Il y a 14 ans (et rien qu’à le dire, ça m’file un bon gros coup d’vieux), l’improbable se produisait : suite à l’énorme gouffre financier que fut pour Square The Spirit Within, Squaresoft et Enix, les deux rivaux de toujours, s’associaient pour ne plus former qu’une seule et unique entité, Square Enix. Une bien mauvaise blague pour certains (la fusion intervenant ironiquement le 1er avril), on pourrait sans doute Paul & Mickey des heures durant sur le sujet, mais ce modeste texte n’en a point le but ; j’ai au contraire plutôt envie de parler d’un des plus gros points positifs (selon moi) de cette nouvelle entente : l’arrivée officielle de la série Dragon Quest en Europe.


La relation Enix/Europe a longtemps été assez paradoxale : si nombre de leurs Action-RPG des nineties sortaient assez fréquemment chez nous (souvent traduits en plus!), comme ActRaiser, Soul Blazer, Illusion of Gaia ou encore Terranigma…la franchise Dragon Quest elle, restait encore et toujours coincée à la douane. Pire encore, Enix nous a complètement ignoré depuis Terranigma, jusqu’à donc cette SALVATRICE fusion. En 2006, l'excellent Dragon Quest VIII sonda le terrain et, les bons résultats des charts européens aidant, ouvra la voie à la trilogie de remakes DS dont fait partie le jeu qui nous intéresse ici, le meilleur des 3 à mon sens, à savoir Dragon Quest V. Pour la trilogie de Roto en revanche (DraQue I, II & III), ça m’a l’air d’être un tout petit peu foutu…


Dragon Quest V est, avec le troisième opus, sans doute l’épisode le plus apprécié des gamers jap’ à la trentaine (voire quarantaine) bien tassée. Premier jeu débarquant sur Super Famicom, et avec une concurrence de plus en plus acharnée, la série consent enfin à remanier un minimum sa formule ; l’interface par exemple, n’est plus aussi lourde qu’avant (plus besoin de passer par le menu pour pouvoir parler à un pnj ou ouvrir une porte!). La gestion de la magie et de l’inventaire s’améliore : on peut enfin voir le coût en MP des sorts, ainsi que les disparités de stats entre les différents équipements. Même le gameplay subit une petite touche de modernisme, tout en restant très ancré dans son classique tour par tour : les ennemis apparaissent désormais en multiples petits groupes distincts, tandis que certaines armes et magies peuvent viser tout un groupe (fouet), voire l’ensemble des opposants présents à l’écran (boomerang). On note également un petit côté pokemon avant l’heure, avec la possibilité d’enrôler des monstres pour combattre à nos côtés (featurette sympathique malheureusement totalement aléatoire).


Toutes ces nouveautés sont bien évidemment présentes dans ce remake DS, agrémentées d’autres apparues au fil du temps, comme le casino (passage obligatoire pour acquérir le fameux fouet de Gringham) ou encore la quête des mini-médailles. Pour en revenir à la capture des monstres, force est de constater qu’ils sont beaucoup plus enclins à vouloir rejoindre nos rangs que dans la version d’origine, ce qui permet de se forger une équipe à son image assez rapidement. Certains ont d’ailleurs un potentiel à ne pas sous-estimer, comme le gluant, faible à première vue, mais pouvant s’équiper de tout et n’importe quoi (sans bras ni jambes…), progressant rapidement et pouvant atteindre le niveau max, soit 99. Paradoxalement, cette featurette sera volontiers mise de côté lorsque nous sera donnée la possibilité de réunir toute la petite famille (en gros, le dernier quart du jeu)…


En effet, à l’instar d’un Phantasy Star III, Dragon Quest V nous propose de suivre la destinée d’une famille sur près d’une trentaine d’années. On assiste même à notre naissance !! Le premier quart du jeu est un pur voyage initiatique où, du haut de nos 6 printemps, on parcourt le globe aux côtés de notre paternel qui fait office de véritable mentor, nous enseignant l’art du combat et les dangers du monde. Puis arrive l’élément tragique qui va tout chambouler, et véritablement lancer l’aventure… Sans trop en dire, on fera face à des situations critiques telles que le déracinement, l’esclavage, la douleur et la mort, des thèmes très durs mais abordés avec une certaine finesse, qui seront subtilement contrebalancés (comme toujours dans les DraQue) par de nombreux moments de légèreté. Comble de l’horreur, on devra même se marier (:D) pour engendrer sa descendance… Ce remake ajoute d’ailleurs une troisième prétendante, que tout homme sain de corps et d’esprit ne peut décemment pas choisir…


Côté interface de jeu, ArtePiazza ne s’est pas trop foulé, puisqu’on retrouve exactement la même que celle du remake du IV, sorti quelques mois plus tôt… Enfin bon, ce n’est pas forcément une critique, vu que celle-ci est finalement très claire et très ergonomique. Aussi, entre la version 16 bits et ce remake, on note une différence substantielle : on contrôle désormais une team de 4 personnages, contre 3 précédemment, et mine de rien ça facilite grandement les choses (le dernier donjon était un calvaire dans l’original). C’est d’autant plus vrai que cette version DS est beaucoup plus friendly : les équipements sont globalement moins chers, le pognon s’amasse plus vite, et l’introduction du sac nous dispense des nombreux allers-retours casse-burnes d’autrefois vers la banque afin d’y déposer nos objets encombrants (qui ne sert donc plus qu’à stocker nos deniers).


