Rétrospectix : 11/11


Je n'avais pas beaucoup d'attentes pour ce XXL3, le premier épisode de la série développé à 100% par Microids et Osome Studio (ex-studio prometteur, à qui on doit le très beau White Night mais qui est tout de suite après tombé dans la marmite de potion magique). J'en avais entendu de très mauvais retours, et même sans ça, le jeu usurpe clairement son titre de XXL puisqu'il ne reprend pas le gameplay des précédents jeux.

Certes, on reste sur du beat'em up, mais il n'y a plus vraiment de phases de plate-formes (Astérix ne peut plus sauter, simplement dash pendant un court instant au-dessus du vide), la caméra est isométrique à la Diablo au lieu d'être placée derrière nos personnages et ceux-ci reprennent leur esthétique de la BD au lieu d'avoir des vêtements plus réalistes. On ne croise en outre aucun personnage ou lieu introduit dans les jeux d'Etranges Libellules, même si une poignée de dialogues fait référence aux événements des deux premiers jeux. Au point où on en est, je trouve que le changement d'appellation de la série à partir du jeu suivant (Astérix XXXL, les neurones ont chauffé chez Microids) est plus honnête envers le consommateur et plus respectueux des travaux du précédent studio.


L'intrigue d'XXL3 tourne autour du fameux Menhir de Cristal, un artefact créé par une amie de Panoramix vivant à Thulé (Islande) et qui s'est faite enlever par César. Astérix et Obélix vont donc se lancer à sa poursuite et débloqueront les pouvoirs du mystérieux menhir au fil de leur aventure, financée par le CNC (cette fois-ci au moins, le studio est lyonnais).

Première chose que j'aime beaucoup : les environnements du jeu sont plutôt rafraîchissants ! J'ai plaisanté à plusieurs reprises sur le fait que les jeux de la Rétrospectix réutilisaient toujours plus ou moins les mêmes lieux (Egypte, Alpes, Grèce…), et si on n'échappe bien sûr pas à un niveau introductif en Gaule et une conclusion à Rome, les autres contrées visitées sont originales (Thulé), peu vues (la Mésopotamie que je n'avais plus recroisée depuis Paf Par Toutatis) ou changent radicalement de leurs précédentes incarnations (la Crête est certes en Grèce, mais elle se présente ici sous la forme d'un long tombeau à explorer). Enfin un jeu qui ne se contente pas d'une unité de temps et de lieu (XXL2 et Aux JO) tout en ne reprenant pas des environnements vus et revus depuis Astérix et Obélix sur SNES, ça fait plaisir ! C'est même le seul des 11 jeux qui permette de visiter les camps romains autour du village, c'est assez fou que ce ne soit pas arrivé plus souvent !


Ce qui fait moins plaisir, c'est la gueule du jeu. Outre l'esthétique qui ne marche pas dans les pas des précédents épisodes et qui fait franchement cheapos pour un jeu de l'an 1 avant Confinement, le vrai problème c'est les finitions. Sur mon PC, le temps de chargement à chaque fois que je le lançais était insupportable (heureusement, après que tout ait chargé une première fois, ça allait beaucoup plus vite), ça ramait pas mal dans certains environnements (la Gaule en particulier, très mauvaise première impression) et on croise ici et là quelques bugs qui, sans être gênants, montrent que le jeu n'a pas été peaufiné. On pourra ainsi s'émerveiller devant des caisses flottant en l'air, quand ce ne sont pas nos héros, mais aussi l'IA franchement pas folle de notre partenaire qui ne reste pas toujours immobile lors d'énigmes où ce serait pourtant bienvenu.


Niveau gameplay, je suis de nouveau agréablement surpris parce que c'est la première fois qu'on a des Astérix et Obélix vraiment complémentaires. Dans les jeux précédents, Astérix était généralement le meilleur personnage, étant à la fois plus agile lors des phases de plate-formes et plus nerveux en combat, Obélix n'était rien de plus qu'une clé ambulante, servant à débloquer seulement quelques énigmes. Ici, les compétences des compères sont bien mieux réparties, et j'irais même jusqu'à dire qu'Obélix est plus sympa à jouer.

