Mario Tennis Open
6.3
Mario Tennis Open

Jeu de Camelot et Nintendo (2012Nintendo 3DS)

Après un Mario Power Tennis qui avait commis une double faute sur Gamecube et Wii (les coups spéciaux abusés venant totalement hacher le jeu et plomber le rythme des échanges), Mario Tennis Open sur 3DS revient à un gameplay et à une recette beaucoup plus épurés. Autant dire qu'il se situe dans la lignée directe du fantastique Mario Tennis 64 : gameplay ultra-accessible qui préserve néanmoins une bonne marge de progression, vivacité des échanges et convivialité des parties à plusieurs sont ainsi de retour dans la recette concoctée par Camelot. Retour gagnant ?


S'il y a un point sur lequel Mario Tennis Open est inattaquable, c'est bien son gameplay. Exit les coups spéciaux abusés qui plombaient le rythme et l'équilibre des matchs dans Mario Power Tennis. Bien sûr, chacun des 16 personnages (dont 4 à débloquer avec les mini-jeux, sans compter les 7 Yoshis de couleur déblocables par QR Code) a ses spécificités selon son profil (Complet, Défense, Ruse, Vitesse, Puissance, Technique) avec ses points forts et ses points faibles. Mais pour le reste, les coups spéciaux se limitent désormais aux coups classiques (lift, plat, coupé, amorti et lob) dont la puissance et l'effet sont renforcés par le seul fait de les avoir déclenchés sur la pastille de couleur équivalente et en les chargeant suffisamment. Sortir le bon coup avec le bon timing pourra ainsi donner un avantage déterminant dans un échange... même si contre un adversaire humain, il sera aussi utile de feinter en déclenchant un coup différent de celui suggéré par la console (en lobbant par exemple son adversaire qui se rue au filet en anticipant un super amorti). En retour, chaque coup spécial peut aussi être contré plus facilement par une parade (le lift et le lob par un coupé, le coupé par un lift, etc...). Autant dire qu'il faudra être particulièrement observateur et réactif pour prendre un avantage dans l'échange. Ce système est d'autant plus efficace que les commandes sont très simples (rendant caducs le contrôle au tactile et au gyroscope) et faciles à assimiler (A pour le lift, Y pour le plat, B pour le coupé, B puis A pour l'amorti et A puis B pour le lob), a fortiori lorsque l'on sait que les correspondances avec les couleurs sont en permanence affichées sur l'écran tactile. Simplissime... et pourtant ultra-efficace.

Le problème est que ce Mario Tennis Open a quasiment été pensé comme Mario Tennis 64, c'est-à-dire comme un jeu tirant sa quintessence avec 2 à 4 joueurs humains. Le mode solo est en effet pour le moins anémique puisque le mode RPG qui faisait toute la profondeur de la version Game Boy Advance a mystérieusement disparu. En solo, il faudra donc se contenter d'enchaîner 8 coupes (en individuel ou en double) dont on pourra faire le tour en à peine 2 à 3 heures tant le niveau de difficulté est abusivement bas (avec une IA inexistante au moins sur les 4 premières coupes... et la quasi-impossibilité de faire une faute en sortant une balle des limites du terrain). Par ailleurs, les courts proposés ne sont pas en nombre spécialement impressionnant puisqu'ils correspondent aux 8 tournois. On se retrouve ainsi avec 7 courts spéciaux (Vallée Champignon, Désert Wario, Jungle DK, Dôme galaxie, Château de Bowser, Ile des pingouins et Palais de Peach) et 3 courts traditionnels (terre battue, dur et gazon). C'est un peu faiblard...d'autant que les différences de surface ne sautent pas vraiment aux yeux en termes de gameplay (à part peut-être le Désert Wario particulièrement lent et avec un rebond quasi-inexistant ; idéal donc pour user et abuser des amortis).

