Daffy Duck in Hollywood
5.3
Daffy Duck in Hollywood

Jeu de Probe Software et Sega (1994Mega Drive)

Il ne faut pas prendre les joueurs pour des canards sauvages

J’aime bien les canards. Allez savoir pourquoi. J’aime bien les canards qui nagent dans le lit d’une rivière dans la nature, leur attitude débonnaire et un peu con, et ils font d’excellent sujets de photographie, une autre de mes passions.

J’aime bien aussi les canards de dessins animés, dont Donald Duck de Disney et Daffy Duck chez Warner. Deux héros malchanceux, avec leurs différences et leurs points communs mais si attachants qu’au final on les aime. J’ai déjà parlé des jeux mettant en scène Donald sur Megadrive, QuackShot faisant partie de mes préférés de la machine, ainsi que de Maui Mallard. Et Daffy dans tout ça ?

Warner a également vu ses héros adaptés en jeux vidéo sur les consoles 8 et 16 bits, à commencer par Bugs Bunny, la mascotte de la firme. Il était donc évident que Daffy aurait droit à ses propres jeux, dont Daffy Duck in Hollywood sur Megadrive. Mais si les jeux Disney sont à quelques exceptions de franches réussites, les jeux mettant en scène les héros Warner sont eux plus irréguliers. A quelle catégorie appartient donc le jeu ?


Un héros à plumes

Daffy Duck in Hollywood est inspiré d’un dessin animé datant de 1938. Sam le pirate est en ébullition. En effet, il trouve son armoire à récompenses de cinéma vide, avec une lettre. Le vol est signé par le professeur Duckbrain. Désespéré, il fait appel à Daffy Duck pour retrouver les statuettes égarées. Mais Duckbrain a été prévoyant : il a mis des bombes et des sbires sur la route pour empêcher qu’on le retrouve. Mais Daffy ne craint rien et décide d’aller lui faire sa fête avec son fameux pistolet à bulles. Une intro qui a été traduite en français, bien dans l’esprit cartoon par ses vignettes qui évoquent une bande dessinée et sa musique. Pour un peu, j’imagine les doubleurs français en train de la jouer. Dommage qu’ il manque les accents. La traduction, c’est un métier.


Le jeu se déroule dans 6 univers différents divisés en plusieurs niveaux. Ainsi, Daffy évoluera dans un décor de far-west, un cimetière, au 24è siècle… Tous ont des noms qui font références à des dessins animés le mettant en scène. Ça me rappelle les soirées devant Décode Pas Bunny et Ça Cartoon… Les niveaux sont découpés en secteurs dans lesquels vous devrez trouver toutes les bombes avant d’aller plus loin. Daffy dispose donc d’un pistolet à bulles dont il pourra faire évoluer le tir en récoltant divers bonus, comme par exemple le tir double ou le tir multidirectionnel. Il enferme les ennemis dans une bulle que le canard doit ensuite toucher pour s’en débarrasser définitivement. Daffy peut sauter, sprinter, tirer et même se baisser et ramper dans les passages étroits. Si vous arrivez à un endroit où vous ne pouvez avancer, une main vous indiquera la direction à suivre pour trouver les bombes permettant d’ouvrir la suite du niveau.


Un bon jeu… à première vue

Il est vrai qu’en le voyant, on se dit que le jeu est chouette. C’est vrai, il a l’air assez joli, dispose de gros sprites et l’animation du canard est à mourir de rire tant on se croirait dans un dessin animé de la firme. L’animation justement est un des points forts du jeu. Elle est non seulement très détaillée, mais en plus, je n’ai noté aucun ralentissement dans mes parties.

Donc, Daffy Duck in Hollywood fait joliment illusion. Oui, le mot « illusion » est bien choisi car en y regardant de plus près, on s’aperçoit que le jeu manque de soin au moins sur la partie purement technique.


En premier lieu, et en y regardant de plus près, le jeu est graphiquement inégal. Oh, c’est certain, on reconnaît bien Daffy, mais on voit vite que les décors de fond manquent cruellement de détails et d’animation. La musique est pas trop mal réalisée, mais finit par devenir saoulante à force d’entendre à répétition les boucles sonores de 30 secondes grand max. Daffy dispose de voix digitalisées, mais les bruitages ne reproduisent en rien l’esprit des dessins animés.

Mais bon, qu’un jeu ne soit pas au top d’un point de vue technique, ça arrive. Et ce n’est pas le pire de Daffy Duck in Hollywood, loin de là, même, il est plutôt correct sans être transcendant. Car c’est lorsqu’on lance le jeu et qu’on a eu la manette entre ses mains qu’on se rend compte qu’en réalité, d’autres points essentiels ont été complètement massacrés.


