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Sélectionné en début d'année pour le festival Sundance, Wrong nous est présenté comme un ovni, un film inclassifiable. Il faut dire qu'on commence à avoir l'habitude avec "Mr. Oizo" des histoires ni-queues ni-têtes, où l'absurde est roi. Steak m'était apparu comme incipide et trop difficile a apprécier notamment dû au duo Eric-Ramzy. En revanche, Rubber m'a étonné, intrigué, je dirais même plu. Ce côté complètement mindfuck, surtout dans la période que nous vivons où le sens a une place tellement importante, m'a procuré un réel plaisir, presque récréatif.

J'en attendais donc beaucoup de ce dernier film, et je dois dire qu'il a su combler mes attentes. Il est vrai que des personnes ne connaissant pas le travail de Quentin Dupieux, il peut être difficile d'apprécier ce genre de travail à sa juste valeur.

Je vais me permettre une digression pour essayer d'illustrer mes propos de manière la plus claire possible. J'ai récemment eu une discussion sur l' "art" avec des amis qui restent butés sur l'art pictural cubique, futuriste, abstrait, dada et autres dripping. D'un point de vue pragmatique, il est difficile de donner une signification concrète, par reconnaissance du réel dans ce genre d'œuvres (quoique). Cela n'empêche pas ces œuvres d'être mondialement reconnues. L'art (pictural) n'a pas besoin d'être figuratif ou réaliste pour faire sens. Loin de moi l'envie de philosopher sur le sujet ou sortir mes citations pompeuse mais cet art pictural est l'un des premiers à connaitre cette métamorphose. Cependant on peut l'appliquer à toutes les formes d'art ; la musique, par exemple, a elle aussi connu des métamorphose que la majorité dénigrait par méconnaissance ou juste une indifférence du sujet. Pour le cinéma, il est plus difficile de se passer du réel dans la mesure où l'objectif ne peut transgresser la réalité. Cependant, on retrouve dans le cinéma expérimental une certaine forme d'insouciance, d'illusion fantasmagorique qui transcende la réalité. Car oui, le cinéma n'a pas forcément besoin de sujet, de réalisme pour faire ressentir des émotions.

J'ai ressenti beaucoup de choses dans ce film, ce qui ne fait que me confirmer qu'après Rubber, que Quentin Dupieux est un genre a lui tout seul, tant dans sa narration, dans sa direction des acteurs, que dans son envie inlassable de saisir les idées au moment présent. Petit apparté pour signaler que sa manière de réaliser est assez particulière dans la mesure où il ne prend pas le temps de réaliser ce qu'il fait, entre l'idée et le montage final, la durée qu'il s'impose est de 6-7 mois. Autant dit une miette de pain pour élaborer, concevoir et réaliser un film de nos jours. Il le dit lui-même : "Je n'ai pas d'avis sur mes films, je fais ce que je ressent, je réaliserai ce que j'ai produit plus tard, avec du recul". L'objectif est clair, dans la mesure où il n'y en a pas.

J'ai, par habitude, un besoin de catégoriser ma critique en fonction du scénario, des acteurs, de la musique... Mais ce film me donne l'impression de pouvoir transgresser ces règles pré-établies pour pondre un pavé dans l'instant, dans un ressenti à chaud du film. Je me permet juste d'ajouter que j'ai eu plaisir à retrouver un Eric Judor très TRES bon, et un William Fichtner que j'ai toujours autant plaisir à voir dans des rôles plus désuets, un grand acteur lui aussi.

Finalement, j'ai pris plaisir à ne pas comprendre ce que je voyais, à me laisser bercer par l'absurdité de ce que mes yeux me laissaient voir. Un sentiment naïf mais ô combien jouissif !

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Le 3° paragraphe parait après relecture extrêmement pompeux, je suis prêt à en discuter si l’onanisme culturel est votre tasse de thé.
cR4p0
8
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le 5 sept. 2012

Modifiée

le 5 sept. 2012

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