Si le RTS - pour Real Time Strategy - devait être résumé à un seul titre, Command & Conquer ferait facilement partie des légitimes prétendants (même s'il serait sûrement supplanté par Warcraft ou Starcraft ...). Si le RTS devait être résumé à un seul support ... ce ne serait vraisemblablement pas une console, et particulièrement par la PlayStation. Mais c'est pas grave ! Car fort du succès de la série sur PC, c'est en 1997 qu'Avalon Interactive décida de porter sur la console de Sony l'épisode Alerte Rouge de Command & Conquer.

Ah ... La belle époque ... Alerte Rouge, c'est un retour aux temps où savoir qui était le méchant et le gentil était facile. D'un côté, les bons occidentaux - et surtout les américains - épris de liberté et de justice sociale ! De l'autre côté, les communistes !!! D'où "Alerte Rouge" ... Génial non ?!?!? Un empire comme dans Starwars dont la vilenie n'a d'égal que la soif de dominer le monde.

C'est donc sur cette base narrative ultra-manichéenne que le titre démarre ... avec une intro qui restera dans les annales et sur laquelle je vais m'attarder quelques minutes.

L'intro se divise en deux temps. Le premier temps, avec de vrais acteurs dans des décors virtuels un peu cheap. Un premier personnage apparaît : un scientifique, les cheveux blancs, qui parle français (ça nous arrange) mais avec un bon accent germanique ... Qui cela pourrait-il bien être ? Einstein bien sur !!! Et ce dernier, au lieu de se pencher sur la relativité restreinte et ses applications en macro-sciences, a décidé de se reconvertir en Doc Emmet Brown de la rébellion du Reich et a inventé une machine à voyager dans le temps ...

Mais Einstein, il n'est pas du genre à utiliser son joujou pour aller lorgner sur les numéros gagnants de la loterie pour toucher le jackpot. Non non non ! Einstein, lui, la rupture du continuum espace-temps, il s'en fout comme de l'an 40 (où il est par ailleurs ...). Et donc il décide tout bonnement d'aller mater préventivement - près de 60 ans avant l'invention de la doctrine par les néo-conservateurs - l'un des plus vils dictateurs de l'Histoire.

Il est petit, il a une moustache, il parle français (ça nous arrange) mais avec un franc accent germanique ... C'est donc Hitler ! Et là, Einstein nous sort son arme suprème. Le top du top qui tue. Fruit de nombreuses années d'intenses réflexions. L'arme atomique ? Non ! La ... poignée de main. Un topage de paluche entre nos deux lurons et zou ! Hitler is gone.

Cette première partie de l'intro se finit alors dans le labo du doc. Son assistant est tout excité à l'idée d'avoir fait tombé le tyran du siècle. Le monde est sauvé ... Einstein n'en est pas si sur, car une autre menace pèse sur l'humanité. Et c'est avec le passage à la deuxième partie que l'on comprend que c'est donc le Stalinisme qui a supplanté le fascisme. Finalement, expliquer l'histoire du XXème siècle aux gamins, c'est pas si difficile. Et je vous passe les nombreuses scènes en image de synthèse de la deuxième partie montrant les divers engins utilisés dans le jeu ...

Bon ! Assez parlé de l'intro du jeu qui nous permet de rentrer tranquillement dans la partie un peu plus stratégique du jeu. Sur la base de cette réécriture de la Guerre Froide, CCAR vous permet de choisir entre deux camps présentant chacun quelques affinités stratégiques distinctes. Les Russes sont globalement un peu plus bourrins avec des véhicules parfois un peu lents mais plutôt efficaces dans leur force de frappe et les Occidentaux présentent des unités un peu plus mobiles et plus disposées à une guerre de mouvements.

Pour le reste, CCAR se situe sur le registre du RTS dans la plus grande tradition. Les graphismes sont honnêtes dans verser dans l'extra-ordinaires et l'ambiance générale se laisse supporter.

Finalement, c'est dans le choix de la console pour le portage que les choix sont le plus discutable, avec un premier point qui coûte cher : la maniabilité. Et oui, CCAR a été le jeu test durant lequel on a pu convenir, de façon consensuelle, que jouer à un RTS au joypad, c'est globalement pas bien. C'est pas qu'on arrive rien à faire, loin de là. Mais les commandes sont à milles lieux de l'intuitivité du jeu classique à la souris et au clavier sur PC. Résultat : un jeu plus haché, moins maniable, avec quelques actions parfois retardées par une erreur de manipulation. On parvient à nos fins, mais sans réactivité.

Pour le multi-joueur, c'est encore pire. Certes, à l'époque les parties via Internet n'étaient pas si répandues, même sur PC, mais alors sur PSOne, le jeu à plusieurs joueurs relevait de la croisade. Les besoins : deux consoles, le câble de liaison entre deux PSOne (d'une longueur pas exceptionnelle), et surtout deux télés (dans la même pièce). Bref, il fallait trouver un sacré ami pour ce permettre ce luxe. Et oubliez tout de suite la possibilité de jouer à plus de 2 joueurs, elle n'est tout simplement pas permise ...

Dommage, car CCAR a vraiment participé à l'histoire du RTS sur console, et les joueurs PSOne ne pouvait globalement se consoler qu'en participant aux deux campagnes disponibles et finalement un peu courtes.

Command & Conquer Alerte Rouge restera donc comme un bon représentant du RTS mais un mauvais portage sur une console qui n'était pas destinée à recevoir ce type de jeu.

Et ça, Einstein ne l'avait pas prévu ...
Red13
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le 19 mars 2013

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Red13

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