Fire Emblem Engage
6.9
Fire Emblem Engage

Jeu de Intelligent Systems, Gust et Nintendo (2023Nintendo Switch)

Rarement arriver au bout d’un Fire Emblem ne me fut aussi pénible. A part peut-être avec le catastrophique Three House, son héros en mousse et ses persos claqués au sol.

Autant au début du jeu, en jouant sur la fibre nostalgique, tout semblait parfait. Mais très rapidement, j’ai déchanté, un peu comme quand, mort de faim, on te sert enfin ton kebab et que tu te retrouves avec un truc dégoulinant de sauce blanche à en écœurer une star du porno. L’aspect le plus déroutant est la facilité scénaristique du machin. Les gentils sont gentils, les méchants sont méchants (et c’est marqué sur leur gueule), mais deviennent aussi des gentils et à la fin, tout le monde est gentil, même les méchants qui en fait ne l’étaient pas tant que ça. On dirait du Tolkien expliqué par un enfant de CM1.

Déjà, on incarne un héros qui se réveille d’un long sommeil, qui n’a aucun souvenir de rien, mais qui se lance pourtant corps et âmes dans une quête dont il pourrait totalement se foutre. Ce qui est déjà bien con. Sa mère meurt, il est triste, même si 5 minutes avant elle lui était aussi étrangère que mon voisin maghrébin.

Les persos secondaires que l’on acquiert au fur et à mesure de l’aventure sont tous aussi pathétiques qu’une feuille blanche sur laquelle on aurait dessiné une bite. Chacun a un seul et unique centre d’intérêt. Un seul, et il ne parle que de ça. Il y a celui qui aime les choses mignonnes, celui qui aime les lamas, celle qui aime la course à pieds, celle qui est fan du Dragon Divin, celle qui aime manger, ainsi de suite. C’est dommage qu’on n’ait pas un fan de fist fucking et une adoratrice de satan, ça aurait mis un peu d’ambiance.

On aurait pu penser que les héros ressuscités amèneraient un peu de profondeur à l’histoire, malheureusement il n’en est rien. Ils sont de toute façon trop nombreux pour qu’une quelconque empathie s’éveille en nous. Mon héros Ike devient aussi insipide qu’un bol de café un lendemain de cuite et croyez moi, ça me fait peine.

Si au début, la fibre nostalgique est touchée, bien vite, on ne ressent plus rien à voir arriver nos anciens protagonistes. Ils défilent bientôt comme on défile au rayon surgelés d’un supermarché à la recherche désespérée d’un produit de qualité. Pire, les quêtes annexes, qui devraient servir à approfondir l’histoire, sont toutes basées sur le même principe. On arrive dans un lieu, l’avatar Bidule y voit une ressemblance avec une bataille qu’il a vécue dans le passé et il propose à notre héros de se foutre sur la gueule pour renforcer nos liens. L’idée pas pourrie déjà. Quelle ne fut d’ailleurs pas ma surprise la première fois, dans ce qui semblait apparaitre comme un entrainement ou une bataille amicale, de voir mes compagnons mourir pour de vrai. C’est un peu rude non ? On doit combattre un démon mega puissant, mais on s’entre-tue avant. D’autant que ces combats sont infiniment plus compliqués à gérer et à appréhender que les autres. Enfin, bon, je vais pas cracher sur un peu de challenge.

Ce qui m’amène à parler du seul point positif du jeu, même s’il reste perfectible : les combats. Vous me direz, c’est le nerf de la guerre dans les Fire Emblem. Ce qui est vrai, mais le scénario, particulièrement de Radiant dawn et de Path of Radiance, m’emportait également à l’époque. Bref, j’ai trouvé, de façon globale les combats assez bien foutus. J’ai l’habitude de commencer les Fire Emblem en mode difficile, et comme je suis une quiche, j’ai hésité à repasser en mode normal. Mon objectif était de ne pas perdre de persos, mais comme je le disais plus haut leurs histoires sont tellement pourries que j’ai pas trop insisté quand j’en perdais un particulièrement inintéressant (RIP Chloé, Boucheron et Fogado). L’engagement des emblèmes apporte un véritable plus selon moi et peut rebattre les cartes d’une situation qui semblaient désespérée. Comme d’habitude, certains persos sont un peu hoverhypés (hello Ivy et Panette), mais globalement, c’est bien foutu même si je regrette des terrains qui se ressemblent tous et peu de dénouement du style « atteindre la cible » ou « tenir 10 tours ». J’ai même trouvé une vraie utilité de gameplay dans le cristal temporel, à contrario de Three house où il n'était qu'un gadget pour joueur nul.

D’un autre point de vue, j’ai bien apprécié que les passages à Sombriel soient totalement optionnels, car une fois passé la surprise de la découverte, parcourir les différents spots devient hyper redondant, pour pas dire chiant comme la pluie.

On pourrait également s’attarder sur un chara-design plus que douteux, les persos féminins quasiment tous à poil et la modélisation des persos réalisé à la truelle numérique, mais ça serait vraiment tirer au bazooka sur le corbillard. Je conviens que les Fire Emblem n’ont jamais brillé par leurs graphismes, mais c’était tout de même contre-balancé par un scénario prenant et des persos secondaires un peu plus épais.

Bref, même si ce Engage partait avec de très bonnes intentions, le rendu final n’en est que des plus décevant. Un perso principal peu crédible dans ces engagements, des persos secondaires scénarisés par un gamin de 6 ans sous perfusion, une histoire sans intérêt dont les rebondissements sont aussi surprenant que la Russie envahissant la Crimée et des longueurs qui n’ont rien à envier à un discours d’Elisabeth Borne à l’assemblée Nationale.

Je ne suis vraiment pas fan du vieil adage disant que « c’était mieux avant », pourtant, force est de constater que c’est un peu le cas avec les Fire Emblem.

villou
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le 29 mars 2023

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