Monstre nucléaire et politique

On ne peut pas dire que X The Unknown soit un grand film car il souffre de tous les poncifs inhérents au genre du cinéma de monstre, lieux communs et passages obligés qu’il emprunte de la manière la plus conventionnelle possible : un monstre voit soudainement le jour, l’armée est là mais la menace se répand, l’armée réfléchit et détruit la menace. The End. Oui mais le long-métrage de Leslie Norman diffuse, lors de quelques scènes marquantes, une angoisse qui va crescendo et qui n’est pas sans rappeler la construction horrifique d’un John Carpenter, par exemple : quelque chose se produit, un son lancinant devient de plus en plus audible, le visage se crispe à mesure que le son sature l’espace et s’empare du corps. On ressent la présence du monstre nucléaire de la même manière – mais en moins efficace, certes – qu’on sentira le requin des Dents de la Mer nager sous nos pieds, sans pouvoir rien faire. L’utilisation du point de vue subjectif appliqué au monstre s’avère marquant quoiqu’un tantinet ridicule puisque la bête en question ne semble pas disposer d’yeux… On pourra apprécier également les effets visuels de qualité ainsi que les deux scènes mettant en premier plan des enfants, dont la candeur exposée au mal nous fait redouter le pire. En somme, il faut lire X The Unknown comme une fable certes classique mais qui témoigne de la préoccupation majeure de son temps, à savoir la peur du nucléaire à une époque où la Guerre Froide figeait le monde. Le monstre devient parabole politique (ce qui est souvent le cas), ne dispose pas d’un traitement très poussé, mérite cependant le coup d’œil.