Bravely Default
7.2
Bravely Default

Jeu de Square Enix, Silicon Studio et Nintendo (2012Nintendo 3DS)

Eh bien, ç’aura été long. Depuis quelques années, je m’impose de finir mes jeux dans un temps relativement court, parce que je sais que si j’en mets un de côté trop longtemps, il finit irrémédiablement par pourrir dans mon backlog. Bravely Default est le premier jeu depuis longtemps qui aura subi ce sort, à force de motivation j’ai tout de même réussi à le finir, après plus de 4 mois.
Ca n’aurait pas dû se passer comme ça. BD jouit d’une excellente réputation parmi les possesseurs de 3DS (à l’heure actuelle il est placé 6ème dans le top SensCritique de la console) et il m’avait été chaudement recommandé par un ami en qui j’avais toute confiance (je vous rassure, j’ai depuis coupé les ponts avec lui, je ne copine pas avec les terroristes). J’avais également testé la démo du jeu à l’époque (2013 déjà…) que j’avais plutôt appréciée, même si je n’en avais pas saisi toutes les subtilités. Alors pourquoi le jeu final m’a-t-il autant déçu ?



Expertiz japonaise



Bravely Default est un spin-off plus ou moins assumé de la série Final Fantasy. Développé par Square Enix, on y retrouve de nombreux éléments qui ont fait la gloire de la franchise dans les années 80-90 tels que le système de jobs, un scénario tournant autour de cristaux, des objets et ennemis récurrents de FF ou encore un gros bateau volant pour voyager à travers le monde. L’intention des développeurs était claire et nette : offrir une seconde jeunesse au J-RPG en revenant aux sources du genre.
On y suit donc Tiz, Edea, Agnès et Ringabel, quatre héros qui explorent le monde pour des raisons personnelles mais dont le but premier est de purifier des cristaux qui ont été corrompus des gros monstres pas beaux.


Le système de combat est assez classique : attaques physiques, attaques spéciales qui consomment des PM, jobs qui peuvent être portés sur l’attaque, la défense ou le soutien, fuite qui ne marche jamais quand on en a besoin…
Principale innovation : un système de Brave/Default qui permet soit d’attaquer plusieurs fois dans un même tour (vous laissant ouvert aux contre-attaques si l’ennemi survit) soit de stocker un tour pour plus tard afin d’éviter une punition. Une variation du concept de "risk vs reward" qui pourrait être intéressante…
Sauf que c’est le premier point faible du jeu. Grâce au système de Brave, chaque personnage peut attaquer 4 fois par tour, soit 16 attaques en un tour si vous décidez de lâcher la sauce. Autant dire qu’aucun ennemi commun ne peut vous résister, ce qui rend toutes les rencontres hors-boss complètement triviales, donc répétitives.


Forcément, ce n’est pas un défaut exclusif à BD, c’est même récurrent dans les J-RPG (qui n’a jamais grindé contre des Tentacool dans Pokémon tout en matant la télé ?), mais pour un jeu qui était censé moderniser le genre ça fait tâche.
D’autant que le jeu offre la possibilité de désactiver toutes les rencontres contre les ennemis communs, ce qui enlève le challenge que pouvaient représenter les donjons. Vous avez juste à grinder près d’une auberge, puis désactiver toutes les rencontres une fois que vous êtes à un niveau suffisant et hop, vous vous faites le donjon de 10 étages en arrivant avec toute votre vie et vos MP face au boss.
Evidemment, tu peux jouer à la loyale si ça t’amuse, mais si le jeu m’offre cette possibilité pour m’épargner de consommer de précieuses huiles (qui coûtent un bras au début du jeu), pourquoi je m’en priverais ?


Quant aux boss, ils demandent heureusement plus de réflexion qu’un ennemi lambda, surtout en début de jeu où il y a peu d’options au niveau des jobs, leurs combats sont intéressants. Cela dit, une fois que tu as plus de choix, tu finis par trouver une combinaison de jobs et de techniques qui font le café contre 99% des ennemis et tu ne touches plus aux autres, ce qui est un peu dommage dans un jeu qui propose une vingtaine de classes différentes.
(pour compenser, le boss final a 5 phases et environ un milliard d’attaques qui peuvent te one-shot, amuse-toi bien)


Du coup, si ce ne sont pas les combats qui nous tiendront éveillés, quid du scénario ? Malheureusement il met du temps à démarrer, la première moitié du jeu est très, très classique et le casting de personnages (principaux comme secondaires) est trop peu intéressant. C’est surtout le dernier quart qui m’a accroché grâce à un plot-twist bien pensé. Mais bon, c’est tardif.
Surtout que la deuxième moitié du jeu, comment dire…



Maman, j’ai encore encore encore encore encore raté l’avion



Le jeu est découpé en 8 chapitres. Les 4 premiers sont centrés sur l’exploration du monde, la résolution de problématiques pour les PNJ, l’éveil des cristaux, etc.
Les 4 suivants sont une redite.


