Pour la énième fois… « Zombie » ne mérite pas plus son nom que les autres films de la « trilogie classique » (1968 – 1985, de la « nuit » au « jour ») de Georges A.Romero, et pour la énième fois, « Zombie » n’a été « mal nommé » que par ce qu’il existe une race de distributeurs merdeux, qui ne sont pas inventifs, qui sont aigris de leur manque de créativité. Il s’agit de « Dawn of the dead », « l’aube des morts-vivants » quoi, ce qui paraît logique au vu des autres titres de la série, putain !

« Dawn Of The Dead » donc, commence par un débat sur un plateau de télévision où le chaos règne. La question du débat, car "C'est dans l'air" est de savoir, entre autres, s’il est possible et acceptable, déontologiquement parlant, d’accepter de tuer des gens, et des proches en l’occurrence, qui sont déjà morts. Peut-on tuer un proche "mort-vivant" d'une balle dans la tête pour se sauver soi-même? Débat houleux, des gens vocifèrent, hurlent au scandale. C’est l’esclandre sur le plateau, mais il y a pire en dehors de ces lieux. Il y a un cancer, un « big crabe » qui contamine de l’intérieur les morts, à l’échelle de la population mondiale. Mais on se centrera sur les USA, c’est toujours suffisant.

Les morts, les « Dead's » sont partout, démultipliés par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Il suffit d’être mordu, pour devenir comme eux, c’est-à-dire ressembler à un truc sans nom, un sac-à-merde plein de chair et de sang dégoulinant, caractérisé par une sale gueule blanche avec des yeux vitreux complètement défoncés, la jambe qui traîne sans qu’on sache pourquoi, une mauvaise blessure à laquelle on ne peut pas survivre, et une mâchoire pantelante d’héroïnomane en manque.
Romero poursuit son histoire par l’intermédiaire de scènes d’action qui rythment et nourrissent son film. Il filme une intervention anonyme de la police dans un immeuble quelconque, dans une ville qui n’est pas nommée. Des policiers contre des truands, un affrontement classique, dans un immeuble …en réalité infesté de zombies. Comme si l’infection, la « rage », la « peste » partait de cet endroit, ou au contraire comme si elle avait commencée dans pleins d’endroits comme celui-ci. Chaos.
Une jeune femme blonde s’en va, avec son pilote d’hélicoptère de petit ami, et ils vont chercher sur le toit d’un immeuble deux flics : un jeune homme blond et un grand black. « Pilote » (ainsi nommé par grand black), sa blonde, le blond et le black font atterrir l’hélicoptère sur le toit d’une sorte de « Carrefour Market américain ». C’est la seconde partie du film, la meilleure. Le petit groupe investit la grande surface. Grosse organisation de nettoyage intérieur type « Solution Finale », avec la tuerie de tous les Zombies, histoire de pouvoir se balader tranquillement. Les issues sont condamnées. Et surtout, il se servent dans le magasin, et vu qu’il y a de tout, ils reprennent presque goût à la vie, consomment à nouveau, sans dramatiser de leur situation épineuse, comme si la consommation pure ne représentait là que leur unique raison de vivre.

Romero réussit là un tour de force, son film, dans un style très documentaire, est très bien réalisé. En plus d’une histoire très prenante et divertissante, il réussit à y intégrer une critique de la société de consommation. Caustique et grinçant, son réquisitoire vaut le détour : les morts-vivants sont condamnés à errer dans le magasin comme ils le faisaient avant de se retrouver dans cette condition mort-humaine, métaphore directe de l’hyperconsommation de masse, et des consommateurs de grande surface ; la musique sirupeuse, en 3 notes seulement, est typique de la musique de supermarché, dégoulinante, affreuse. Le mieux, c’est que le groupe de 4, une fois leur nouveau lieu de vie nettoyé, s’ennuient, et ne savent rien faire d’autre que de consommer à nouveau (ont-ils le choix ?) : restaurant, jeux vidéo, sport. Même la grossesse est peut-être vue comme une consommation (l’amour consommé), et vécue par la personne concernée comme un ennui, ou un truc pour combler l’ennui. Romero est très corrosif. L’assaut final de l’hypermarché par une bande de mercenaires clôt magistralement le film par une vision noire, pessimiste, presque désespérée et désespérante : les hommes n’ont pas besoin de Zombies pour se retrouver tous exterminés, puisqu’ils savent très bien se détruire entre eux. Dead act.

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le 14 avr. 2013

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Errol 'Gardner

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