Dark Souls
8.2
Dark Souls

Jeu de FromSoftware, Hidetaka Miyazaki et Bandai Namco (2011PlayStation 3)

Dark Souls n'est pas un jeu à mettre entre toutes les mains, le constat est sans appel. Il vous demandera toute l'implication nécessaire, clairement : ce n'est pas le genre de jeu auquel on joue sans conviction, pour passer le temps, avec la manette dans une main, et l'autre prospectant le fond du paquet de chips que vous avez laminé en moins de 10 minutes.


Dès le début du jeu lors du tutoriel, vous serez amené à voir la réalité en face : la mort est omniprésente, que ce soit à cause des mobs de bas étage, les boss, ou même l'environnement, tout est fait pour causer votre perte. Seuls les joueurs persévérants en ressortiront victorieux, si bien sûr ils ne font pas preuve d'impatience, car la moindre erreur pourra vous être fatale, donc il est préconisé de bien jauger la situation avant de foncer tête baissée dans un combat perdu d'avance.


Dark Souls, ou une pente glissante vers le masochisme


Malgré toutes les précautions du monde, vous serez amenés à mourir de nombreuses fois, si bien que vous finirez par connaître tous les mécanismes du jeu, des mouvements des mobs aux pièges de l'environnement. Et quand il s'agit de mort, Dark Souls ne vous épargne pas, vous perdez toutes les âmes obtenues en vainquant les ennemis du jeu qui font office de monnaie auprès des marchands et d'expérience pour monter de niveau. Cependant, le soft vous laisse une dernière chance en vous donnant la possibilité de regagner toutes les âmes perdues si vous parvenez à atteindre l'endroit où vous êtes mort, mais si vous veniez à trépasser de nouveau, vos âmes seront définitivement perdues. Deuxième punition en cas de mort : retour au dernier feu de camp où vous vous êtes reposé, et tous les ennemis que vous avez réussi à pourfendre reviendront à la vie pour œuvrer à votre trépas.


Une lueur pas aussi salvatrice qu'il n'y paraît


J'ai évoqué plus haut les feux de camp, qui font office de checkpoint, mais ils ont également la tâche de recharger votre barre de vie, vos sorts, vos bouteilles d'Estus (potions de vie) ou encore de vous faire monter de niveau, si bien évidemment vous possédez suffisamment d'âmes. Sur le papier c'est séduisant, en réalité ce n'est pas aussi rose qu'il n'y parait, car ne l'oubliez pas : ce jeu veut vous punir par tous les moyens. Derrière ces feux de camp providentiels se cache une toute autre réalité, tous les ennemis réapparaissent, vous amenant à un choix cornélien : recharger vos batteries et devoir vous farcir à nouveau les hordes d'ennemis précédemment vaincues, ou alors serrer les dents et continuer son chemin jusqu'au prochain feu que vous n'auriez pas découvert, à vos risques et périls.


L'extase à l'état pur


Si Dark Souls est un titre particulièrement exigeant et punitif envers les joueurs, il sait les récompenser pour tous leurs efforts, ici l'expression suer sang et eau prend tout son sens, car si la victoire contre un boss vous apporte de nombreuses âmes à dépenser pour monter de niveau, la vraie récompense se trouve sur le plan abstrait. Imaginez, une longue route parsemée d'ennemis redoutables et de pièges vicieux, menant à la tanière d'un boss. Vous êtes mort maintes et maintes fois avant de parvenir aux portes du démon, vous êtes salement amoché mais vous devez continuer, vous n'avez pas le choix.
Le boss fait son apparition, le combat s'engage, deux possibilités : vous mourrez lamentablement, et parfois même alors qu'il ne reste que quelques PV à votre ennemi, rendant votre trépas encore plus rageant, car vous devrez tout recommencer depuis le dernier feu de camp. Ou alors vous parvenez à vaincre la créature, et là c'est l'orgasme (au sens figuré), vous vous surprendrez à crier votre victoire, à faire des doigts d'honneur à la dépouille du boss (véridique), à avoir des fourmillements le long de tout votre corps et j'en passe. Pendant un court instant, ce pourrait être le plus beau moment de votre vie. Voilà la récompense à la clé de toute votre souffrance, peu de jeux de nos jours peuvent se vanter d'apporter une extase de la sorte, et cela n'a pas de prix.


