Maybe might have needed more bubble gum ?

Comment ne pas commencer cette critique sans évoquer l'attente interminable qu'a été celle de Duke Nukem Forever, titre victime de nombreuses moqueries, à juste titre d'ailleurs... (Qui a dit « Duke Nukem Fornever » ?)
Aujourd'hui Duke Nukem est de retour, enfin ! Développement sempiternel, maintes fois repoussé, arrêté, repris... un historique laborieux.
La série n'a pas connu beaucoup de jeux ou déclinaisons, mais suffisamment en tout cas pour répandre sa légende de gros beauf égocentrique obsédé. Un bel anti-héros, et ça marche ! La sauce prend. Et nous vouons tous quelque part un culte à Duke. Mais qu'en est-il aujourd'hui de cette arlésienne ? L'épisode DS ayant tenté de préparer le terrain pour la venue de DNF mais en vain, n'en parlons même pas, vu sa qualité...

Bref, premier constat, c'est laid. On sent vraiment que le développement n'a pas été commencé sur les consoles HD, c'est sûr. Les textures sont immondes, la modélisation est dégueulasse, les animations de Duke dans le miroir sont à peu près comme celles de Duke Nukem 3D (oui, oui), les couleurs sont disgracieuses, etc, etc. Bon c'est pas grave, un jeu moche n'est pas un mauvais jeu, ayant toujours pensé qu'il manque aux tueries graphiques l'essentiel de ce qui constitue un bon jeu : le gameplay. Sachant que toute la prod passe en général dans la forme et pas dans le fond aujourd'hui... Enfin bref, ça ne m'a pas suffit pour m'arrêter là.

Deuxième constat : la VF, et comme dirait l'autre : « need I say more ? » . C'est la voix du doubleur de Schwarzenegger (vous savez, celui qui était gouverneur de Californie là). Mais pas d'inquiétude, on peut la contourner en passant sa console en anglais. Au début, c'est surprenant, on se dit qu'on s'y fera, puis en fait non. C'est le stéréotype de la voix virile, et donc pas assez Duke ! Puisque par définition Duke est l'adjectif au dessus de « viril ».

Troisième constat, et le plus important : le gameplay. C'est un FPS poussiéreux qui a vraiment mal encaissé le poids des années dans sa conception.
Il y a les « jeux à l'ancienne », et les jeux « vieillots », DNF fait partie de la seconde catégorie. Et c'est ça le problème, j'ai l'impression de jouer à Duke Nukem 3D HD en fait, encore que c'est insultant pour lui. C'est plutôt mou, les gun fights ne sont pas vraiment passionnants et l'arsenal bien moins kiffant qu'auparavant, sans même le comparer aux standards actuels, ce serait trop méchant. Avant chaque niveau, vous mangerez du chargement comme j'en ai rarement vu ces derniers temps, à une époque où l'on stream des open-worlds de plusieurs dizaines de kilomètres en quelques secondes, ça l'affiche mal...
Les autres éléments qui constituent le gameplay sont tristounets de classicisme. Ca ne me dérange pas les jeux « classiques » mais qu'ils soient au moins maitrisés. A vouloir recycler quelques codes récents de gameplay comme la barre de vie qui remonte toute seule, deux armes à la fois sur soi dont une seule vraiment utile, la conduite bidon..., pour montrer qu'on est dans l'air du temps, ça prend pas forcément non plus.
La vie s'élargit également à mesure de certaines de vos actions, tout ce qui peut aider à augmenter l'égo quoi et donc : se regarder dans une glace, faire de la muscu, etc. Tous ces « minis-jeux » sont évidemment tous inintéressants puisqu'il suffit d'appuyer sur « A ».
Mais c'est vrai qu'une fois rentré dans la légende « Duke Nukem Forever », parce que quand même c'en est une, on déchante clairement. Je parle même pas des combats à la main où Duke donne deux droites pour achever un alien, alors je sais bien que c'est un personnage avec lequel on peut tout se permettre vu que le mot d'ordre c'est l'exagération dans le but de nourrir son égo surdimensionné mais quand même, il y a un juste milieu et aujourd'hui on y croit moins.
A ce propos, en parlant d'aliens, je ne sais pas exactement où en sont les études sur la vie extra-terrestre mais une chose est sûre, chez Gearbox, ils sont démunis de la moindre forme d'intelligence. En effet, l'IA est catastrophique, vous passez devant l'un d'entre eux et il se peut qu'il ne vous détecte même pas, et quand bien même c'était le cas, ils se contenteront de vous plomber sans la moindre subtilité. Enfin en même temps, c'est une espèce méconnue, et c'est pas bien de juger les gens, même les aliens.

Mais paradoxalement, le jeu est plaisant en un sens. C'est vrai quoi, à une heure où toutes les licences perdent leur identité, DNF peut se vanter d'être au moins fidèle à lui-même dans ses valeurs de super-narcissique. Tout au long du jeu vous verrez de nombreuses allusions aux précédents Duke Nukem, puis à la gloire du héros aussi, dans la démesure, et ça cultive un peu plus son égo. Certes, ça a un côté masturbatoire, mais c'est sympa de replonger un peu dans le passé. Certains thèmes sonores y sont même repris.
Tout le style Duke est là aussi, bon point. Ultra bourrin, humour gras, des boobs en veux-tu, etc. Même si à la longue ça parait lourdingue, j'en conviens.

Enfin, pour conclure, qu'avons-nous ? Un mauvais jeu. Tout simplement. Un titre qui s'est trompé d'époque à tout point de vue. Un jeu qui est sorti au mauvais moment, sur les mauvaises machines, bien qu'il ait su cultiver son mythe au gré du temps : à diffuser des screens format timbre-poste une fois par an, à être repoussé, abandonné, repris etc... En tout cas, clairement, toujours pas assez abouti pour sortir parmi tous ces AAA, faisant passer le héros le plus narcissique et le plus confiant du jeu vidéo pour un vulgaire amateur, dépassé par son temps.

Peut-être lui aurait-il fallu 14 années supplémentaires ? Ou peut-être que pour conserver son statut de légende, Duke Nukem Forever n'aurait tout simplement jamais du voir le jour. RIP Duke, et sans rancune.


Les plus :
● L'esprit Duke, quoi !
● Les premières minutes de retrouvailles, touchantes
● Certains boss
● Les multiples références, visuelles ou sonores

Les moins :
● A ce niveau là, une légende qui sort n'est plus une légende, encore moins quand elle est ratée
● Graphiquement d'un autre temps
● Ludiquement pas bien loin non plus
● La VF
● Les chargements
● Pas passionnant
● Arsenal sans plus
● Passera vite aux oubliettes, finalement...

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le 10 juin 2011

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Otakiron

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