Le blitzkrieg de l'épouvante

Qui aurait cru que ce jour viendrait? Je pensais encore qu'après deux jeux Amnesia sans grand intérêt, Frictional Games n'arriverait plus à faire grand-chose de sa saga horrifique, et pourtant nous voici face à un jeu d'horreur incroyable, promettant de nous faire froid dans le dos pour une durée impressionnante de.... 2 heures 30? Ho.

Lorsque j'ai eu vent de l'annonce d'Amnesia: The Bunker, je me suis souvenu de l'horrible moment passé en compagnie de son prédécesseur Amnesia: Rebirth, et de son univers intriguant mais abominablement soporifique. Autant dire que je ne donnais pas cher de la peau de ce titre dont même la jaquette semblait en panne d'inspiration, malgré la promesse de nous faire jouer à une époque que l'horreur ne commence à titiller que depuis peu. Et pourtant, ce fut une claque magistrale dans la tronche dès les premières minutes de jeu.

Henri Clément, soldat français lors de la première guerre mondiale, se réveille dans le noir sur un lit d’hôpital de campagne, après qu'une grenade ait sauté près de lui et d'un ami blessé qu'il souhaitait aider. Personne à l'horizon, vous découvrez très vite que vous êtes dans un bunker, qu'il y a quelque chose avec vous et que la sortie s'est effondrée. Votre seule chance de survie: trouver des explosifs, un détonateur et se barrer le plus vite possible de là.

Si l'histoire peut paraitre complétement bateau aux premiers abords, c'est parce que l'on comprend très vite qu'elle a complétement été mise au second plan, pour laisser une liberté d'action au joueur assez unique.

Si je parle de liberté dans une série de jeux d'horreur linéaires, ce n'est pas innocent, car les zones assez petites du jeu voient leurs objets changer de place d'une partie à l'autre, obligeant le joueur à créér plus d'une fois ses propres solutions, quitte à défoncer toutes les portes avec des briques.

Comme il est aussi possible de tirer de gros objets sur de longues distances, Amnesia: The Bunker vous autorise souvent à sauter une immense partie des énigmes en passant au dessus des obstacles, cassant malheureusement le jeu qui s'était fait une joie de positionner des terrains minés juste pour vous. Bandes de monstres.

Le système de lumières du jeu, que je ne spoilerais pas, est aussi une vraie petite réussite puisqu'il offre une pression immense lors de votre exploration, tout en vous obligeant à vous demander s'il faudrait mieux repartir sur le champ, ou bien tenter de rester un peu plus longtemps, quitte à revenir avec le bestiaud meurtrier collé à vos basques.

Mais alors du coup, si ce jeu semble aussi réussi et terrifiant, pourquoi écope-t-il d'un 8/10? Pourquoi pas une note parfaite, après tout?

Et bien parce que malheureusement, le côté procédural du jeu donne parfois des situations complétement pétées, où vous devenez l'heureux dépositaires de 5 bâtons, 8 grenades et 2 bidons d'essence, mais le manque de tissu va vous empêcher d'aller au seul endroit où vous devez vous rendre, faisant ainsi de l'exploration un moment pénible et injuste. De plus, le jeu vous empêche d'entasser trop d'objets dans votre coffre dont vous disposez, ce qui oblige à faire de très (trop) nombreux aller-retours dont on aurait pu se passer.

Pour finir, l'IA de la créature est malheureusement basé sur un système très proche d'Alien Isolation, en cela qu'elle va sans arrêt se diriger vers vous, que vous fassiez du bruit ou non. Ses rondes deviennent alors à la fois effrayantes et frustrantes, puisqu'il arrive souvent que vous n'ayez aucune sortie possible, condamnant alors à un Game Over.

The Bunker est un jeu d'horreur qui se prend un peu les pieds dans le tapis à cause de sa propre idée de placements procéduraux d'objets, mais la boucle de gameplay est tellement plaisante et horrifique qu'il arrive à nous faire oublier son histoire anecdotique au possible, au profit d'une course-poursuite infernale contre une créature aussi sournoise qu'omniprésente.