Lunark
7.2
Lunark

Jeu de Johan Vinet, Canari Games et WayForward (2023Nintendo Switch)

Le bonheur tient presque dans 200x112 pixels

Ha ! Les bons souvenirs des jeux de plateforme narratifs d'antan, dotés d'une gestuelle si réaliste avec quelques pixels seulement... Lunark pioche allègrement dans cette délicieuse époque pour nous proposer une aventure épique, entrecoupée de cutscenes qui auraient fait le bonheur des joueurs Megadrive. Et c'est l'occasion de découvrir un fait scientifique : notre cerveau occulte les souvenirs douloureux. Car oui, à l'époque, la terrible mécanique du die & retry faisait foi et naturellement, Lunark n'y coupe pas. Aïe aïe aïe, est-ce qu'en 2023 cette sauce n'a pas légèrement tourné ?


En vue de coupe, vous déplacez donc votre héros de plateforme en plateforme dans des mouvements d'une fluidité quasi humaine. La contrepartie : les réactions du perso ont un léger temps de latence, comme nous dans la vie. S'arrêter net n'est pas possible, de même qu'enchaîner deux sauts. Il vous faut donc réaliser les actions au coup par coup, marquer le temps d'arrêt nécessaire - sinon notre héros se trouve emporté dans son élan. Et qui dit plateformes dit chute. Dans Lunark, vous mourez, beaucoup. Cela fait partie du jeu : mourir et recommencer. Ce qui ne poserait pas de soucis si les adultes que nous sommes n'étaient pas devenus flemmards au point de se débiner devant un niveau complet à recommencer.


Vous avez un souvenir ému de Flashback ? Tiens, vous l'avez même refait lors de sa réédition et vous en êtes arrivé à bout ? Félicitations, Lunark est définitivement fait pour vous. En notant tout de même quelques subtilités. Dans le jeu, vous l'aurez compris, l'échec fait partie de la progression. Mourir est une manière d'expérimenter et de s'améliorer au fur et à mesure que vous avancez. Est-ce tricher de savoir où est situé un ennemi lorsque vous revenez une fois ressuscité ? Non, c'est la mécanique du jeu qui est comme ça. Car vous ne mourez pas réellement, le jeu vous apprend que notre héros a un lien physiologique particulier avec la flore locale, qui le fait "éclore" dans une plante à quelques points clés du niveau. Ces points de sauvegarde temporaires ne sont pas équitablement répartis et s'ils vous évitent parfois de se coltiner un passage difficile, ça n'est pas systématiquement le cas.


Mais si cette aide est appréciable, Lunark ne prend pas en compte un fait pourtant évident : il nous arrive, nous autres joueurs, de parfois devoir quitter le jeu en plein niveau, pour, au hasard, s'occuper de nos enfants, passer à une autre activité ou tout simplement changer de jeu. Lunark ne l'autorise pas. Quitter un niveau, c'est faire une croix sur sa progression avec les points de sauvegarde temporaires. Et plus vous avancez dans le jeu, plus les niveaux sont longs et ardus, ce qui implique de prévoir une session de deux bonnes heures pour terminer le dernier niveau. Et sincèrement, à moins d'être célibataire nullipare ou de laisser sa Switch en veille sur le jeu sans en changer (bon courage si vous avez des enfants), qui peut se le permettre ?


Quel tiraillement. D'un côté, plonger dans Lunark c'est toucher du doigt la nostalgie des hits de notre jeunesse, dans un style parfaitement maîtrisé, avec tous les ingrédients d'un succès garanti : ambiance, musique, l'envie insatiable d'avancer dans l'histoire, le challenge du pixel perfect, une difficulté de progression en cours de jeu bien dosée... Et de l'autre, l'épuisement du die & retry l'emporte peu à peu sur le reste, couplé à des points de sauvegarde qui se comptent sur les doigts d'une main amputée - avec comme couperet fatal l'impossibilité de quitter le jeu sans recommencer ensuite le niveau complet. En 2023, cela a définitivement plus de mal à passer qu'en 1993. Une mise à jour sans cette contrainte et la note double.

Test complet publié sur Gamatomic


gaetan
5
Écrit par

Créée

le 2 mai 2023

Critique lue 22 fois

gaetan

Écrit par

Critique lue 22 fois

D'autres avis sur Lunark

Lunark
cosmoschtroumpf
8

Critique de Lunark par cosmoschtroumpf

Important : le jeu est sorti avec des problèmes de contrôles, qui ont été corrigés par un patch ultérieur. J’ai fini le jeu une première fois avant ce patch, puis j’en ai refait les 3/4 une fois la...

le 6 juil. 2023

2 j'aime

3

Lunark
cyborgjeff
10

Critique de Lunark par cyborgjeff

Récemment j’ai eu la chance (et vu le prix, c’est un peu plus que de la chance) de pouvoir découvrir un titre à la sauce Rétro que j’attendais depuis un long moment, sorti au printemps dernier :...

le 11 déc. 2023

Lunark
gaetan
5

Le bonheur tient presque dans 200x112 pixels

Ha ! Les bons souvenirs des jeux de plateforme narratifs d'antan, dotés d'une gestuelle si réaliste avec quelques pixels seulement... Lunark pioche allègrement dans cette délicieuse époque pour nous...

le 2 mai 2023

Du même critique

2036 Origin Unknown
gaetan
7

« Gna gna gna j’ai rien compris »

Facile de balancer une mauvaise note : petit budget, peu de decors, et des références narratives à un colosse : 2001. Mais. Le cliffhanger du dernier tiers du film (qui se fait sentir ou du moins...

le 24 mars 2020

8 j'aime

Navarro
gaetan
2

Critique de Navarro par gaetan

Pas ouf. Sauf l'épisode où je suis figurant et le script stipule : "le jeune délinquant fait un fuque à Navarro, qui s'enfuit en Safrane".

le 30 sept. 2010

7 j'aime

Effondrement
gaetan
8

On va tous mourir

Si vous vous êtes toujours intéressé à ces grandes civilisations qui ont dominé leur partie du monde avant de disparaître, Effondrement est pour vous. Comment les Mayas, guerriers et bâtisseurs de...

le 27 févr. 2016

6 j'aime