Gears of War 3
7.3
Gears of War 3

Jeu de Epic Games et Xbox Game Studios (2011Xbox 360)

Fer de lance de la Xbox 360 et maître étalon du jeu d'action moderne la saga Gears of War revient pour finir la guerre et mettre tout le monde à genoux. Depuis la chute (au sens propre) de Jacinto les forces humaines se sont dispersées sous la pression constante des lambents, des monstres mutants particulièrement agressifs. Le chaos règne et pourtant Marcus Fénix n'est pas au bout de ses surprises puisque son père, qu'il croyait mort, réapparait en même temps qu'une solution définitive pour mettre fin à la guerre. Ni une ni deux, notre esthète agrippe sont fusil-tronçonneuse et part éclater des gueules aux quatre coins de la planète pour la bonne cause.


LA GEARS DE 3 N'AURA PAS LIEU ?

Gears of War c'est une formule rodée à base de fusillades derrière des murets et de franche brutalité et ce troisième épisode confirme l'incroyable maitrise d'Epic Games. Bien sûr il faut oublier les révolutions et les nouveautés, ici on campe sur ses acquis mais vu l'efficacité de l'ensemble on aurait tort de les blâmer. Les armes sont toujours aussi jouissives à utiliser, y compris les petites nouvelles assez inspirées, et les échauffourées sont nombreuses et violentes.
Si le système de couverture est toujours efficace on pourra quand même lui reprocher de na pas avoir évolué d'un iota par rapport au premier épisode. La concurrence, plus ou moins directe telle que Deus Ex, Uncharted ou Mass Effect, a su le faire évoluer et l'"archaïsme" fondateur des couvertures de Gears of War 3 pourra se ressentir à certains moments. Par exemple lorsque l'on veut contourner un obstacle sans le quitter ou faire machine arrière. Néanmoins le gameplay fonctionne toujours aussi bien et il serait malhonnête de dire que le système de couverture de Gears of War est dépassé.

La maitrise se retrouve aussi au niveau du rythme. Variant les situations et les montés d'adrénalines avec précision la campagne solo est, elle aussi, d'une efficacité redoutable. Tout est fait pour nous pousser vers l'avant et nous en mettre plein la tronche sans jamais lasser. Bien sûr il y a du script, bien sûr c'est relativement court (surtout qu'en mode normal le jeu est vraiment trop facile, il faut attendre de débloquer le mode "insane" pour rééquilibrer les choses et offrir un challenge digne de ce nom) mais on ne s'ennuie jamais. On pourra même souligner que les développeurs ont, enfin, retiré les phases en véhicules qui étaient si horripilantes dans les précédents volets. Ils sont remplacés par des passages en exosquelettes plutôt sympathiques.
La campagne n'a pas vraiment de défaut mais il lui manque tout de même ce "petit quelque chose" pour la rendre vraiment incroyable.

La campagne est intense mais de manière peut-être un peu trop uniforme. En effet les (rares) boss ne présentent que peu d'intérêt et il n'y a pas de moments aussi hallucinés que l'endoscopie du ver de Gears of War 2 ou aussi jouissifs que la chevauchée à dos de Brumak pour écraser les barricades locustes. Pour un épisode final on aurait aimé au moins une grande bataille d'envergure avec des centaines de belligérants ou quelque chose d'une ampleur énorme, il n'en sera rien.
Bien que largement au dessus de bon nombre de jeux actuels, la campagne de Gears of War 3 déçoit donc un petit peu comparé aux ambitions et aux possibilités de l'univers. Forcément, lorsque la barre a été placée aussi haut on s'attend à avoir encore plus.

Mais on oublie souvent que Gears of War c'est aussi une histoire. On ne va pas se mentir, on n'attend pas d'un tel jeu la qualité d'un roman de Dostoïevski et on en est loin. Le scénario a proprement parlé n'est pas vraiment travaillé (ni même spécialement important) et sert surtout à nous balader d'un lieu à l'autre.
Cependant le jeu ménage certains passages qui offre un peu d'humanité à ces stéréotypes bodybuildés. Un petit côté "retour aux sources" parfois un peu forcé (en effet tous les personnages croiseront des lieux ou des personnages capable de leur tirer une larmichette) mais parfois pertinent avec quelques moments d'émotions vraiment réussis.
A côté de ça l'humour de caserne lourdingue est toujours présent ainsi que le côté "badass" forcé. Un cocktail qui ne manquera pas de chatouiller les frontières floues du ridicule dans certaines situations.


LA GEARS ÇA RAMBO ?

