Dans ses rêves, même le fantôme solitaire peut trouver sa place

Ghostpia season one est la 1ère partie d’un kinetic novel censé normalement sortir en deux parties (si la suite sort bel et bien un jour).

L’histoire se déroule dans un contexte assez original : on suit les aventures de Sayoko, une paria au sein d’une ville « fantôme » enneigée, dans laquelle les habitants ont pour particularités d’être immortels et de ne pouvoir vivre que la nuit ; une ville dans laquelle il n’est censé n’y avoir jamais de nouveaux arrivants.

Le temps étant devenue une notion presque abstraite pour ces « fantômes » ayant l’impression d’avoir vécu pendant plus de 9999 ans, Sayoko n’arrive pas à se souvenir de la nature exacte de cet endroit, ni même de qui elle est réellement et ce qu’elle fait ici. On pourrait croire à un classique cas de protagoniste amnésique, mais dans cet univers, ce flou est quelque chose d’assez commun et partagé par la majorité des personnages, malgré que Sayoko semble être plus atteinte que les autres, ayant le sentiment d’être une étrangère, de ne pas être à sa place, n’attirant notamment pas la sympathie de son voisinage. On la traite comme une rebelle au sein d’un système ordonné par une autorité incarnée ici par « L’Eglise », qui ne voit pas sa présence d’un bon œil. Sayoko n’est cependant pas totalement seule, elle a notamment deux amies Pacifica et Anya, avec qui elle s’est fixée un objectif : traverser l’immense désert de neige qui entoure la ville afin de savoir ce qui se trouve par-delà l’horizon. Cette ville est-elle vraiment un monde après la mort ? La civilisation, celle des mortels, existe-elle encore ? Tout un tas de questions auxquelles elles n’ont pas la réponse.

Elles ont déjà essayé de partir une fois, mais ce fut un échec et les souvenirs de ce jour restent à la fois gravés dans la mémoire de Sayoko, tout en restant flous pour ce qu’il s’agit des détails les plus importants. Malgré tout, depuis ce moment, la vie de Sayoko semblait faire encore moins de sens, jusqu’à ce qu’un beau jour quelque chose d’inédit ait lieu : l’arrivée d’une nouvelle « fantôme », une anomalie, et l’occasion de former un nouveau lien.

Ghostpia se concentrera alors sur la rencontre de Sayoko avec cette nouvelle arrivante, ainsi que sur sa relation avec ses amies avec qui elle a déjà connue l’échec.

Parlant à la fois d’amitié, d’amour, de solitude et de quel sens donner à son existence quand on n’est pas sûr soi-même de qui on est, on nous propose d’être purement le spectateur d’un récit type tranche de vie enrobé d’une atmosphère mystérieuse et atypique.

Atypique parce qu’on passera tout aussi bien par la mélancolie que par une ambiance un peu gamine digne d’un cartoon, appuyée notamment par ses visuels attrayants, ses personnages s’exprimant en yaourt comme dans un Animal Crossing et sa mise en scène travaillée émulant le style d’une bande dessinée dynamique. On aura également des moments de confusion et de mystère, ainsi que des scènes d’action avec une touche de violence.

De ce fait, ce que Ghostpia fait ressentir à la lecture n’est pas forcément si simple à décrire, ce qui est abordé est assez explicite, mais pas forcément la place de tous les moments d’intrigue qui s’y accrochent, et pourtant quand on prend du recul ce qui a déjà pu être raconté, on a là quelque chose de déjà assez dense en seulement 8-9 heures de lecture.

Personnellement, j’y ai trouvé mon compte, aimant justement ce genre d’expérience assez unique en termes d’atmosphère, tout en ayant une histoire qui a du cœur, malgré qu’elle reste encore incomplète.

Il est pourtant assez criminel que ce VN ait actuellement aussi peu de visibilité. Si les expériences de pure lecture en visual novel ne vous effraient pas, j’en appelle à laisser parler votre esprit curieux pour prendre la peine de découvrir cette curiosité.