Les développeurs polonais de Flying Wild Hog ne sont guère très subtils. Ils aiment les jeux d'action bien bourrins et bas du front et sont surtout connus pour leur trilogie Shadow Warrior éditée par Devolver qui ne faisait déjà pas dans la dentelle. Toujours chez Devolver, Flying Wild Hog c'était essayé un tout autre genre avec Trek To Yomi un side scroller très stylisé avec une DA splendide rendant hommage aux films de samouraï japonais des années 50. Si le jeu est très loin d'avoir fait l'unanimité, j'ai fait abstraction de ses défauts les plus évidents et je me suis laissé porter par son ambiance.
Après cette parenthèse, le studio a décidé de revoir ses ambitions à la hausse. Sous l'égide de Focus Entertainement, Flying Wild Hog nous a donc livré un AA avec toutes les limites qu'impliquent un projet limité en ressources et moyens.
Evil West s'apparente en effet à un God of War light. Dans un univers Western / Steampunk / Fantastique, loin d'être désagréable nous incarnons Jesse Rentier, un cowboy badass chasseur de vampires et autres créatures du même acabit. Soyons honnêtes l'histoire, le scénario et surtout les dialogues ne brillent guère ni dans leur originalité ni dans leur subtilité. C'est viril, ça balance de la punchline au kilomètre le tout en terrain très balisé.
Le gameplay alterne des phases d'explorations très légères et des nombreuses arènes dans lesquelles on va pouvoir exploiter l'arsenal de Jesse. Pistolet, fusil, fusil à canon scié, lance-flamme, arbalète et surtout le gantelet vont être mis à contribution pour éclater un bestiaire peu varié mais efficace. Nous pourrons évidemment améliorer nos diverses compétences et nos armes grâce à un système de progression en niveau et en débloquer de nouvelles au grès de nos pérégrinations.
Mais avec Evil West nous sommes bien sur un AA et très vite les limites du jeu et de ses ambitions nous sautent aux yeux. Déjà dans la structure des niveaux qui offre très peu de liberté. Alternance de couloirs et d'arènes, le joueur suit un chemin extrêmement balisé (au sens littéral avec toutes ces chaines en surbrillance) offrant que peu d'escapade et abusant de murs invisibles, là où God of War s'émancipe rapidement de ce carcan étriqué et nous offre de vaste lieux à explorer librement. L'influence de God of War transpire d'ailleurs tout au long du jeu comme l'atteste l'animation d'ouverture des coffres flagrant copié collé. Enfin les bossfight manquent cruellement d'originalité et d'envergure.
Evil West souffre également d'un manque évident de finition. Si graphiquement le jeu est plutôt agréable à l’œil par moment et il n'est malheureusement pas exempt de bugs et de glitchs en tout genre. Plus grave certains bugs peuvent s'avérer bloquant pour le joueur. Les transitions entre les cinématiques et les phases de jeu sont parfois abruptes et manquent de liant.
Pourtant Evil West reste attachant. Tous les environnements ne se valent pas mais certains offrent de belle chose. Certains tableaux grouillent d'éléments sans trop affecter le framerate (Version PS5). Les sensations des combats sont bonnes, avec un bon rendu de la puissance de l'arsenal de Jesse qui partage en sus avec Kratos ce goût pour les exécutions brutales.
Evil West est un plaisir coupable par excellence pour peu que nous acceptions de le prendre pour ce qui l'est. Un jeu modeste parfois frustrant mais suffisamment divertissant pour nous accrocher à la manette pendant quelques heures. Et finalement par les temps qui courent c'est suffisant.