Je suis le commandant Shepard et cette critique est ma préférée de Senscritique !

Après un premier Mass Effect introduisant l'univers du jeu et se terminant de manière un poil sinistre, le deuxième suit naturellement une voie plus sombre. Les règles ont changé, une menace se profile à l'horizon et Shepard a pour mission de réunir la fine crème de la galaxie pour une mission-suicide.

Premièrement, le jeu est plus sombre, certes, mais cela se voit ! Teintes rougeâtres, orangeâtres et noirâtres, l'environnement est bien moins avenant que ce que l'on avait pu voir dans le premier jeu. De fait, les missions elles-mêmes nous font traverser des endroits désolés ou mal famés : colonie d'humains décimée, repère spatial de la lie de la galaxie, laboratoires d'expérimentations douteuses... Mêmes les premières races extraterrestres rencontrées ne respirent pas la sympathie envers les humains (Vortchas et autres Butariens).
Le temps de la découverte est bien fini, alors que Shepard et ses compagnons n'ont que la mort pour seule promesse d'avenir. C'est pas la joie.

Ce nouvel état d'esprit qui entoure le jeu permet de renforcer l'immersion que l'on avait déjà dans le premier. Certes cete fameuse mission-suicide dont on nous rabâche les oreilles à longueur de temps change radicalement la perception que l'on pouvait avoir des aventures de Shepard et de sa fine équipe, mais l'évolution n'est en rien brutale car rapidement le premier Mass Effect nous révélait que derrière l'apparente quiétude de la Citadelle un danger se profilait à l'horizon (et puis bon, même si ça était mon plaisir coupable dans le premier Mass Effect, je ne pouvais pas espérer continuer à faire du tourisme bien longtemps).

La progression de l'histoire est donc simple : il va falloir recruter des spécialistes aux quatre coins de la galaxie, leur filer un coup de main dans une quête pour qu'ils acceptent de se joindre à nous, avant d'obtenir définitivement leur confiance via une mission qui les touche personnellement (plus particulièrement un membre de leur famille en général), une telle mission de loyauté impactant significativement leur probabilité de survie à la fin du jeu.
Il y a de quoi faire, puisque l'équipage sera composé de dix membres, mais surtout chacun d'entre eux a ses propres compétences, ainsi que sa propre personnalité et histoire. Et là un travail énorme a été réalisé car tous ont un passé extrêmement profond et chaque rencontre donne réellement envie d'en connaître plus sur le personnage (même si on aura nos chouchous et qu'on préfèrera taper la discute et éventuellement débuter une histoire d'amûr avec l'un ou l'autre). Au final le plus difficile est de choisir quels seront les deux chanceux qui nous accompagneront pour risquer leur vie en mission et sauver la galaxie (pendant que les autres restent se taper une belote j'imagine).

Pour le reste, les combats sont moins dynamiques mais plus réalistes, puisque les chargeurs ont maintenant des munitions limitées (là où il suffisait d'arrêter de tirer avant qu'une arme ne surchauffe et soit inutilisable quelques secondes dans ME1) ! Mine de rien, la logique des combats en est toute modifiée, puisque selon l'arme utilisée, il faudra interrompre son tir pour recharger plus ou moins rapidement (en fonction de la capacité de l'arme), laissant le temps à l'ennemi de se planquer et de recharger son bouclier. Les combats en deviennent presque pénibles par moment, les ennemis n'étant plus des terroristes de Cerberus (pour une raison évidente quand on y joue) mais des mercenaires de 3 ou 4 factions différentes. Chacune de ces factions est censée avoir ses atouts et points faibles au combat, mais franchement je n'avais pas envie de jouer la stratégie sur des détails, et y aller bourrin fonctionne dans la plupart des cas.

Les choix de dialogue sont toujours présents, mais une innovation plutôt géniale est apparue : dorénavant dans certaines situations il est possible d'appuyer rapidement sur une touche indiquée à l'écran pour que Shepard intervienne brusquement via une action conciliante (serrer un perso dans ses bras pour le rassurer par exemple) ou pragmatique (tuer quelqu'un avant qu'il n'appuie lui-même sur la détente de son arme). Ces actes spontanés restent optionnels mais peuvent changer le cours d'une conversation.
Quant à l'exploration spatiale, eh bien c'est fini, dommage j'appréciais découvrir les différents paysages planétaires. Non, à la place on peut scanner une planète et lancer une sonde quand on a trouvé quelque chose d'intéressant pour le récupérer (généralement des ressources minières qui une fois converties permettent de débloquer des améliorations d'armes ou de technologie). C'était une idée déjà moyenne à la base, mais quand on sait que le scan est aussi rapide qu'un escargot sous sédatifs, ça devient une idée toute pourrite. Bordel, ces ressources sont indispensables pour améliorer les armes et le vaisseau (en vue du combat final), mais déplacer un pointeur à deux à l'heure jusqu'à ce qu'il frémisse parce qu'il a trouvé un petit gisement de platine n'est en rien divertissant, c'est clairement une perte de temps. Pire, il est parfois nécessaire de retrouver l'origine d'un appel radio pour déclencher des missions secondaires sur le sol d'une planète extraterrestre. Mais c'est ce que je veux moi, mais j'ai pas envie de chercher pendant des plombes le contenu de l'appel radio qui est censé se préciser lorsqu'on s'approche du lieu d'émission ! Alors bien sûr, on peut multiplier par deux la vitesse du pointeur en échange d'une somme exorbitante de crédits, mais même deux fois plus rapide, un escargot sous sédatifs a peu de chance de gagner un prix de formule 1. Cette erreur sera finalement corrigée dans ME3 où le-dit pointeur se déplace sans problème et où les objets d'intérêt se trouvent très rapidement. C'est toujours aussi inintéressant, mais au moins ça n'a plus rien de pénible.

Bon, mais malgré ses petis défauts de gameplay, Mass Effect 2 nous plonge dans un côté bien sombre d'un univers qu'on croyait pourtant connaître, en développant une intrigue assez riche et en mettant en scène des personnages dont l'histoire souvent dramatique nous donne envie de combattre avec eux jusqu'à la mort. Ne reste plus qu'à clôre cette histoire avec un ME 3 qui promet d'être plus qu'éprouvant pour les survivants.