Astérix est toujours le meilleur choix pour l'exploration, grâce à son dash qui lui permet de faire de la pseudo-plate-forme, mais Obélix est le meilleur en combat grâce à sa maîtrise du Menhir de Cristal, qui lui permet d'infliger des statuts à ses adversaires (brûlure, gel, stun) et surtout de retirer les boucliers des ennemis portés sur la défense. Les pouvoirs du menhir permettent même de résoudre des énigmes, ce qui donne une réelle utilité à notre tailleur de pierres préféré.

Même les attaques spéciales sont franchement sympas à effectuer, il suffit de presser LB et un des quatre boutons d'attaque. C'est vachement moins rébarbatif que les enchaînements de touches de XXL premier du nom.


Le jeu fait d'ailleurs la part belle aux énigmes, en particulier lors des chapitres en Crête et à Rome, tout en nous harcelant moins de combats que les deux premiers XXL (mais plus qu'Aux JO), ce qui donne un assez bon équilibre dans le flow du jeu, surtout dans son dernier tiers.

On a aussi pas mal de phases où l'on doit détruire des campements romains, ce qu'il faut faire avec une seule vie. Un échec nous renvoie au début, ce qui est relativement frustrant, mais je n'ai jamais dû m'y prendre à plus de trois reprises pour réussir (en difficulté normale), donc ça va, j'accepte.

Moins acceptable, il y a une phase d'infiltration en Crête qui sort de nulle part. L'IA des Romains semble nous voir à travers les murs ou nous entendre à 15 mètres à la ronde, c'est court mais pas drôle, j'ai mis un certain nombre d'essais avant d'enfin passer. Heureusement (et étrangement), c'est la seule phase du jeu qui se la joue Metal Gear Solix.


Le jeu propose quelques quêtes secondaires (ajoutées dans une MàJ, si j'en crois la critique de Clabox) qui n'offrent aucune récompense si on les boucle. Bizarre, surtout qu'elles sont rarement intéressantes.

J'ai également été surpris de constater l'absence de boss au cours de l'aventure, il n'y a qu'un boss final après Rome. Astérix mentionne pourtant à plusieurs reprises le minotaure en Crête, ça ne m'aurait pas paru absurde de l'affronter (même si ça aurait tranché avec l'esprit de la BD). Est-ce que c'est mieux que la réutilisation à 4 ou 6 reprises des mêmes boss chez Etranges Libellules ? Oui, quand même.

La fin est d'ailleurs un peu cheapos, puisqu'une fois le boss final battu, Obélix lui met une baffe… Pendant un écran noir. J'ai pensé que c'était un bug, mais non, les vidéos YT du jeu montrent la même chose. C'est franchement nul.


Le casting VF est composé de Jean-Claude Donda et Guillaume Briat dans les rôles-titres, ce dernier fait un travail assez moyen mais bon, on est habitués avec lui (et je ne trouve même pas que ce soit moins bon que la performance de Frantz sur Aux JO).

Plus surprenant, Emmanuel Curtil double à la fois César et Assurancetourix. S'il colle assez bien pour ce dernier, sa voix n'a pas franchement la prestance pour doubler César, c'est donc un peu dérangeant d'entendre l'antagoniste du jeu parler avec la voix de Jim Carrey.

Mentionnons également Benoît Allemane en narrateur (j'en profite pour dire que l'écriture du jeu est plutôt bonne, un cran en-dessous de XXL2 et Aux JO mais rien de dramatique) et Serge Papagalli qui reprend son rôle d'Abraracourcix et qui nous offre la performance la plus hors-sujet du casting, vu qu'il le fait parler avec un mélange d'accents marseillais et belges qui m'ont fait me demander s'il était au courant qu'il doublait un Armoricain. Je n'ai pas de souvenir de sa voix dans les films d'Astier, mais là il a bien le temps de nous imposer son malaise vu qu'il nous raconte sa vie pendant les crédits de fin.


Au final, j'ai trouvé que ce XXL3 était la bonne surprise du marathon. Si on excepte son usurpation d'identité et sa présentation boiteuse, le jeu est plutôt sympa, a pas mal de bonnes idées et est somme toute assez charmant. La caméra fixe, l'orientation vers les énigmes et le fait qu'on puisse y jouer en co-op en fait un successeur spirituel et inattendu des deux jeux Lara Croft du milieu des années 2010.

Ca me donne même envie de tester la suite. Mais on verra ça au prochain marathon-BD !

Sonicvic
6
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le 7 mai 2024

Critique lue 14 fois

Sonicvic

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