Silent Hill
8.1
Silent Hill

Jeu de KCET, Keiichiro Toyama, Akira Yamaoka, Team Silent et Konami (1999PlayStation)

L'ère Playstation fut riche en expériences vidéo-ludique et en création de nouvelles licences, surtout en ce qui concerne le genre survival-horreur qui a explosé après que des séries comme Resident Evil et Silent Hill prirent le devant de la scène. Non seulement le jeu vidéo entrait dans l'ère de la 3D, dans de nouvelles manières d'appréhender l'immersion vidéo-ludique et d'exploration de nouveaux gameplay, mais le jeu vidéo, dans les yeux du grand public, s'affirmait comme un loisir plus du tout circonscrit à l'enfance et à la naïveté. Bien sûr, pour le commun des joueurs étant né dans la période Nes (pour ma part) ou encore bien plus tôt, ce discours pourrait ressembler à une vaste blague marketing pour attirer les pigeons pas encore convertis mais il faut bien admettre que la série S.H (du moins les deux premiers épisodes) fit l'effet d'une onde de choc.

Contrairement à son rival "capcomien" qui singe à outrance les films de série B à la Romero (expériences bactériologiques, manipulations génétiques, A.D.M, armée, terrorisme, etc.), S.H premier du nom ambitionne d'explorer des peurs plus viscérales, plus fondatrices en s'attaquant par exemple à la religion, à la perte d'un enfant, à la peur du noir, etc. S.H ne fait pas peur, il dégoûte et rend extrêmement mal à l'aise de par son ambiance délétère puissamment amenée par une bande son réellement atypique (B.O flirtant avec l'expérimental) et des graphismes crado.

L'excellente idée amenée dans le gameplay est le fameux passage dans la face cachée de la ville de Silent hill (introduite par une alarme). Piéger dans un univers n'étant plus soumis aux conventions les plus fondamentales, le joueur, muni dans sa simple lampe de poche et de sa radio (et d'un shootgun/tronçonneuse/barre à mine/pistolet) permettant de détecter les abominables monstres ostensiblement hostiles, se doit d'errer dans des couloirs/pièces à l'architecture anarchique. L'effet sur la manière de jouer est clairement saisissante (si on joue dans les conditions requises bien sûr), l'adrénaline monte facilement au cerveau et on commet beaucoup plus facilement des erreurs.

Heureusement, autre idée géniale, le joueur pourra toujours consulter la carte évolutive (Harry annote régulièrement la carte à mesure de l'exploration des niveaux) pour garder un œil sur les objectifs en cours et ne pas refaire deux fois le même trajet inutile car le nombre d'aller-retour peut être parfois rébarbatifs.

Bien entendu, comme dans tout bon survival-horreur qui se respecte, le bestiaire doit être à la hauteur pour espérer un minimum faire craindre aux joueurs une éventuelle confrontation. A l'image de l'univers parallèle, les monstres (et boss) sont malsains, en plus d'être costaud. Il sera parfois vitale d'esquiver des monstres vu qu'ils attaquent souvent en groupe et peuvent tuer en quelques coups. Et comme il n'est pas toujours commode d'évaluer les dégâts occasionnés, on peut rapidement se faire tuer si on ne fait pas attention.
Il est dommage que la version euro (et ricaine ?) fut censurée pour la simple et bonne raison que les autorités bien pensantes ont estimées que tirer sur des enfants (zombies) pouvait un brin choquer l'audience. Justificatif ridicule si on réfléchit deux minutes au fait qu'on dessoude des infirmières à tour de bras mais bon, ce genre d'aberration logique est moralement acceptable.

De nombreuses critiques peuvent être évoquées tant le jeu est maintenant "vieux" et digne d'une époque où les jeux vidéo évoluaient à tâtons. Personnage rigide, angles de caméra foireux, gestion de l'inventaire fantaisiste (on peut tout porter sur soi contrairement à Resident Evil), énigmes farfelues, pause temporelle quand on consulte la carte (les ennemis ne font rien, pratique), allers retours un peu trop nombreux, etc. La plupart de ces défauts sont inhérents au genre du survival horreur, n'entachant pas forcément l'expérience de jeu pour les âmes compréhensives. Et il serait dommage de bouder son plaisir au vu des nombreuses qualités du titre, notamment son scénario extrêmement complexe aux multiples niveaux de lecture.

En conclusion, jouer à ce S.H constitue une expérience brutale qui, une fois la manette posée, amène une seule question : "C'est ça l'enfer ?". Sans doute.

Créée

le 10 déc. 2012

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KimP

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