S'inspirant ouvertement de "Death Race 2000" (film de série B avec David Carradine / Sylvester Stallone, dans lequel les protagonistes participent à une traversée des États-Unis à bord de bolides sur-vitaminés, marquant des points lorsqu'ils écrasent des piétons) lorsque Carmageddon débarque en 1997, il y a ceux qui tirent la tronche, indignés par cette abondance de violence gratuite. Ces mêmes ronchons qui voient en Grand Theft Auto l'œuvre du malin, capable de pervertir leurs chères têtes blondes, alors qu'ils ont probablement un slasher qui traine dans leur vidéothèque.

Pour faire bref, on peut s'estimer heureux d'avoir un comité de censure relativement tolérant dans l'hexagone (celui-ci ne cédant pas aux sirènes de Familles de France à la moindre Piñata virtuelle qui explose). Ce n'est par contre pas le cas au Brésil, où le jeu à été purement interdit, venant rejoindre le triste rang des des Doom et autres Duke Nukem 3D. Dans certains pays sensiblement moins frileux, il a été autorisé à sortir dans une version censurée, remplaçant les sprites des piétons par des zombies au sang vert.

Avant d'être ce jeu injustement décrié, Carmageddon c'est d'abord un jeu d'arcade, tout à l'inverse d'un Gran Turismo exigeant et qui ne se révèlera qu'après un long investissement. Ici, le plaisir est immédiat et favorise les courtes sessions de jeu dans lesquelles on à tendance à pousser sur le champignon plutôt qu'à utiliser les freins. Il y a bien quelques checkpoints disséminés ça et là - de manière à délimiter un semblant de circuit - mais pourquoi se contenter de boucler X tours et terminer la course dans un classicisme ronfant quand on peu réduire les voitures de nos concurrents à la taille d'une boite à gants ?

A cet usage, le jeu offre son lot d'upgrades (défensifs, offensifs, améliorations moteur) qui feront de votre voiture un véritable tank sur roues, mais également de power-ups aux effets variés qu'il sera possible de récolter lors des courses : du rayon électrisant à piétons, au mode Pinball, en passant par la gravité lunaire, le mega turbo... Il y a de quoi venir pimenter ces joutes mécaniques survitaminées.

Surenchère d'humour noir omniprésente, qui contribue grandement au capital sympathie du titre ; allant des noms parodiques donnés aux courses (Fridge Racer, Halfway to Hell) jusqu'aux tronches que fera votre avatar variant en fonction de la situation (allant de la mimique effrayée quand vos roulez à tombeau ouvert jusqu'aux sourires narquois lorsque vous écrasez de pauvres bougres). Ce point est d'ailleurs une composante essentielle du gameplay avec l'explosion des concurrents, car ils vous permettent non seulement de rajouter quelques précieuses secondes au compteur, mais également d'accumuler les dollars nécessaires à grimper plus vite dans le classement.

L'autre point notable (et non des moindre), c'est un moteur physique qui fait des merveilles. La conduite change du tout au tout suivant le véhicule que l'on aura sélectionné parmi la trentaine disponible ; les impacts font virevolter dans les airs les concurrents les plus légers, alors qu'une collision avec une voiture blindée aura vite fait de vous stopper net dans votre élan. Il faut également souligner que le jeu dispose d'une B.O signée Fear Factory., et si ce n'est pas ma tasse de thé en temps normal, je dois le reconnaître qu'elle a le mérite de coller parfaitement avec l'ambiance nerveuse du titre.

Dans ce subtil mélange fait de tôles froissées et de pneus qui crissent, on fonce tel une tête brûlée dans de grandes lignes droites, agrippé à son volant avec l'espoir sadique qu'un adversaire viendra pointer le bout de sa calandre...

Carmageddon : le seul jeu de course où l'on aime être derrière les autres sur la grille de départ.
SirMohawk
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Digitized Sprites, Niveaux de difficulté aux titres exotiques, [DEAD]Abandonware, Grenier aux mille merveilles, Top Jeux Vidéo 1997 et Les jeux les plus violents

Créée

le 21 avr. 2013

Critique lue 1.3K fois

12 j'aime

Ma wak

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