Vous avez bien lu, sous un prétexte de boucle temporelle, vous allez devoir vous coltiner CINQ FOIS l’éveil des cristaux, les mêmes boss et mini-boss à affronter avec très peu de variations dans leur stratégie de combat, les mêmes dialogues…
Le chapitre 5 est particulièrement douloureux puisqu’il ne propose aucun changement notable. Le chapitre 6 n’introduit qu’une mini-quête facultative pour obtenir un nouveau job, seuls les chapitres 7 et 8 changent un peu la donne en proposant des alliances inattendues entre les mini-boss.
Notons toutefois que les mini-boss sont toujours facultatifs à affronter, vous pouvez parfaitement vous contenter de battre les 4 boss principaux pour réveiller les cristaux et passer au chapitre suivant. Vous passerez à côté de quelques éléments de leur backstory, mais vu que certains n’apparaissent que 5 minutes de toute façon, est-ce bien grave ?


Bref, non content d’avoir un système de combat poussif, Bravely Default a également une progression répétitive au possible. Alors que le jeu aurait pu se finir en moins de 30h, c’est finalement une bonne cinquantaine d’heures qu’il m’aura fallu pour en venir à bout, c’est une stratégie juste minable pour prolonger la durée de vie.


Surtout que graphiquement, il n’est pas particulièrement agréable non plus. Les modèles des personnages et des ennemis ne sont pas très détaillés et pourraient tourner sur une DS, seuls les décors des villes dans une jolie 2D apportent une touche d’originalité. Pas de chance, la 3DS a une résolution de 240p, ce qui est trop peu pour profiter des détails. Sur ce point, le jeu gagnerait à ressortir sur consoles HD.
Le problème d’une éventuelle ressortie sur un autre support, c’est qu’on perdrait les quelques éléments du jeu adaptés à la 3DS, comme la fonction Streetpass (qui se révèle cruciale dans les dernières minutes de l’intrigue) ou les cinématiques d’intro et de conclusion qui se jouent avec le gyroscope et la réalité augmentée. Anecdotique, mais intéressant !


En fait, le seul point fort que j’accorde sans problème au jeu, c’est sa bande-son. En un mot : elle est magistrale !
Il s’agit d’une des meilleures OST que j’ai entendues dans un jeu vidéo, et c’est quelque chose qui m'a marqué dès l’instant où j’ai joué à la démo. Prenez le thème de bataille de base, dans n’importe quel autre jeu, une musique aussi dramatique serait le thème d’un boss. Et pourtant, c’est celle qui vous accompagnera tout au long de l’aventure et elle illustrera vos batailles contre des oiseaux ou des rongeurs à la con. Globalement toutes les autres musiques de combat sont exceptionnelles, et je dois avouer que le fait d’écouter le thème du boss final sur Youtube m’a donné envie de persister dans ma partie pour pouvoir en profiter avec le contexte.
Et en-dehors des combats, c’est le même niveau de qualité. Le thème de l’overworld a un rythme incroyable qui donne juste envie de tout plaquer, prendre son sac à dos et explorer le vaste monde. Et que dire de cette musique d’une ville sur le pied de guerre qui rappelle les marches militaires ?
Il y a également un travail incroyable sur les leitmotivs que je ne décrirai pas ici (cette vidéo le fait très bien), mais voilà, l’OST est brillante et je ne peux que vous encourager à écouter le concert live de deux heures qui s’est tenu au moment de la sortie du jeu. Une très belle manière de (re)découvrir ces musiques avec une qualité supérieure aux haut-parleurs de la 3DS.



Where the fairy dies



Vous l’aurez compris, je ne suis pas très convaincu par ce Bravely Default. Je suis certes assez peu expérimenté en RPG old-school, donc très peu sensible à une éventuelle nostalgie du genre, mais j’ai vraiment du mal à comprendre où était l’intérêt de ce jeu. Entre un scénario moyen, un système de combat trop facilement exploitable et une répétitivité jamais vue dans un jeu vidéo, on ne peut pas dire que j’ai passé 4 mois agréables en compagnie des héros de la lumière.
Le système de jobs me paraît très complet, sûrement plus que dans les premiers FF, mais c’est trop léger pour capter mon intérêt. Dommage qu’une bande-son aussi cool soit présente dans une expérience aussi barbante, je ne suis pas prêt de la réentendre in-game.


Bravely Second dort dans mes étagères depuis 5 ans, donc je le ferai un jour ou l'autre, mais pas tout de suite. Je sais qu’il est censé être moins crispant que son prédécesseur, mais j’ai besoin de décompresser pour le moment.

Sonicvic
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le 14 nov. 2021

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