Père et fils

De 2005 à 2013 la saga God of War a gardé sa formule originelle tout en l’améliorant et en apportant de nouvelles idées au fil des épisodes. Le 3 était le point culminant de la série, le plus épique et brutal. GOW Ascension, même en étant bon, nous a démontré qu'il est très difficile de passer après. De profonds changements sont donc les bienvenus pour ce nouveau jeu mais les risques pris sont tellement importants que God of War 2018 pouvait être source d’inquiétudes.
Sur PS4 PRO le jeu est une merveille qui va pousser le ventilo de la console dans ses derniers retranchements. Graphiquement il n'y pas grand-chose à reprocher certains environnements sont somptueux. Le HDR apporte beaucoup pour l'éclairage, lorsque l'on rentre dans une grotte, au premier abord on a du mal à discerner les détails puis comme un œil qui s'habitue à l’obscurité, les décors apparaissent progressivement. Les reflets sur les métaux sont bluffants. 
Le mixage sonore est particulièrement bon. L'usage d'un casque ou d'un home cinéma est indispensable, chaque instant est sublimé par les bruitages très bien utilisés. Les musiques qui accompagnent Kratos sont à son image: épiques. Les basses, très graves quant à elles, accentuent la puissance du personnage.
Le gameplay a totalement été revu depuis God of War III, une nouvelle arme: la hache Léviathan permet d'allier combat rapproché et à distance. La caméra libre à l'épaule permet d'introduire de l'exploration, de nombreux secrets sont dissimulés partout dans les niveaux et il arrive de devoir résoudre des minis-énigmes pour récupérer des trésors. 

Le level design est bien pensé, le jeu se décompose en plusieurs zones reliées par un hub central. Les combats restent lisibles pour la plupart du temps et Atreus nous donne des indications orales pour nous aider à esquiver les attaques hors champs de la caméra. Le garçon n'est jamais handicapant et il est réellement utile, ses actions se font toutes avec une touche. Ce système est même légèrement permissif puisque lorsque l'on demande un tir de flèche à Atreus, il arrive qu'il traverse les décors en fonction de son placement.
Les développeurs ont réussi à apporter une véritable sensation de brutalité dans chaque attaque, on ressent la force des coups portés.

La durée de vie a considérablement augmentée par rapport aux précédents opus, tout en gardant un bon rythme le jeu prend le temps de poser son histoire petit à petit.

La narration progressive à travers les dialogues entre Kratos et son fils permet de dynamiser les déplacements dans le monde. Le scénario tient la route sans être incroyable par rapport aux anciens épisodes. Les enjeux ne sont pas les mêmes, c'est pourquoi cet opus peut sembler moins impressionnant. Les personnages ont une quête bien précise et le dieu de la guerre n'est plus animé par la vengeance. Les auteurs s'intéressent à l'évolution des relations entre un père distant et son fils qui tente de prouver sa valeur. Les personnages secondaires apportent une touche d'humour dans ce monde de brutes sans être trop encombrants.

L'implantation de niveaux pour les armes et armures permet d'obtenir une difficulté progressive. La quête principale se concentre sur le récit, pour du vrai challenge il faudra passer par les quêtes optionnelles. Il y en a pour tous les goûts, de la difficulté, de l'exploration, un soupçon de réflexion et une histoire intéressante.
Aucun doute possible, God of War 2018 mérite bien sa place dans la série même si un sous-titre ou un numéro n'aurait pas été de trop pour une meilleure lisibilité par rapport au premier de 2005.

Cette révolution était nécessaire pour repartir sur de bonnes bases. Il n'est pas meilleur ou moins bon que les précédents, il est juste différent, sans renier ses origines, bien au contraire, les clins d’œil sont nombreux. Le sens du détail, les dialogues savoureux, l'excellente maniabilité et l'envie d'en voir toujours plus m'ont incités à compléter le jeu à 100%.