Pas que du bon, mais y'a de l'excellent
Développeur : Bioware
Editeur : Electronic Arts
Type: A-RPG (shoot)
Sortie: 2010
Après le carton de Mass Effect qui, malgré ses défauts, avait conquis un public suffisamment large pour poursuivre cette histoire à gros budget, Mass Effect 2 a misé sur une approche traditionnelle de la suite: le côté obscur, et c'est particulièrement visible dans l'introduction et les lieux que l'ont visite. Les influences sont multiples: la première mission fait furieusement penser à un passage d'Aliens, certaines scènes sont du Star Wars typique, mais Mass Effect se dégage de tout ça et profite de son univers riche pour aménager toutes ces influences et les brasser à sa sauce. Dans les faits, ça donne une réalisation de très haute volée, des dialogues dans l'ensemble mieux écrits, plus percutants. A ce niveau-là, l'histoire s'extirpe complètement de la série B. où pataugeaient les dialogues du premier opus. On est également amené à revisiter certains lieux pas très reluisants, ce qui les imprime davantage dans l'esprit du joueur; appréciable tant sur le plan de la narration que l'empreinte de l'univers.
Cela dit, les options de dialogue ne restent, malgré leur richesse apparente, que de grosses ficelles pour savoir si votre Shepard est un salaud ou un bon gars. Ce sont les deux seules options. On est très loin de la subtilité du système de KotOR 2 ou de Vampire: Bloodlines. Vos équipiers n'ont en revanche que quelques lignes qui leur sont attribuées; si certaines peuvent se révéler extrêmement surprenantes (Mordin en tête), elles sont extrêmement limitées: on est très loin de la richesse qu'on trouvait dans Jade Empire, pour ne pas parler de Planescape. Cela dit, les histoires développées par les personnages et le scénario en lui-même sont, je le répète très bien mis en scène, les développeurs ont bien maîtrisé la gestion de leur intensité dramatique, en particulier sur la dernière mission dont les trailers nous ont bassiné pendant des mois. En revanche, une fois, que vous avez fait cette quête, vos équipiez ne font rien, réagissent rarement, bef, deviennent transparents, à part celui ou celle que vous choisissez pour votre romance; et encore. Qualité au détriment de quantité, ce n'est pas une mauvaise affaire.
Le scénario est tout ce qu'il y a de linéaire, c'est l'ordre dans lequel vous recrutez vos équipiez et comment vous gérez vos relations avec eux qui ne le sont pas. Développant une idée de Baldur's Gate 2, tous vos personnages ont une quête personnelle à vous faire accomplir, pour gagner leur loyauté. Toutes très bien écrites et mises en scènes, elles ne souffrent que de leur cloisonnement les unes avec les autres (la contrepartie de leur ordre interchangeable). Elles ne se limitent souvent pas à vider une zone d'ennemis pour sauver un petit frère, et certaines se résolvent sans qu'un coup de feu ne se tire; plus qu'appréciable.
Toutefois, lorsqu'il s'agit de tirer, c'est toujours du tout bon; la nouvelle interface est un peu agaçante au début, mais on s'y fait très vite; elle n'est ni meilleure ni pire que sa grande soeur, simplement différente. Les sensations de combat son bonnes et la victoire gratifiante. Joueurs confirmés, commencez tout de suite en difficile toutefois. La musique suit bien l'action, même s'il ne se dégage aucun thème marquant. A part celle de la carte stellaire, où l'on passe des HEURES à extraire des ressources dans un minigame inintéressant au mieux de sa forme, pour pouvoir construire des upgrades en tout genre, indispensables pour progresser. Heureusement, la musique qui passe pendant tout ce temps est un bon thème de fond qui ne prend pas la tête au bout de plusieurs heures; un exploit remarquable.
En revanche, lorsqu'on jette un oeil dans la personnalisation de personnage, on a un peu envie de hurler tant tout a été simplifié à l'extrême, à tel point que niveau stat et équipement, on ne puisse plus vraiment parler de RPG. Comme si Bioware se fichait de faire un RPG, mais s'intéressait plus de raconter une histoire de SF épique avec des choix sur la manière de gérer ses relations; un Persona supra light en mode space opera et sans démon, en somme.