En tant que gros fanatique du sous-genre ghost kung fu comedy du cinéma de Hong Kong, imaginez comment j’ai sauté au plafond lorsque j’ai vu passer une bobine toute récente, réalisée par Ricky Lau, celui qui a popularisé le genre avec sa saga Mr Vampire, avec un des acteurs les plus emblématiques du genre, à savoir Chin Siu-Ho (Mr Vampire, Vampire vs Vampire), et même Billy Lau (Mr Vampire 1 à 3, Vampire vs Vampire) dans un cameo. Presque toute la fine équipe, à l’exception bien entendu du regretté Lam Ching-Ying qui nous a quitté en 1997 des suites d’un cancer du foie. Mais comment faire une ghost kung fu comedy à l’ancienne en Chine continentale alors que les règles strictes de la censure chinoise interdisent la représentation des fantômes, des vampires et autres « superstitions féodales » ? Mais Ricky Lau a plus d’un tour dans son sac et il va le prouver. Et bordel ce que ça fait du bien.


Dès les premières minutes, on se rend compte que tous les codes sont là. Vampires sauteurs (gyonsi), costume jaune de prêtre taoïste, disciples un peu crétins, sorcières, parchemins / talismans, magie noire, monosourcil,… Joie ! Mais alors, comment Ricky Lau a pu mettre en scène cela et passer outre la censure ? Grâce à un subterfuge très simple, c’est un groupe de gangsters qui vont utiliser les croyances ancestrales afin de faire de la contrebande d’opium et qui vont utiliser plein de subterfuges afin d’effrayer la population et être tranquilles. Nos prêtres taoïstes sont en fait des gars futés qui vont utiliser leur connaissance des superstitions taoïstes pour dénoncer les supercheries et les fraudes. Et là, je ne vous spoile rien puisque le film l’explique clairement dans sa première partie. Il fallait y penser, et Ricky Lau l’a fait. Lui qui, avec le déclin du cinéma de Hong Kong, a été obligé de se tourner vers le public continental, n’oublie pas d’où il vient et va faire en sorte que son film, malgré ce subterfuge obligatoire par lequel il est passé, ressemble à une ghost kung fu comedy de Hong Kong. En gros, après avoir popularisé le genre au milieu des années 80, il tente de remettre la formule Mr Vampire au goût du jour avec un équipement plus moderne et un point de vue favorable à la censure. Du coup, les vampires sauteurs ne font qu’une brève apparition le temps d’un combat en début de film et ne sont pas réellement des gyonsi, les sorcières qu’on voit dans la deuxième partie ne sont pas réellement des sorcières. Ricky Lau s’amuse donc à détourner tous les codes tout en les respectant et en leur rendant hommage. Il va même jusqu’à utiliser un « faux » Lam Ching-Ying. Entendez par là un personnage lui ressemblant vaguement, incarné par Zhang Dicai (également chorégraphe du film), qui va tenter de prendre les mêmes postures, faire les mêmes mimiques, qui reprend le même personnage de prêtre taoïste. L’hommage est respectueux et en aucun cas putassier.


La partie « fantastique » se situe essentiellement sur la première moitié du film. Un combat contre des gyonsi et un contre des fantômes. Dans la deuxième, ce n’est quasiment plus évoqué vu que le subterfuge est vite révélé. Du coup, la plupart du temps, les combats se déroulent entre des adversaires humains. Dans tous les cas, Ricky Lau va tout mettre en œuvre pour que ses scènes d’action soient dans le style de Hong Kong, et force est de constater que cela fonctionne. Bien entendu, nous ne sommes pas du niveau de ce que l’ex-colonie a pu nous offrir martialement. Mais, sincèrement, ça fait plaisir à voir. Les combats sont dynamiques, parfois visuellement très esthétiques, et les chorégraphies sont plutôt recherchées. Dommage que le montage soit parfois un peu trop cut et que la caméra soit parfois un peu trop mobile (afin de donner encore plus de mouvement aux mouvements). Néanmoins, ça castagne vraiment beaucoup, c’est très généreux à ce niveau-là, avec en guise de final une longue succession de fights qui font plaisir à voir tant les combats de fin sont souvent vite expédiés dans le cinéma martial chinois actuel. En termes de mise en scène, c’est très propre. D’entrée de jeu, on constate que le visuel est ultra soigné. Certains éléments de décors sonnent parfois un peu faux mais dans l’ensemble, la réalisation de Ricky Lau est carrée et on est content de voir que ce « revival » n’a pas été expédié à la va-vite. Il n’abuse pas des CGI inutiles là où d’autres seraient allés dans la surenchère (et heureusement car le peu qu’il y a, ne sont pas des plus réussis). Autre point positif pour les amateurs de vieilleries HK des années 80, la présence de Norman Chu (Duel to the Death, The Sword), méchant emblématique du cinéma de Hong Kong, qui malgré les années qui passent continue d’en imposer par son charisme. Notons également un cameo de Gabriel Wong (An Eternal Combat, Fight Back to School), autre tête connue des amateurs.


Bien que ne rivalisant jamais avec les fleurons du genre que sont Mr Vampire 1 et 3 ou L’Exorciste Chinois 2, Taoist Priest est une très bonne surprise. 35 ans après, Ricky Lau revient au genre qu’il a popularisé dans les années 80, et on espère qu’il va continuer dans cette lancée.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 27 mars 2021

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