Apopocalypse (La crèche Les petites bobines #3)

Bonjour madame la directrice,

Je viens vers vous pour mon rapport hebdomadaire sur la crèche Les petites bobines.

Sur votre conseil, nous avons fait un signalement auprès de l’assistante sociale du petit Ken Loach. A l’issue du rendez-vous, lui était très joyeux et elle est entrée en dépression car elle se sentait « inutile et manipulée par la machine inhumaine du capitalisme étatique ». Le petit Spike Lee a incendié son xylophone quand il a appris qu’une Blanche vaut deux Noires. Bonne nouvelle, le petit Lynch s’est calmé, il recommence à jouer avec sa buche.

Je vous écris surtout pour le petit Bryan Singer. Je suis inquiète.

Rappelez-vous comme nous avions été bluffés par son entrée à la crèche. Il nous avait bien bernés quand il disait que tous les jouets cassés, les livres déchirés et les pipis par terre étaient causé par un certain Keyser Söze. Nous avions fini par croire qu’il s’agissait d’un enfant migrant. Jusqu’à ce qu’on découvre qu’il s’agissait du nom de son ami imaginaire. Il nous a bien eus sur le coup. Nous croyions alors avoir affaire à un élève doué.

Et puis, il s’est pris de passion pour nos figurines X-Men. Elles n’étaient même pas sorties de leur emballage qu’il avait décrété qu’elles étaient à lui. La première fois, il a fait sensation. Nous avions tous adoré son Winny l’ourson avec ses bras-fourchettes. C’était si original.

Comme il voyait qu’on s’intéressait à lui, il a recommencé en nous rejouant toujours les mêmes choses, à une ou deux nuances près. Face à notre indifférence, il est passé à autre chose. Il a dit que c’était un grand, qu’il allait jouer à Superman maintenant. Quelle catastrophe… Beaucoup d’enfants ont pleuré ce jour-là. Certains se sont moqués de lui, comme le petit Snyder.

Et rappelez-vous de l’épisode des légumes ! Quand il ne voulait pas manger ses haricots, il disait que nous, les adultes, étions de vilains géants qui ne comprenaient pas que c’étaient des haricots magiques. Il a surtout gagné une grosse déculottée.

Sauf qu’entretemps, le petit Matthew Vaughn avait récupéré les jouets X-Men. C’était si agréable de voir son bel enthousiasme. Sauf que Bryan était jaloux et nous a fait un caprice.

Il était tellement casse-pied que Matthew a fini par lui rendre (quel gentil gamin). Mais ce n’était pas assez pour Bryan, qui a décidé de piquer d’autres jouets. Il a peint en bleu notre Barbie Jennifer et notre Kiki de tous les Kikis. Il a aussi volé tous les magnets du frigo. Où il a aussi « emprunté » un navet sur lequel il a mis un œil, et un seul, de Monsieur Patate. Il n’arrête pas aussi de prendre les figurines des rois du trône (nous appelons comme ça les petits qui commencent à faire au pot et qui y restent des plombes) : le nain farceur et la princesse Peach (vous savez, celle qui est toujours dans l’autre château).

Il est prêt à tout pour attirer l’attention. Il nous invente des histoires qui n’ont ni queue ni tête. Cela se voit qu’il invente au fur et à mesure. Il fait dans la surenchère permanente. Son dernier truc, c’est l’Apocalypse.

Nous ne comprenons toujours pas : 1. Où il a trouvé cette figurine du méchant dans les gardiens de la galaxie ? 2. Comment il a réussi à récupérer la peinture bleue que nous avions confisquée après son dernier exploit ?
Il nous a aussi cramé une Barbie en la mettant dans une prise électrique. Il nous en a transformé une autre en bondage (nous l’avons vite cachée pour ne pas avoir de problèmes avec les parents). Sa seule réussite est d'avoir recouvert d'aluminium un jouet Flash. Face au manque d’intérêt, il a même ressorti le Winny l’ourson fourchette. C’était un peu triste et pathétique à la fois.

Cette situation devient gênante. Les autres enfants commencent à se moquer de lui. Avec votre permission, madame la directrice, je voudrais lui confisquer ses jouets X-Men. Pour son bien. C’est d’autant plus urgent que je l’ai entendu dire qu’il voulait ajouter des figurines 4 Fantastiques à ses X-Men.

Cordialement