Nous parlions de maitrise juste au dessus et s'il y a bien un domaine où la bande à Cliffy B. n'en finit plus d'étonner, c'est la technique. L'Unreal Engine 3 a de beaux restes et offre un rendu vraiment joli. Une réussite d'autant plus visible que les décors sont plus ouverts qu'auparavant, les détails fourmillent et les effets divers sont bluffants. Originalité, le jeu rompt avec la traditionnelle monotonie maronnasse de la série et offre, enfin, des environnements colorés. Comble du bon goût tout ceci se déroule sans un heurt de framerate, une fluidité impeccable à mettre sur le compte d'une équipe qui maitrise parfaitement son moteur.

Bien sûr le design typique d'Epic Games ne change pas et les réfractaires à ce style massif ne seront pas plus conquis aujourd'hui qu'ils ne l'étaient hier. Mais le tout fait preuve d'une cohérence appréciable et l'univers s'enrichit de tout un tas d'éléments parfaitement intégrés (mis à part un nouveau méchant rappelant trop Metal Sonic pour être crédible).

Le level-design a été particulièrement peaufiné. Si on reste dans une structure classique à base de couloir/arène/couloir/arène/couloir/etc... les niveaux multiplient les cover destructibles, les petits renfoncements, les alternances d'altitudes pour renouveler en permanence la progression du jouer. Les fusillades n'en sont que plus dynamiques.
Plus vastes, plus beau, plus fun, les niveaux sont aussi plus variés. De la plage tropicale à la mégapole en ruine jusque dans des recoins insoupçonnés de la planète Sera, le joueur aura toujours un nouvel endroit à repeindre avec les tripes de ses victimes.


GEARS ÉPAIS

Au delà de son univers chamarré, de ses dialogues subtils et de sa dramaturgie shakespearienne Gears of War a aussi construit sa réputation sur son multijoueur.
Pour ceux qui veulent en découdre il y aussi toute une panoplie de modes joueurs contre joueurs. D'une relecture du capture the flag avec un ennemi en guise de prise à la traditionnelle "Zone de guerre", il y en a pour tous les goûts. Les mécaniques n'ont pas vraiment évolués et les roxxors retrouveront vite leurs marques.
Visiblement conscients des limites du système "cache-cache avec des flingues" du gameplay en multi les développeurs ont intégrés une variante de la "Zone de guerre" dans laquelle les vies ne sont plus limités à une. Pratique pour se familiariser avec les maps (10 au total et toutes bien conçues) sans avoir la frustration du mode spectateur pendant toute la partie.

Au delà de ces modes sympathiques le vrai plat de résistance se situe dans le coop.
Il y a bien sûr la campagne solo jouable jusqu'à quatre pour prolonger le plaisir. Un mode toujours aussi efficace et prenant dans lequel on pourra vite repérer les vrais amis des faux-jetons qui vous laisse vous vider de votre sang en plein champs de bataille.
Mais il y a surtout le retour du mode "Horde" dans lequel des équipes de joueurs devront se serrer les coudes pour survivre à des vagues successives d'ennemis toujours plus nombreux et belliqueux.
Plutôt que de se reposer sur ses lauriers les p'tits gars d'Epic ont puiser dans la concurrence de quoi étoffer leur mode de jeu phare.
On pourra désormais établir un périmètre de sécurité avec des pièges, des barricades pour tuer ou ralentir les locustes mal intentionnés. Un aspect stratégique agréable complété par un système d'expérience offrant des capacités spécifiques aux joueurs selon leurs actions (plus on pose de barricades et plus on pourra en poser vite et donc défendre mieux, par exemple). Des modifications qui obligeront le groupe à un vrai teamplay et à une vraie cohésion pour ne pas finir écrabouiller comme des insectes.

Pour ne pas faire de jaloux il y a aussi l'arrivée du mode "Bestial" où les locustes refoulés pourront exprimer leur rage et tuer un maximum d'humains. Les pièges sont ici remplacés par des créatures locustes à débloquer contre l'argent accumulé en cours de partie. Pouvoir semer la mort dans la peau d'un Ticker explosif reste un plaisir rare et pour le moins jouissif.


MARCUS S'EN VA EN GEARS

Blockbuster balisé et sûr de lui, Gears of War 3 délivre tout ce qu'il promettait, ni plus ni moins. Les fans seront aux anges, les détracteurs n'auront aucune raison de changer d'avis. On pourra toujours regretter l'absence de prise de risque, les flottements d'inspirations de la campagne solo ou une formule qui pourra paraitre routinière mais au bout du compte Epic Games maitrise parfaitement son bébé. Le studio livre un jeu d'action intense, immersif et toujours au top de ce qui se fait dans le genre. Avec son multi en béton armé, difficile d'imaginer que ce titre ne fera pas les belles heures du Xbox Live pour les mois à venir. Un succès écrit d'avance certes mais un succès amplement mérité.
Gears of War 3 c'est un peu la force tranquille du Third Person Shooter.
Vnr-Herzog
7
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le 25 sept. 2011

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