Côté plastique, ArtePiazza a également fait du bon boulot, même si là encore ça reste très proche de l’opus numéro quatre : même moteur, même représentation graphique (persos en 2D kawai tout plein évoluant dans des décors 3D forts réussis), et on a bien sûr toujours cet excellent chara design assuré par le papounnet de Dragon Ball. Les écrans de combats sont très souvents animés (comme la houle des vagues quand on combat en mer par exemple), les effets de lumière des magies sont sublimes, et les monstres ne sont plus désespérément statiques… De très légères saccades ternissent un peu le tableau, mais seulement un peu, celles-ci n’intervenant généralement que sur la map. Musicalement, c’est également du tout bon, les thèmes ayant été remixés de fort belle manière, d’autant plus que le travail était déjà "prémâché" par le remake PS2 exclusif au Japon. Bien sûr, le processeur sonore de la DS est loin de rendre un son aussi bon, mais la petite portable s’en sort largement avec les honneurs…


En bref, Dragon Quest V est un excellent jeu, pour peu qu’on ne soit pas trop hermétique à un système de jeu que certains qualifieraient "d’un autre âge". La durée de vie peut d’ailleurs s’avérer colossale, surtout si comme moi vous décidez de faire plusieurs parties, une pour chaque promise, le choix influant sur l’apparence (bon ok, juste la couleur des yeux et des cheveux) mais aussi et surtout sur les caractéristiques de notre descendance… Signalons pour finir une traduction française d’excellente facture (bien meilleure que celle de Chrono Trigger DS), même si j’avouerais que je n’ai toujours pas pigé d’où vient ce sous-titre et cette "fiancée céleste". Si quelqu’un a l’explication, je suis preneur…

Wyzargo
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs jeux de l'univers Dragon Quest

Créée

le 18 févr. 2017

Critique lue 1.3K fois

5 j'aime

3 commentaires

Wyzargo

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

5
3

D'autres avis sur Dragon Quest V : La Fiancée céleste

Dragon Quest V : La Fiancée céleste
Aurablade
9

Dragon Quest V ou l'épopée de l'élu

J'adore Dragon Quest, c'est la série qui peut me vendre du rêve parce que je suis fan des Final Fantasy au tour par tour. J'ai pu me refugier dans Bravely Default mais c'était pas fiable. Mais Dragon...

le 23 août 2015

7 j'aime

1

Dragon Quest V : La Fiancée céleste
Wyzargo
9

Dynasty Warriors

Il y a 14 ans (et rien qu’à le dire, ça m’file un bon gros coup d’vieux), l’improbable se produisait : suite à l’énorme gouffre financier que fut pour Square The Spirit Within, Squaresoft et Enix,...

le 18 févr. 2017

5 j'aime

3

Dragon Quest V : La Fiancée céleste
Pax-
8

La famille c'est important

Toujours dans la continuité des remakes des anciens Dragon Quest, arrive le V jugé pour beaucoup comme étant le meilleur. Pourtant ce n’est pas mon préféré. Il a des qualités certes, mais je trouve...

Par

le 1 août 2017

1 j'aime

Du même critique

Grand Theft Auto V
Wyzargo
5

Les Trois Petits Félons

"Plus qu'un jeu, GTA V est un univers qui mélange les genres avec un perpétuel souci d'équilibre entre ludisme et réalisme. Pot-pourri de bonnes idées, le titre de Rockstar réinvente l'open world...

le 29 juin 2017

22 j'aime

28

Red Dead Redemption
Wyzargo
7

Ouest terne ?

Il y a quelques semaines encore, si vous m’aviez demandé ce que je pensais de Red Dead Redemption, je vous aurais sans doute vendu le jeu avec tous les adjectifs laudatifs superlatifs possibles et...

le 2 janv. 2017

18 j'aime

18

Uncharted: Drake's Fortune
Wyzargo
5

Gundiana Jones

Rien n’est immuable, même dans le microcosme des jeux vidéo. Les hommes partent, les entités restent. Et malheureusement pour Naughty Dog, ça n’a pas été pour le meilleur (un peu comme Rareware)...

le 18 sept. 2016

17 j'aime

2