Final Fantasy IX
8.3
Final Fantasy IX

Jeu de SquareSoft et Hiroyuki Itō (2000Nintendo Switch)

Le voyage est toujours plus important que la destination, même 20 ans après

Et pour ce soir :


Final Fantasy IX, 2000 (2001 pour la France), de Squaresoft et Hironobu Sakaguchi, et édité en France par Infogramme, sans merde !


Synopsis funeste : Lors d'une représentation théâtrale de la troupe des Tantalas dans le royaume d'Alexandrie, la princesse Grenat est enlevé par la troupe, mené par Djidane, un jeune homme avec une queue de singe. Sauf qu'elle demande à être enlevé également car elle sent que quelque chose ne va pas avec sa mère adoptive, la reine Branet à qui on donne des volontés très belliqueuses avec les autres territoires que le continent possède. Accompagné de Bibi, un petit mage noir trop choupi et emblème du jeu, ainsi que Steiner, chevalier benêt et obéissant aux ordres sans réfléchir, tout ce petit monde s'engage, comme à chaque fois, dans un futur conflit larvé où il faudra encore sauver le monde, rien que ça...


20 ans. C'est le nombre d'année qui me sépare d'aujourd'hui à la première fois que j'ai mis mes mains sur ce jeu. Mon tout premier jeu acheté avec mon argent personnel (comprendre 200 francs filés par je ne sais qui pour probablement Noël, en ce début d'année 2002 qui marquait l'arrivée de l'euro). Un jeu important pour moi, car il arrive à ce moment charnière de la vie, quand on prend conscience du principe de la mort pour un enfant. Et pour le coup, FF9, c'est littéralement l'histoire de l'apprentissage de la mort, de l'intériorisation de son inexorabilité, de ce qu'elle provoque chez les gens, et finalement, de son acceptation en se disant qu'il faut mener une belle vie autant que possible pour l'heure du bilan à H moins X avec la Faucheuse.


Du coup, à 10 ans, je suis soufflé par le message du jeu, incarné principalement par Bibi, ce mage noir au chapeau pointue et à la tenue bleu si caractéristique. Et accessoirement qui n'a que 9 ans, une règle de base des vieux FF, t'es dans la fleur de l'âge jusqu'à 18/20 ans, et après les 25/30 ans, t'es un vieux briscard archi vétéran de tout. Bref, Bibi exprime avec des mots d'enfants ce choc de la rencontre sur ce qu'est la mort, vu de façon parfois assez graphique (comprenez sans sang, mais avec des situations où il n'y a aucun doute sur la mort des personnages montrés). Dites-vous bien que je n'ai que 10 ans et qu'à ce moment-là, d'un truc très vague qu'on se dit que ça n'arrive qu'aux autres, je me prends la baffe du siècle. Une baffe qui a un écho 20 ans plus tard. Car en 20 ans, des gens ont eu le temps de clamser, des gens que je connaissais.


Et du coup, suite aux rééditions des Final Fantasy sur Switch (parce que c'est pas cher à faire, et que tout est déjà là pour faire payer 40€ aux gogos... je veux dire aux vieux fans sous prétexte de la nostalgie qui ne jurent que par le physique, 60 pour la version physique de FF9 jamais sortie en France, sauf dans une boite avec JUSTE LE CODE DE téléchargement, MAIS NIQUEZ-VOUS SQUARE ENIX !), j'ai eu envie de revivre l'expérience comme en 2002. Avec un petit ravalement de façade feignant et quelques boosters pour compenser les soucis du jeu. Parce que, voyez-vous, la nostalgie n'est pas seulement mauvaise conseillère, elle est aussi très trompeuse sur la marchandise.


Mon souvenir de FF9 était très pur. Un grand jeu fascinant, beau, avec une histoire longue, des musiques brillantes et un super gameplay. Dans les faits, les affirmations "longue histoire" et "super gameplay" sont clairement datés. Entendons-nous bien, on ne finit pas le jeu en 45 minutes (Les speedrun tournent autour des 7 heures), mais le jeu est finalement bien plus court que dans mes souvenirs. D'ailleurs, je reviendrais sur la partie souvenir après.


A cela s'ajoute le gameplay de ce FF. Forcément, il est comparé à ses deux grand frères, le 8 et le 7. Si, subjectivement, je n'aime pas vraiment FF7, je dois lui reconnaitre l'un des meilleurs gameplay existant pour les FF de la génération PS1. FF8 a des idées sympa et étrange de gameplay (les ennemies ont le même niveau que le joueur, les magies sont associés à des stats mais utiliser les magies devient donc proscrit...) mais un mini-jeu qui tuait tout, le célèbre jeu de carte. FF7 avait ses Materias qui était une super idée. Et FF9 ? Eh bien, le gameplay revient aux bases de la série, chaque personnage a son propre job, ses propres compétences. La meilleure idée du jeu, c'est le système de compétence qui s'apprend grâce à l'équipement (armure, arme, accessoire...). Une idée reprise d'ailleurs dans Tales of Vesperia, le meilleur des Tales of, ça en dit long !


