'est que ça dure une demi-heure ça, et qu'il y a encore quinze minutes de ventre mou après. C'est beaucoup trop. Par contre si au niveau scénario ça brasse de l'air avec une mollesse peu commune, visuellement je dois admettre que le bush Australien ne m'a jamais paru aussi beau au cinéma. Il y a notamment une longue scène où nos voyageurs se reposent à côté du cratère qui donne son nom au film alors qu'il pleut, et au niveau ambiance et éclairage je dois avouer que j'avais carrément l'impression d'être en rando avec eux.

Le problème c'est qu'on était là pour voir un film d'horreur, et qu'à la place on a déjà eu un ventre mou d'une demi heure rendu encore plus insupportable par mon pote qui au lieu de me laisser faire comme je lui avait dit nous a préparé le pire café de l'univers en manquant de faire éclater la cafetière, et pour cela je lui voue une haine tenace. Je suppose que quand on a payé six euros au cinoche, ça doit faire à peu près le même effet niveau agacement.

D'ailleurs je pense que j'aurais fait une avance rapide si crocodile Dundee n'était pas apparu à ce moment là, parce qu'il est franchement le seul intérêt du film. C'est simple on dirait le sniper du jeu Team Fortress avec des rouflaquettes, un ex-chasseur de kangourous que l'utilisation des poisons a rendu obsolète, devenu serial-killer et seul habitant d'une espèce d'exploitation agricole abandonnée au milieu de nulle part. Le reste du film correspond à un slasher banal en un peu plus froid dans la violence, avec une mise en scène qui passe du plan-plan en intérieur au génial lorsqu'il s'agit de filmer des grands espaces, mais malheureusement toujours plombé par des incohérences dantesques dans le comportement des personnages et des faux-raccords un peu gênants. Faudra m'expliquer pourquoi les filles qui ont réussi à prendre une voiture préfèrent la jeter dans un ravin et simuler leur mort plutôt que de foncer à toute berzingue jusqu'au village le plus proche, et pourquoi madame préfère aller voir dans un puisard sombre creusé dans la roche, lire les coupures de journaux et regarder des vidéos plutôt que d'aller directement dans le hangar pour y chercher une bagnole...

C'est dommage, niveau réalisation y'a de très bonnes choses, donnez lui un vrai scénario la prochaine fois !