Le joueur s’arrache les plumes

On s’aperçoit très vite que le level-design a été fait en dépit du bon sens. Déjà, la structure générale se renouvelle assez peu, mais surtout, je me demande qui a été responsable du placement des objets et des bonus, mais les bombes sont parfois trop bien cachées. Comprenez par là que vous devrez fouiller TOUS les recoins, même les passages qui ne semblent pas en être, pour en trouver certaines. Pire, certaines sont quasiment inaccessibles et je vous souhaite déjà bon courage pour les désamorcer sans vous arracher les cheveux. Autrement dit, le jeu pousse à l’exploration, ce qui est paradoxal quand on sait que vous n’avez à chaque fois que 99 secondes pour trouver les bombes d’une zone. En temps normal, on met dans ces recoins cachés des bonus gratifiants comme des vies supplémentaires, mais n’y comptez pas ici. Les niveaux sont en outre remplis de pièges à cons, de précipices sans fond, et on a tôt fait de perdre des vies suite à une erreur comme sauter à partir d’une pente… Vous aurez souvent à faire avec des ennemis très rapides, qui vous toucheront avant même que vous n’ayez pu réagir. Daffy ne dispose à la base que de 3 petites vies et peut encaisser trois coups avant de mourir, mais là encore la santé s’épuise trop vite, parce que les ennemis tirent loin, mais en plus, la période d’invincibilité temporaire est beaucoup trop courte. Une stratégie aurait été de tirer tout en avançant, comme dans un run and gun, mais la structure même du jeu ne le permet pas, d’autant que la portée de votre tir est très limitée.

Pire, le gros sprite du canard nuit à la visibilité et à la lisibilité des niveaux. Résultat, on est souvent amenés à faire des « sauts de la foi » qui résultent très (trop?) souvent par des chutes dans des précipices ou dans des pièges. Pire, parfois, la cohérence est aux abonnés absents : dans le premier monde, il sera difficile par exemple de faire la différence entre un cactus qui peut nous blesser et un autre totalement inoffensif.

De plus j’ai souvent eu l’impression de contrôler une savonnette tant Daffy est rapide et ne peut s’arrêter une fois lancé. Mais attendez, même Maui Mallard, à qui je reprochais déjà un gameplay approximatif, était plus jouable que ça ! Et au moins, ce jeu proposait et tentait des choses au lieu d’avoir un level design copié/collé…

J’ai l’impression que les développeurs n’ont pas su choisir entre un pur jeu de plates-formes comme il en existe tant sur la console, et un run and gun mettant en scène le canard noir de chez Warner. Résultat, le soft se retrouve le derrière entre deux chaises, n’arrivant jamais à choisir et présentant au final un produit mal fini, ne faisant honneur à aucun des deux genres.


Le jeu est d’autant plus frustrant qu’on aurait pu espérer, au vu de la vitesse à laquelle les vies s’envolent, des continues ou un système de mots de passe pour pouvoir reprendre la partie en cas d’échec. Eh bien, non. S’il est possible de gagner des continues, je n’ai pas trouvé comment ou l’objet permettant de le faire. Et il n’y a pas de mots de passe. De fait, si vous perdez ou éteignez la console, vous devrez tout reprendre depuis le début. Même eAstérix and The Great Rescue n’était pas aussi frustrant. J’ai détesté des jeux pour moins que ça.

Et entre nous, je ne comprends pas comment on a pu en arriver là, à regretter un jeu dès les premières minutes. Peut-être que comme c’était assez souvent le cas à l’époque, les programmeurs se sont dit que seul le nom suffirait à faire de bonnes ventes… En d’autres termes, on appelle ça un attrape-nigauds.


Conclusion :

Daffy Duck in Hollywood est un jeu raté sur Megadrive. Certes, les animations et l’humour qui s’en dégagent peuvent faire penser à un bon jeu à première vue. Malheureusement, ça se gâte très vite une fois qu’on y joue, la faute à un level design fait n’importe comment, frustrant à mort et surtout, une jouabilité qui vous énervera plus d’une fois. Un jeu qui exploite un héros sympathique, mais qui n’a pas bénéficié du soin qu’il aurait dû pour qu’il soit ne serait-ce que correct. Le canard de la Warner méritait largement mieux, en souvenir des cartoons qui m’ont fait tant rire lorsque j’étais gamin.



Points Positifs :

La qualité des animations

Un certain humour

Techniquement correct, sans plus



Points Négatifs :

Les décors manquent cruellement de détails

Quasiment injouable

Les gros sprites, ça nuit à la lisibilité de l’action

Level Design complètement à côté de la plaque

Très frustrant

Julius
3
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Créée

le 28 déc. 2023

Critique lue 17 fois

Julius

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