John Wick Hexperience

Quand on pense à John Wick, on visualise instantanément de superbes scènes d'action magnifiquement chorégraphiées. Quand on pense à un jeu vidéo John Wick, on imagine très vite la potentielle spectacularité d'un jeu d'action à la Batman Arkham ou même d'un FPS, à l'instar du titre VR John Wick Chronicles. C'est donc tout naturellement que Mike Bithell et son équipe nous apportent un... jeu de stratégie. Et pour être honnête, sans même considérer le jeu en lui-même, j'avoue que cette démarche me plaît beaucoup. C'est avec ce genre parti pris osé que les développeurs suscitent la surprise et insufflent un véritable cachet à leur titre. Encore faut-il que ce dernier soit bon. Constatons ensemble si c’est le cas pour ce John Wick Hex.

C'est avec une certaine curiosité que j’ai lancé le titre pour la première fois.
Dès le menu, on peut constater le style graphique élégant, tout en cel shading, dont les teintes de couleurs restent fidèles à l'identité visuelle de la saga. C’est une fois au cœur du jeu, on se retrouve confronté à une première embûche : la prise en main. En effet, même si les tutoriels sont plutôt clairs, il m'a fallu quelques heures avant de pleinement appréhender l’apparente complexité du gameplay. Cela vient peut-être du fait que je suis totalement étranger à ce type de jeux, mais lors de mes premiers affrontements j'étais face à deux cas de figures :
- Soit je me faisais pulvériser, dès que plus de deux adversaires étaient à l'écran.
- Soit j'arrivais tant bien que mal à les éliminer, mais en répétant peu ou prou les deux mêmes actions (à savoir tirer et jeter son gun sur l'ennemi pour l'assommer).

J'ai finalement surmonté le problème en suivant tout simplement les conseils du tuto qui, à raison, insiste sur l'importance d'un élément clé. L'outil qui, une fois maîtrisé, m'a permis de réussir mes missions tout en prenant plaisir à enchaîner les actions stylées : La barre chronologique. Mais avant d'aller plus loin, il est important de préciser que le titre ne se joue pas en temps réel. En effet, le joueur a tout le temps de réfléchir à sa prochaine action car le temps est arrêté si l'on ne fait rien. Il existe également un mode rapide qui ne vous laisse que 5 secondes pour se décider, mais le jeu a été conçu pour arrêter le temps entre chaque action, à l'instar d'un SUPERHOT.

Revenons à notre fameuse barre chronologique. Située en haut de l'écran, cette dernière matérialise les prévisions du protagoniste, qui anticipe le comportement des ennemis. Elle nous permet leurs prochains agissements mais aussi la durée de nos potentiels mouvements. Cela peut paraître complexe a priori, mais il est en réalité cette notion s’assimile en deux ou trois niveaux. Une fois cette mécanique intégrée dans notre esprit, il est bien plus facile d'avoir l'avantage sur les ennemis en agissant avant eux. On apprend ainsi à gérer les différents types d'ennemis. Certains sont armés, d'autres non, d'autres encore sont lents mais plus résistants, et évidemment, parfois vous devrez tous les affronter à la fois.

Après ce temps d'adaptation, John Wick Hex s'avère plutôt plaisant à jouer. Bithell Games réussit l'exploit de nous faire ressentir toute la puissance du personnage qui enchaîne les éliminations tout en esquivant les attaques de groupes d'ennemis entiers.

Cerise sur le gâteau, à la fin de chaque séquence, le jeu nous propose de revoir cette dernière en temps réel (à la manière d’un SUPERHOT, encore une fois). Les gestes robotiques du personnages retirent un peu du côté spectaculaire, mais cette fonctionnalité reste sympathique pour frimer quand on est particulièrement fier du déroulement du niveau que l’on vient de terminer.

Malheureusement, c’est loin d’être toujours le cas. Cela est en grande partie dû à la répartition des touches. Même après avoir pris le temps de prendre en main le titre, il arrive que le personnage effectue une action que l'on ne voulait pas à la base, à cause d’une bête erreur de bouton. Quand on joue sur PS4, il faut parfois appuyer sur croix, et parfois sur carré mais en jeu, la sélection est parfois confuse. C’est pourquoi il est conseillé de bien prendre son temps entre chaque choix. Essayer de jouer rapidement est souvent synonyme de missclick. Ajoutez à cela une certaine illisibilité dans les moments où John se retrouve au milieu d’un groupe d'au moins quatre ou cinq ennemis, et c’est le bazar assuré. Il n'est pas rare dans ces moments de se déplacer alors que l'on voulait attaquer, de lancer la mauvaise attaque, en bref de ruiner ses séquences, qui deviennent rapidement si difficiles qu’une simple erreur signifie un game over.

Tant qu’on évoque les éléments brouillons, parlons de la barre de concentration. Je sais qu’elle sert à effectuer des roulades, mais elle ne se vide pas pour la majorité des autres actions. Je n’ai tout simplement pas compris la raison de sa présence. Pourquoi avoir mis en place ce système de concentration si cela ne sert qu’à une ou deux actions ? Cela dit, il est possible que je sois seulement passé à côté de sa réelle utilité, mais je tenais tout de même à la mentionner.

Du reste, le plus gros point noir du titre est, selon moi, son manque de liberté d’action justement. Il est possible de parcourir les niveaux en prenant différents chemins, mais l’approche sera toujours la même. Il est possible de se baisser et de faire des roulades, mais pas de traverser furtivement les niveaux par exemple. Nous faisons face à différents types d’ennemis, mais en venir à bout se résume très vite à leur tirer dessus, se mettre à couvert et les assassiner. Pour résumer, cela peut devenir assez fastidieux.

Le seul élément tente vainement de contrebalancer cette répétitivité réside dans les petits changements entre chaque run. J'ai eu l'impression que chaque fois que je relançais un niveau, le placement des ennemis n'était pas tout à fait le même. J’ignore s'il y a un réel changement ou si cela est dû à un léger changement de déplacement de ma part, mais dans tous les cas, il est rare de rencontrer un ennemi exactement au même endroit à chaque fois. En tout cas, il est possible d'apprendre le déroulement des séquences au fil des essais (tout en gardant une part d'improvisation).

Dans l'ensemble John Wick Hex est un bon jeu. Encore une fois, le parti pris d'un tactical avait de quoi surprendre, mais il faut avouer que Bithell Games s'est bien débrouillé. Malgré des erreurs de jouabilité qui nuisent à l'expérience globale, les sensations d'incarner John Wick sont bel et bien là. Le plus important c’est qu’on y revient. Il m’est arrivé plusieurs fois de buter sur certains niveaux, mais l’envie de réessayer revenait rapidement après avoir éteint la console. John Wick Hex restera donc pour moi un petit jeu sympathique et original de par sa nature même. En quelques années, John Wick est devenue la nouvelle icône du cinéma d’action. Ses scènes de combats spectaculaires et son univers fascinant présentent un grand potentiel vidéoludique qui, je l’espère, sera encore exploité. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est encourager les autres studios à créer des expériences aussi surprenantes que John Wick Hex. Ce dernier est loin d’être parfait, mais nous rappelle qu’un jeu vidéo peut appartenir à de nombreux genres et adopter de nombreuses formes, parfois imprévisibles.