Je m’étonne de voir que Wonder Woman soit considéré par une bonne partie du public avant sa sortie comme un projet qu’on oubliera aussitôt qu’on l’aura vu. Pourtant ce que les gens ont tendance à négliger avec le succès de l’univers du MCU ou le cinéma super-héroïque de ces dernières années, c’est que les tentatives d’adaptation de comics sur des super-héroïnes se sont toujours terminées en film poubelle souvent digne de la nullité d’un Jonah Hex quand elles ne sont pas moquées par les cinéphiles.


Entre les tentatives d’Origin Story sur Les 4 Fantastique avec une héroïne (Susan Storm) dans l’équipe qui se sont toujours soldés par un massacre critique dont un échec commercial cuisant en 2015 avec le reboot, Catwoman tournant en ridicule l’unes des antagonistes les plus populaires de l’univers de Batman, Supergirl qui prête aux rires d’un gros nanar pour les néophytes (et à la honte pour les fanatiques) et Elektra dont l’existence n’a pas lieu d’être quand on voit la gueule de Daredevil sorti juste avant, on peut pas aboyer ouvertement un Girlpower pour le cinéma de super-héroïne. Surtout quand celle-ci ne parviennent jusqu’à maintenant à exister que dans les films d’autres super-héros ou les regroupements comme Avengers.


Secundo, DC tente vainement de faire concurrence à Marvel en lançant son propre univers et aucun de leurs films n’a convaincue la majorité, Man of Steel compris malgré sa bonne volontée et avec le gros bordel de production et de tournage additionnel prévu sur Justice League, le changement de ton du DCU et le départ de Zack Snyder de la production pour raison familial, c’est tristement bien parti pour couler.


Et c’est assez miraculeux qu’au milieu de ce chaos, Wonder Woman et sa réalisatrice Patty Jenkins (déjà auteur de Monster qui a valu un Oscar à Charlize Theron) ait échappé aux reshoots ou à ce genre de bordel pour suivre la vague. Et ça ne l’est que davantage de voir qu’un film DC reçoit enfin un accueil positif quasi-unanime de la part du public et de la presse. De même qu’il n’est que plus miraculeux et jouissif d’enfin pouvoir le dire : la malédiction des mauvais films de super-héroïne a enfin été brisé !


Pas de Supergirl qui balance fièrement qu’elle est la cousine de Superman saupoudré d’un Peter O’Toole alcoolique dans la zone fantôme, pas de Catwoman qui se shoote à l’herbe à chat, pas de Susan Storm des 4 fantastiques ridiculisé pour le fun ou bien fadasse et surtout pas d’Elektra au look excessivement vulgaire pour faire pointer le piquet des âmes désespérés.


Place à Diana et Themyscira le royaume des amazones et à une Gal Gadot débordant autant de beauté que de présence dans le rôle du futur membre de la ligue des justiciers, à tel point qu’on en tomberait presque amoureux. Si on ne s’intéresse qu’au minimum nécessaire à la culture des amazones et à leur histoire divine (Arès, Zeus, la création des hommes, ce genre de choses) et que certains dialogues laissent à désirer, Patty Jenkins fait ce que Suicid Squad n’avait pas fait avec ses personnages et son histoire : donner une âme à ce qu’il narre et gérer son rythme. Même si on aurait voulu s’attarder davantage sur cette cité (et voir davantage Connie Nielsen et Robin Wright par la même occasion), ça s'introduit à peu près correctement. Et ça fait du bien de voir une photographie plus colorée et qui a même droit à une gestion justifié en fonction des situations dans lesquels se trouve notre guerrière amazone.


Tantôt aux couleurs solaires dans la cité ou encore tantôt plus grisâtre et plus sale une fois Diana et Steve arrivés à Londres et sur le champ de bataille de cette première Guerre Mondiale.


Wonder Woman prime davantage sur l’humour et s’assume comme le film super-héroïque plus léger dans la catégorie des films du DCU, les remarques sur la différence de sexe restant finalement assez discrète et subtil dans la manière de les employer et l’aspect comique tourne plus sur Diana découvrant le monde des humains et découvrant progressivement ses horreurs (les technologies guerrières, la guerre des tranchées, les exodes entraînées par les conflits) comme ses bons et beaux moments (à l’image d’un moment de détente avec l’équipe de Steve), et apprenant à ses dépens que la réalité s’éloigne drastiquement de la représentation mythologique avec laquelle elle a été bercée sur l’île des amazones.


Même si certains s’amuseront à faire des rapprochements plus ou moins innocemment ce film avec Captain America : First Avenger, que ça soit l’histoire qui fait plus classique et vieil école sur certains aspects, Jenkins ne repompe pas l’ambiance ni les protagonistes pour autant. Et surtout elle donne une vraie grâce et une grande puissance à Wonder Woman lorsqu’elle passe à l’offensive, à l’image de l’assaut au village de Veld très énergique sans jamais ressembler à un jeu PS3 (un peu comme un certain Roi Arthur sorti récemment dont on aurait pu se passer). Les combats sont entraînants et bien menés, les ralentis n’en font pas trop et si on met de côté l'existence de Batman V Superman, on parvient à ressentir les enjeux.


De plus, Wonder Woman est bien soutenu par la troupe américano-indien-arabo-britannique qui l’accompagne, en plus de bénéficier d’une bonne écriture. Tout d’abord grâce au très bon Chris Pine qui garde une bonne tchatche et apporte un bon humour sans pour autant tomber dans l’immaturité, son personnage développant une très bonne chimie avec la guerrière amazone. Sameer l’arabe spécialiste en déguisement, Charlie le tireur d’élite alcoolique autrefois artiste au chant ou encore le soldat indien Chief avec qui on arrive à avoir une bonne identification en tant que groupe et individu.


Malheureusement, tous les défauts qu’on a attribués à Suicid Squad ou Batman V Superman n’ont pas totalement disparu. La preuve en image dans la dernière demi-heure avec un climax très décevant, voire carrément fade et tombant dans la purée d’effets spéciaux plate comparés aux combats précédent qui étaient quand même très dynamique, sans oublier un antagoniste DC aussi lambda et pauvre de personnalité qu’un bad guy Marvel et qu’on devra mettre au même niveau que l’ensorceleuse ou Lex Luthor version Jesse Einsenberg (le cabotinage énervant en moins).


Sans parler de l’écriture de certains dialogues qui font très fanées, même pour une production super-héroïque plus légère sans trahir le ton d’un film DC il y en a qui ne passe pas (notamment à cause d’Arès et dans la première demi-heure). Cela dit les réécritures de scénario ont été nombreuses autour du film, on peut mettre ce problème là sur ce compte.


Quand à la partition de Rupert Gregson-Williams, dieu merci il ne réutilise le thème de Wonder Woman qu’une seule fois pendant le film, le reste fait le boulot mais on ne conserve pas de morceau entêtant en tête. Et pour la chanson de Sia, ça se laisse écouter sans être désagréable.


Malgré le peu d’ombre au tableau, le principal est là : DC sort de nouveau un bon film de super-héros, et une origin story centrée sur une super-héroïne. Même si Wonder Woman sera considéré comme mineur pour beaucoup, il apporte un peu de souffle après les deux échecs cuisant de 2016 et réussit au moins l’exploit d’être un divertissement honnête. Et vu que Justice League est bien parti pour s’auto flinguer à bien des niveaux, mieux vaut en profiter tant qu’on le peut.

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