Le naufrage de Charlize Theron manque un peu de punchlines!
On ressort de Young Adults avec une impression mitigée. Incapable de dire si on a aimé, on ne peut pas pour autant dire qu'on a détesté. On s'est quand même un peu ennuyé.
La faute en est certainement au manque de rythme du film, dont le scénario ne s'emballe jamais vraiment. Pourtant, le sujet est parfait pour une tragi comédie dans la gamme de celles réalisées précédemment par Jason Reitman. Le casting est impeccable: le film repose essentiellement sur les épaules de Charlize Theron, dans la mesure où cette dernière joue un personnage auto-centré, qui ne voit les autres qu'au travers du prisme adolescent « Loser » / « Gens cools ». Mais faire reposer tout un film sur la dépression inavouée d'une ancienne reine de promo qui, vingt ans après, tente de reconquérir la quaterback local, suppose un scénario très costaud, rythmé par des punchlines bien trouvées, sinon le spectateur risque de trouver le temps long.
En effet il ne se passe pas grand chose dans Young Adults: on voit Charlize sombrer dans tous les sens du terme. Cette image est d'ailleurs aussi dure pour elle que pour nous. La nouvelle égérie Dior passe ses nuits à se saouler, se baffre au KFC, et multiplie les grands moments de solitude. Le film sombre même dans le porno trash, dans la mesure où le réalisateur décide d'accoupler, le temps d'une nuit, son héroïne avec Patton Oswalt (Croyez le ou non, ce couple surpasse le duo formé par Jack Black et Kate Winslett dans The Holidays...de là à dire que c'est contre nature...).
En plus, chez Reitman, il n'y a pas de happy end. Ceux qui sont allées voir « Up in the air » en pensant comme moi qu'il s'agissait d'une comédie romantique, en ont fait l'amère expérience. Pour Young Adults, ce postulat semble servir le film: un film d'une heure et demie, sans saut dans le temps, peut difficilement venir à bout du syndrome dépressif! Mais partant de là, la dynamique du film repose uniquement sur la qualité du phrasé, car il n'y aura pas de rebondissements retentissants. Le réalisateur avait réussi son pari dans Juno. Il avait en revanche raté son coup dans Up in the air dont l'histoire est en réalité assez semblable à celle de Young Adults; c'était cette fois George Clonney qui endossait le rôle « contre emploi ». Cette fois pourtant, Jason Reitman a refait appel à la scénariste de Juno, mais le résultat est loin d'être aussi satisfaisant.
Quelques répliques font cependant mouche telle celle de Mavis quand Matt lui fait remarquer que son ex est marié et avec un enfant. Elle lui répond en effet de manière lapidaire, « moi aussi j'ai des casseroles ». Malheureusement elles sont trop peu nombreuses pour réveiller le spectateur.
Alors bien sûr, le message du film n'est pas inintéressant. Il n'a cependant rien de révolutionnaire.
1)Le gens ne sont pas dupes du bonheur des autres: personne ne croit en la pseudo perfect life que Mavis se construit.
2)Il n'y a pas une conception unique du bonheur. Au fond peu importe la manière dont les gens vivent, l'important est qu'il soit heureux ensemble. Seuls les solitaires s'ennuient.
Mais Jason Reitman n'a jamais voulu se lancer dans une réflexion poussée sur le sens profond de l'existence. Sa description la banlieue américaine n'est d'ailleurs pas tellement clichée. Clairement, la ville ou a vécu Mavis ne fait pas rêver du tout. Mais la communauté locale y est très heureuse, car elle ne rêve pas à mieux.
L'effet comique du film ne peut cependant pas uniquement reposer sur la confrontation entre la modestie plouque et la superficialité citadine. L'effet s'essouffle vite. Charlize se débat, mais le spectateur lui, n'est pas loin de s'assoupir...