Le rite de passage à l'âge adulte, version gamer


Autre chose vous frappera quand vous jouerez à ce titre, la solitude qui pèse sur vous. Si il y a quelques rares personnages bienveillants (du moins en apparence), vous serez livrés à vous-même pendant tout le jeu. Aucune indication du chemin à prendre, pas de cinématiques pour faire avancer l'histoire. Même les musiques sont absentes, hormis lors des combats contre les boss, ou dans le campement principal, les seuls sons que vous entendrez seront ceux du fer croisé, du cliquetis de votre armure et des râles agonisants de vos ennemis ou de votre personnage. Pour en connaître un peu plus sur le cheminement à suivre, certains personnages pourront vous aider, sous formes d'indices très succincts.
Quant à l'histoire, les PNJs vous raconteront leurs expériences et difficultés passées, vous offrant plusieurs points de vue. Les objets uniques en dévoileront un peu plus sur l'histoire et les personnages hantant la contrée de Lordran. Bref, tout est fait pour que vous vous sentiez seul et impuissant, et vous finirez par vous débrouiller tout seul.
Cependant si l'expérience venait à être insurmontable pour vous lors des combats de boss, vous pourrez faire appel à d'autres joueurs pour vous aider à vaincre la créature, seulement si vous êtes sous forme humaine.


Au niveau graphique, Dark Souls est beau, les environnements sont nombreux et variés, allant de la forteresse abandonnée aux jardins inhospitaliers. Petit bémol au moteur du jeu qui semble désuet, comparé à Skyrim qui est sorti la même année, de petits détails comme le fait que les personnages n'ouvrent pas la bouche quand ils parlent ou le créateur d'avatar qui conduit bien souvent à la création d'un personnage peu gâté par la nature (de vrais yeux de veau) entachent la somptuosité du jeu. Des baisses de framerate sont à prévoir également dans les zones truffées d'ennemis, sans pour autant nuire à l'expérience du jeu.


Le gameplay n'est pas en reste, si il peut sembler rigide au premier abord, il se révèle toutefois agréable, si l'on oublie les phases de plate-forme où votre avatar peut tomber très facilement comme une pierre.


Une concurrence féroce


Le titre propose une expérience multijoueur, pour peu que vous ayez la bravoure d'activer votre connexion internet. Lors de vos pérégrinations en Lordran, vous serez amenés à croiser les apparitions d'autres joueurs faisant tout comme vous face aux dangers, ou encore à toucher leur tache de sang, vous laissant entrevoir leur mort sans savoir pour autant ce qui l'a causé, vous restez dans le néant plus total, et le stress montant d'un cran.
Si vous avez le "bonheur" d'être sous forme humaine, attendez vous à la visite des spectres noirs, joueurs qui envahissent votre monde en ayant unique but de vous précipiter vers votre mort, des combats sous haute tension sont à prévoir, où l'erreur ne sera pas pardonnée.


Un petit dernier pour la route ?


Dark Souls est un jeu loin d'être linéaire, les possibilités de cheminement sont variées, il est donc conseillé de refaire le jeu en New Game +, où vous garderez votre équipement et vos statistiques, mais la difficulté aura augmenté d'un cran. Lors de mes différents NG+, je me suis surpris à découvrir de nouvelles intrigues, de nouvelles quêtes, car certains de vos actes peuvent influer, de façon minime certes, sur le déroulement du jeu. De plus si lors de votre première partie vous avez joué un guerrier, rien ne vous empêche d'évoluer vers la sorcellerie, car Dark Souls vous laisse toujours le choix : quand vous choisissez la classe de votre personnage, cela induit seulement des changements de statistiques par rapport aux autres classes, libre à vous après de choisir votre voie ou de changer d'avis, rien n'est scellé.


Au final Dark Souls est un jeu diablement prenant, qui passé le dégoût du néophyte, se révèle être un jeu riche, où votre patience et votre persévérance seront récompensés après de rudes épreuves. C'est le genre d'expérience où l'on en sort changé, revoyant notre vision du jeu vidéo. Nul doute que vos exigences seront revues à la hausse envers les autres jeux après avoir bouclé le soft.

Créée

le 10 avr. 2015

Critique lue 289 fois

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