Un jeu tout à l'honneur d'Arkane
Les grands jeux se distinguent par le naturel avec lequel ils parviennent à accomplir certains exploits. Pour Dishonored, l'exploit est de réussir à mêler un gameplay très fluide avec un level-design époustouflant de rigueur et de crédibilité.
Simplement bouger dans Dishonored est désarmant : les effets de caméra transcrivent parfaitement l'impression de marcher ou de courir pour de bon, aucun obstacle ou presque n'est vraiment insurmontable. Ajoutant à cela le désormais célèbre sort de téléportation à courte distance et il parfois bien difficile de revenir à d'autres jeux où les mouvements paraissent moins naturels et fluides.
La pièce maitresse du jeu, cependant, c'est l'architecture des niveaux. Jamais je n'ai autant eu l'impression de me promener dans un endroit réel. La plupart des maisons, appartements, palais et autres lieux visités font vrai et donnent l'impression d'être réellement utilisables, pour peu qu'un entrepreneur assez motivé prenne la peine de les bâtir. Étant une ville densément peuplée, Dunwall permet assez vite de jouer sur la verticalité et la rapidité et la fluidité des mouvements permettent très vite de se promener naturellement un peu partout, dans les égouts aussi bien que sur les toits.
La direction artistique brille aussi particulièrement, mélangeant des pastels lumineux et des couleurs plus fades et défraichies qui donnent à Dunwall la touche de ruine et de désolation collant parfaitement à l'ambiance du jeu. Peut-être est-ce même un style graphique qui surmontera bien l'épreuve du temps.
En soi, le jeu mêle une infiltration que ne renieront pas les amateurs des premiers Thief, avec un tas de trésors à trouver, et des combats dynamiques et violents qu'il vaut quand même mieux aborder avec finesse. Surtout, le principe du jeu consiste à lâcher le joueur dans un endroit donné et à lui donner toute latitude pour accomplir sa théoriquement meurtrière tâche. Certaines options sont un peu cousues de fil blanc, mais qu'importe.
La brièveté de Dishonored en décevra peut-être certains, l'histoire n'est pas aussi renversante que celle du premier Bioshock, mais cela l'immense mérite de permettre de faire rapidement plusieurs parties grâce auxquelles on alternera les styles de jeu ou se créera son propre délire ; les joueurs imaginatifs auront tôt fait de trouver des nouveaux défis une fois tous les succès collectionnés.
Puis, quand on regarde la concurrence complètement larguée, entre un Bioshock Infinite manquant de finesse et souvent frustrant et un Deus Ex Human Revolution un peu trop académique, on se rend compte de l'exploit accompli par Arkane avec Dishonored.
C'est de loin le meilleur jeu de 2012 et le meilleur descendant de l'école Looking Glass.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes et Les 5 jeux de 2012