Mais à côté de ça, il y a de vrai errance. Système de transe qui remplace le Limit Break du 7 et du 8 avec une barre qui augmente au fur et à mesure des coups mais qui peut s'enclencher dans un combat random, on ne peut pas le stocker et une fois lancé, la barre revient à 0 après fin du combat ou fin des quelques tours de transe utilisés. Système de vol pour récupérer du matos de très bonne qualité sur les boss gâché par le fait qu'il faut faire parfois BEAUCOUP d'essai pour choper le dernier objet cool du boss, certains ayant parfois l'item qui va rendre la suite bien plus facile, ça vaut le coup. Jeu de carte plutôt claqué avec des règles incompréhensible, c'est dur après le 8 et son jeu PARFAIT (hors saloperie de règle Aléatoire). Endgame assez faible (mais les autres FF n'étaient pas si riche que ça non plus sur ce point) avec une idée débile : rendre des lieux inaccessible dès le CD 4. Petite pensée pour le mois d'il y a 20 ans qui a raté une boutique qui fournissait les magies X et qui ne pouvait pas y retourner dans le dernier acte du jeu.


Dit comme ça, le jeu est finalement décevant, surtout pour les fans des anciens. Et pourtant, FF9 reste mon jeu du coeur absolu, trônant au sommet, avec Deus Ex premier du nom en prince. Trois choses le sauvent :


- La musique d'Uematsu : elle est intestable. De loin ma BO préférée, à telle point que ce fut l'un des achats dont j'ai été le plus fier au Japon, trouver la BO de FF9 sur 4 CD, vous n'imaginez pas comment j'étais refais !

- Le scénario : et plus précisément, ses thématiques. On y trouve naturellement la mort, mais aussi la peur, la détresse, la folie suite au fait qu'on ne peut rien contre elle, la solitude également, mais aussi l'espoir d'avoir des amis si fiable et si aidant dans les pires moments. Le moi de 10 ans pas forcément toujours bien dans sa peau va y trouver une résonnance importante. A cela s'ajoute le fait que chaque personnage est là pour apporter un questionnement très humain. Djidane, le héros, dragueur rieur et franchement provoc quand il s'y met, n'oublie jamais qu'on ne devrait pas avoir besoin d'une raison pour aider quelqu'un. Bibi est là pour questionner ce qu'est la vie et la mort (d'ailleurs, sa phrase qui détermine le personnage est "Vivre, c'est prouver qu'on vit... ?, remarquez bien les points de suspensions qui sont important). Steiner est là pour poser la question d'obéir aux ordres face à ses propres idéaux, à sa propre vie ("Est-ce vivre que de consacrer ma vie à autrui ? Qui m’apportera la réponse... ?"). Grenat se demande aussi où elle doit se situer entre son rôle de princesse avec les responsabilités que cela incombe et elle même ("On m’appelle "Princesse" mais je veux rester moi-même..."). Eiko et la solitude ("J'ai un sourire triste ? Euh, oui...") Bref, tout le monde a quelque chose à raconter, son thème à développer et sa quête personnelle à mener.

- La nostalgie : je vous l'ai dis, on va en reparler. 20 ans plus tard, je refais le jeu et ses défauts ressortent comme un plein phare dans une plaine de nuit. 20 ans d'expériences de jeux qui me font comprendre que le jeu est très loin d'être parfait. Pourtant, à chaque passage du jeu, j'étais là à me dire "Ah ouais, y'a ça qui arrive, j'adore ce moment !" ou "Ah je suis déjà là ? Mince, ça va vite !". Tous les défauts se noyaient dans cette ambiance qui lui est propre, entre enfantin et terriblement grave. Un peu comme quand vous regardez un Ghibli enfant que vous kiffez pour les thématiques d'enfants qu'il aborde, puis que vous revoyez 10 ou 20 ans plus tard avec vos yeux d'adultes et que vous y voyez d'autres thématiques qui vous touchent personnellement. Tout se mélange, la nostalgie d'enfance, avec la réflexion d'adulte et tout ça abouti à une expérience certes plus brutes, moins idyllique. Mais au final, si la destination et le chemin étaient finalement toujours très frais dans ma tête, le voyage, lui, était comme il y a 20 ans : touchant, brillant, avec de la matière a réfléchir et cette sensation qui vous noue l'estomac en vous demandant ce que vous allez bien pouvoir faire après ça.


10/10.

Tony_Gendron
10
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Créée

le 28 nov. 2022

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Tony Gendron

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