S’il est une école de la perfection du gameplay, Nintendo revient régulièrement à la bouche des gamers de bon aloi. Et ce n’est pas faute d’avoir été critiqué par les uns ou par les autres à cause, par exemple, d’une soi-disant redondance. Pour qui cherche un gameplay fin et jouissif, au détriment d’une narration absente ou simpliste, Donkey Kong Country est un bon cas d’école. Connu et fortement apprécié pour leur boulot sur les Metroid Prime, Retro Studios a tronqué, pour un temps, la redoutable mais sensuelle Samus Aran pour la bonne humeur et le courage inestimable bien que téméraire des primates de Donkey Kong Country.

Prêts à fêter tranquillement l’anniversaire de Donkey, nos héros sont stoppés net par des oiseaux vikings venus du Grand Nord pour on ne sait trop quelle raison. Ce n’est pas ce qui nous intéresse puisque tout est excuse à trouver une motivation aux protagonistes de faire respecter leurs lois.

La Wii U, critiquée tant et tant, s’arme ainsi d’un nouveau porte étendard du jeu de plateforme millimétré. Tout comme le premier opus, sur Wii, ce nouvel épisode reprend le gameplay de son illustre prédécesseur sur Super Nintendo. Dans un premier temps, si l’on se limitait à Donkey et à Diddy Kong, la principale nouveauté se situe au niveau de l’élargissement du casting (et, par extension, des possibilités in-game). La demoiselle Dixie Kong, et sa chevelure voltigeant, revient ainsi une seconde fois (après Diddy Kong Quest). Comme auparavant, elle permet de planer avec une pulsion salvatrice vers le haut permettant d’éviter éventuellement de sombrer dans un précipice. Et puis, Cranky Kong, le vieux sage aigri et moralisateur, devient désormais jouable. Son atout : utiliser sa canne pour sauter plus haut et pour éviter de s’empaler sur des picots et autres surfaces à tendance mortelle. Sympa, utile. Le soft bénéficie de quelques manques (par rapport au précédent opus) tels que le souffle (via la Wiimote) pour souffler des fleurs et obtenir quelques menus bonus. Mais, finalement, avouons, qu’il s’agit là d’un mal pour un bien.

Le reste, le level design inspiré et maîtrisé, ne surprendra pas. On retrouve un travail d’orfèvre et cette gestion unique de Donkey avec son inertie de gros patapouf est toujours plaisante. Comme son prédécesseur, Tropical Freezer fait mine d’avoir un mode deux joueurs performant mais ne permet, in fine, que de rendre l’expérience pénible (rien que le fait de perdre deux vies au lieu d’une quand on joue à deux...). Le jeu possède, comme l’épisode Returns, une courbe de progression réelle et significative. Si vous êtes comme moi, assez peu patients, l’aspect « try & die » du jeu, pourra être sans doute l’unique barrière. On parlera pourtant davantage d'apprentissage par l'échec, pour positiver un peu la chose. Cette caractéristique relève finalement d'une vulgaire théorie de comportementalisme animalier où le sujet d'étude est le joueur, parfois, à deux doigts de la crise de nerf. Mais c’est également l’une des grosses forces du titre. Ainsi, pour obtenir tous les bonus (lettres, pièces), il faudra suer sang et eau. Apprendre. Retenir. Anticiper. Rien n'est laissé au hasard. Ainsi, l'injustice n'a pas cours sur l'île de Donkey. Disons-le : pour les mauvaises langues pestant sur la facilité du monde des bisounours de Nintendo, ce nouvel essai aura encore l’opportunité de leur clouer le bec, ce qui est assez jubilatoire, je l’avoue.

L’atout technique de ce volet est, sans nul doute, son passage à la HD. Il s’agit donc d’un premier Donkey Kong Country en haute définition, bien que la saga ait toujours été, à chaque époque, un modèle d’esthétisme et de maîtrise visuelle. Ici, ça roule au poil, c’est très coloré et chaque environnement a sa personnalité propre. On retrouve encore une fois quelques niveaux stylés avec les personnages à contre-jour ou des niveaux aquatiques empruntant de près aux passages des récents Rayman via le captivant moteur Ubiart framework. Au niveau musical, on retrouve David Wise (compositeur des premiers épisodes) avec son groove significatif à tendance paradisiaque – Mangrove Cave, notamment - et ses tonalités magiques et inspirées – niveaux aquatiques – voire particulièrement épiques – les niveaux « wagonnet » avec le morceau Sawmill Thrill. Un pur régal.

Au final, on pourrait reprocher un certain manque de prise de risque mais Donkey Kong Country Tropical Freeze est un produit ultra léché et exigeant qui offre une arme de plus à une console - la Wii U – qui mérite bien plus au niveau de l’appréciation du grand public. La question, enfin, que l’on pourra se poser : ce jeu mérite-il que l’on achète une Wii U ? Difficile à dire. Cependant, il vient s’ajouter à un panel de produits très réussis qui rend d’autant plus frustrant le snobisme de cette console un peu trop mal comprise. Par contre, ne pas craquer pour les nouvelles aventures du clan Kong, en étant en possession de la dernière console de Nintendo, relève clairement du crime lèse-majesté. Amoureux des platformers exigeants, n’hésitez pas.
Gaeru83
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le 10 mars 2014

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Gaël Barzin

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