Assassin's Creed IV: Black Flag
7.2
Assassin's Creed IV: Black Flag

Jeu de Ubisoft Montréal et Ubisoft (2013PlayStation 4)

Après un Assassin’s Creed III qui contait l’histoire de Connor Kenway durant la révolution américaine, direction l’âge d’or des pirates et les plages paradisiaques des caraïbes du XVIIIe siècle afin de faire la rencontre de son grand-père : Edward Kenway.



La vie d’un pirate



Nous voici donc au XVIIIe siècle durant l’âge d’or des pirates, époque marquée par de populaires loups de mers comme Barbe Noire, Jack Rackham, ou encore Anne Bonny. Au milieu de ces illustres représentants de la piraterie, Edward Kenway est un homme qui veut s’émanciper des contraintes de la société et vivre en homme libre. Pour cette raison, la voie des pirates s’est rapidement imposée comme une bonne solution pour réussir cet objectif dont tous les hommes sont envieux. Toutefois, il s’agit d’un chemin égoïste où les seules préoccupations d’Edward sont les richesses de la mer et un gain de popularité afin de se faire un nom. Notre héros se situe donc loin des principes moraux incarnés par les personnages que nous avons l’habitude de suivre depuis le commencement de la série. En effet, Edward Kenway ne vit que pour lui seul et n’épouse aucune réelle cause, tandis qu’il ne croit en rien si ce n’est aux coffres remplis d’or qui l’attendent sagement dans des forteresses, sur des navires, ou au plus profond des mers.


Malgré cette impression fâcheuse de sortir des codes de la saga et de ne jouer qu’à un simple jeu de pirates, Assassin’s Creed IV Black Flag utilise admirablement son héros afin d’obtenir un point de vue extérieur sur la guerre entre les Assassins et les Templiers. En effet, la confrontation avec ces deux factions prend aussi sa place dans les caraïbes, Edward Kenway a donc l’occasion de rencontrer les deux camps et de s’en faire sa propre idée. Grâce à cette croisée des chemins, Edward agit comme un élément neutre au milieu de ce conflit. Le jeu nous permet d’opposer la vision simple de la vie d’un personnage comme Edward Kenway face aux convictions profondes des Templiers puis des Assassins. Ce choc improbable entre l’égoïsme, l’émancipation, et l’ordre procurent des débats originaux car Edward apporte son avis sur la vision des Templiers et celle des Assassins de manière très cinglante. Malgré le narcissisme prononcé d’Edward Kenway, Le Credo de la Confrérie devient pour le pirate l’inspiration d’un profond questionnement sur sa propre vie, sur ce qu’il veut laisser en héritage à ce monde, ainsi qu’une prise de recul significative pour simplement grandir moralement parlant, mais aussi gagner en maturité et en empathie. Il s’agit en quelque sorte d’une étude, celle de voir à quel point le Credo des Assassins peut devenir salutaire et bénéfique pour un homme qui n’était de toute évidence pas destiné à adopter les nobles préceptes de la Confrérie pour guider les actions de sa vie.



Offre-moi cet horizon



La carte de Black Flag englobe à la fois les mers des caraïbes, les petites îles inexplorées, et certaines grandes villes comme la Havane, Nassau, ou encore Tortuga. En dehors des grandes villes, la carte peut être explorée sans aucun temps de chargement ce qui insuffle un incroyable sentiment de la liberté lors de nos navigations et nos balades.


A bord de notre navire personnel le Jackdaw, Black Flag offre un univers extrêmement vaste et riche. Le plaisir est ici incommensurable car en tant que pirate nous voguons où il nous plaît, parfois sans but précis, pour le simple plaisir de naviguer droit vers l’horizon. La longue vue permet de définir un cap et de s’attarder sur les opportunités proposées par les caraïbes, que ce soit un navire, une île, une épave au fond de l’océan, un animal marin à chasser. Le fait est que Assassin’s Creed IV Black Flag multiplie les offres sans imposer une quelconque monotonie à notre aventure. L’un des petits plaisirs simples mais aussi l’un des plus jouissifs, reste ce sentiment de liberté qui accapare le joueur lorsqu’il se trouve derrière le gouvernail de son navire. C’est réellement jubilatoire de voir au loin une île mystérieuse, de s’y rendre à toute voile, et d’amarrer le navire au plus proche de l’île afin de fouler un sable qui n’a probablement jamais connu le pied d’un marin. Première exploration, et pour inaugurer ce nouveau territoire, rien de tel que de marcher le long de la plage le soleil couchant au loin, de se rendre dans la forêt afin d’examiner la faune et la flore, ou de faire un tour dans les anciens temples mayas afin d’acquérir un savoir précieux. Parfois, ces îles recèlent des surprises, elles peuvent être un lieu de contrebandes, et il n’est pas rare non plus que des pirates sont retenus prisonnier pour être vendu.


De retours sur le Jackdaw vers de nouveaux horizons, les océans témoignent de toute leur cruauté. Britanniques et Espagnols se font la guerre, l’occasion pour un pirate avisé de se servir de ce conflit afin de puiser allégrement dans les caisses d’or des Men of War du Roi George. Assassin’s Creed III avait déjà mis en place des batailles navales lors de quelques missions, mais cette fois-ci Black Flag fait de cette activité le porte-étendard de son gameplay. Avant d’améliorer le Jackdaw au point de faire rougir les destroyers modernes, les combats restent à la fois rudes et jouissifs. Étant donné qu’il est rare qu’un navire vogue seul sur ces mers dangereuses vous pourrez tomber sans mal sur une véritable armada composée de plusieurs types de navires différents : shooter, frégate, ou encore Man’o’War. Les Man’o’War seront particulièrement difficiles à vaincre, mais la récompense n’en sera que plus belle. En effet, le jeu a adopté une certaine liberté pour son aventure et elle se poursuit pour ces batailles navales. Vous pouvez donc sans mal lutter contre un adversaire plus fort en tenant compte de la météo et l’utiliser à votre avantage, ou profiter d’un combat entre les britanniques et les espagnols pour choisirent soigneusement un camp. Quoi qu’il en soit, une fois l’adversaire vulnérable, il nous vous restera plus qu’à procéder à l’abordage et à accomplir certaines tâches essentielles comme celle de tuer le capitaine du navire afin de soumettre l’équipage tout entier. Le processus de la traque d’un navire, du combat, jusqu’à son abordage est souvent maîtrisé, parfois impressionnant pour sa mise en scène, et toujours jubilatoire malgré la répétition de la tâche au fil du temps.



Trinquons mes jolis, yoho !



Souvent remis en question par son choix de ne pas nous faire jouer un Assassin dès le début de l’aventure, Black Flag offre pourtant une somptueuse opportunité. En effet, il est question d’incarner un homme qui cette fois-ci apportera une opinion souvent cinglante à l’égard du Credo des Assassins et de l’Ordre des Templiers, privilégiant le simplisme de ses propos égoïstes. Par ce choc des convictions, Black Flag permet aussi de nous dévoiler à quel point le Credo peut tourmenter l’esprit d’un homme et le faire grandir moralement parlant.


Au-delà de l’audace de sa narration, le jeu se caractérise également par être l’un des Assassin’s Creed doté de la meilleure ambiance. L’immersion est totale en nous plongeant directement dans l’aspect paradisiaque des caraïbes et en nous offrant une liberté absolue.



La prudence ne vaut rien sans charisme !
Quand on passe pour un crétin seul les crétins obéissent !
Mais si tu passes pour le diable...
Tout le monde se soumet !


Créée

le 8 mai 2020

Critique lue 590 fois

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Death Watch

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