Nul doute que GTA 5 était l'un des jeux les plus prometteurs et les plus attendus de la génération ; il est d'ailleurs amusant de constater que sa sortie coïncide presque avec l'arrivée des nouvelles consoles de salon que sont la PS4 et la Xbox One. La pression était bel et bien là, mais qu'en est-il du plaisir de jeu ?

A force d'entendre que cet épisode serait le plus immense open world de tous les temps, on craignait que la technique ne suive pas, que le jeu rame, que le popping, le défaut de clipping, l'aliasing et tous ces fléaux techniques des jeux ambitieux viennent gâcher une promesse alléchante de pouvoir tout faire dans un univers colossal. Sur ce point là on est rassuré et même très vite surpris positivement par la qualité technique du titre de Rockstar. Le terrain de jeu est vaste mais le jeu reste fluide, les modélisations sont tantôt propres et correctes, tantôt vraiment belle (le bitume, l'eau...), les effets de lumière sont à tomber et la distance d'affichage est étonnante pour des machines peu récentes.
Nous allons bien vite en venir aux défauts du titre mais GTA 5 mérite vraiment que l'on s'attarde sur ses qualités qui restent déterminantes au moment de jauger son appréciation de l’œuvre. Car au fond peu importe les tares, peu importe la réussite technique, GTA 5 est jouissif au niveau de sa nature même, et de l'attention porté au détail. Pouvoir avaler des kilomètres de bitume au volant d'une voiture de rêve sous un coucher de soleil magnifique avec une musique de Queen, parcourir les allées longeant la plage sur un petit scooter poussif en évitant des dizaines de piétons aux comportements plutôt variés, dompter les vagues d'un océan déchainé par l'orage ; la sensation d'être dans un monde virtuel solidement constitué, structuré et proportionné comme un vrai état, est un régal.
Toutes les possibilités offertes au joueur font tourner la tête (même s'il y un prix à payer, on y viendra), tant par leur nombre (chasse, plongée, courses, golf, tennis, yoga...) que par les possibilités qu'elles offrent. Prendre un hélicoptère, sauter en parachute d'une altitude démentielle, atterrir sur le sommet d'une montagne et redescendre par les petits chemins à l'aide d'un VTT ou d'une motocross, ça n'a pas de prix sur l'échelle du plaisir.

Pourtant toutes ces activités souffrent justement du syndrome qui veut que la quantité ne prime pas toujours sur la qualité. Ainsi beaucoup d'entre elles se veulent trop limitées pour qu'on ait envie d'y revenir sur la longueur. Le tennis est limité par son gameplay et ses animations rigides, la chasse par son intérêt limité et son manque de subtilité, les courses tout terrain ou de jet ski par l’absence de réel level design sur leurs circuits. Heureusement le parachute, le golf, la conduite des véhicules compensent cela et atténuent la déception de ne pas avoir que des réussites dans les activités annexes.
On retrouve d'ailleurs ce sentiment mi-figue mi-raisin dans les missions du scénario. Elles ne sont pas toutes fulgurantes et intéressantes, les braquages qui nécessitent de la préparation sont trop peu nombreux au final mais l'écriture de certaines d'entre elles sont géniales, tout le personnage de Trevor tient à lui tout seul le génie du jeu même si Francklin et Michael ne sont pas aussi effacés que ce que l'on aurait pu craindre. Le scénario n'arrivera quant à lui jamais à la hauteur d'un Red Dead Redemption (au moins dans son final).

Au final quand on parle de GTA 5, le cœur balance, dois-je me rappeler de ces moments d'extase, de frénésie, cette envie de ne plus lâcher la manette avant d'avoir tout fait, tout déniché, ce malgré des bizarreries dans le game design (sérieusement peut-on trouver les lettres et morceaux de vaisseaux sans soluce à moins d'y passer sa vie ?), poussé par le plaisir de conduire (la vrai réussite du jeu !) ?
Ou dois-je me souvenir de ces regrets ressentis à la suite de fusillades moins percutantes que dans d'autres jeux d'action, de cette lassitude affichée quand lors d'une quête secondaire on nous demande de courir dans le désert alors qu'il y a tellement de choses plus fun à faire dans le titre et de la frustration de ne pas avoir de vrai envolées de rythme et d'adrénaline dans le déroulement de l'intrigue.

Le choix est fait en ce qui me concerne mais nul doute qu'il sera bien différent d'une personne à l 'autre.
ngc111
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le 1 déc. 2013

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ngc111

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