Bien sûr, Nintendo a cru tout prévoir pour allonger la durée de vie en solo en créant un vestiaire avec 194 accessoires à débloquer et acheter pour personnaliser son Mii tant au niveau visuel qu'au niveau de ses performance en termes de puissance, d'effet, et d'agilité (48 raquettes, 40 tenues, 40 brassards, 40 paires de chaussure et 26 costumes tout-en-un). Pour ce qui est des costumes, c'est assez simple, on les débloque en complétant des « succès » (vaincre un adversaire en niveau « légende », remporter 100 matchs en ligne, faire 20 rencontres Street Pass, débloquer le niveau « étoile » pour 15 personnages, etc...). Dommage en revanche qu'à part en consultant des FAQs sur internet, on ne connaisse à aucun moment les conditions pour les débloquer (contrairement à un Kid Icarus Uprising). Le système est en revanche inutilement compliqué pour les autres accessoires et est là pour rallonger artificiellement la durée de vie. En effet, chaque match joué en solo en tournoi ou en exhibition (qu'il soit gagné ou perdu) débloque aléatoirement un accessoire dans la boutique. Seulement, et c'est une subtilité de taille, le débloquer ne suffira pas pour s'en équiper puisqu'il faudra ensuite passer à la caisse pour se le payer contre des pièces (entre 250 et 4200 pièces suivant les articles). Or, ces pièces ne se gagnent uniquement qu'en jouant aux 4 mini-jeux présents dans le jeu et qui font plus ou moins office de tutoriel pour développer différentes aptitudes en vous forçant à utiliser les différents coups (Défi anneaux, Super Mario Tennis, Echanges galactiques, Halte aux plantes). Autant dire qu'en ne gagnant que 500 pièces en moyenne après 3 minutes environ de jeu... il va vous en falloir du courage pour répéter inlassablement les mêmes mini-jeux pour engranger péniblement quelques piécettes ; étant précisé que les matchs en ligne ne rapportent rien du tout si ce n'est des médailles honorifiques utiles pour débloquer quelques costumes. Et comme vous vous rendrez vite compte que les accessoires ne présentent que des différences très subtiles, vous aurez assez vite trouvé la combinaison d'accessoires qui vous convient pour briller en ligne. Même compléter une tenue entièrement assortie (par exemple : la raquette, la tenue, le brassard et les chaussures Bloups) vous octroyant un petit bonus d'aptitudes ne devrait pas vous prendre trop de temps. Autant dire qu'une fois trouvée chaussure à votre pied (c'est le cas de le dire...), rien ne sera plus là pour vous motiver à refaire des matchs pour débloquer d'autres accessoires... et a fortiori pour vous infliger plus longtemps les véritables purges que sont les mini-jeux (du moins passé plus de quelques minutes dessus le temps de tuer le temps dans les transports en commun). On notera enfin que là où la customisation et le bidouillage étaient un véritable plaisir dans Kid Icarus Uprising, ils sont ici plutôt rendus pénibles faute de pouvoir comparer en permanence sur le même écran les performances de deux accessoires d'une même catégorie (comme dans tout bon RPG qui vous indiquerait par des flèches de couleur et des chiffres l'effet du nouvel équipement). Au lieu de cela, il faudra visualiser les performances globales sur 3 camemberts (puissance, effet, agilité)... et les garder en mémoire le temps de faire défiler les pages pour sélectionner un autre accessoire. Vraiment mal foutu...

Le cœur de l'intérêt de ce Mario Tennis Open réside donc dans son mode multi. Et si vous n'avez personne dans votre entourage avec une 3DS (le multi local ayant néanmoins la bonne idée d'être compatible avec une seule cartouche), il va nécessairement falloir se rabattre sur le mode online (heureusement exempt de lag la plupart du temps). Et une fois encore, on reste un peu sur notre faim. Pas tant à cause des matchs qui sont des matchs très courts (au choix, un simple tie break ou un match en deux jeux gagnants) mais qui sont largement suffisants, surtout quand on constate déjà quelques « rage quits » au bout d'une minute ou deux en cas de situation désespérée. De toute façon, à part quelques matchs très équilibrés, on est vite fixé sur son niveau (ça tourne vite à la démonstration ou à la rouste). Non, si le jeu en ligne est ultra limité, c'est qu'il est en effet particulièrement pauvre en termes de choix et de personnalisation : en dehors du choix d'un tie break ou d'un match en deux jeux, rien n'est customisable. On ne peut pas choisir son court, on ne peut pas choisir la durée du match... et il n'y a aucun filtre pour choisir ses adversaires selon son niveau (à part le choix entre les « amis » et les anonymes). Il ne faudra pas non plus compter sur le moindre tournoi en ligne. Le système de classement est par ailleurs particulièrement rudimentaire et peu stimulant. Il y a d'un côté un classement mensuel basique (plus on joue... et plus on marque de points) qui se réactualise et ne prend en compte que les points marqués lors des 30 derniers jours. Bref, si vous ne jouez plus passé 30 jours, votre total de points est remis à zéro. Rude. Le second classement reflète un peu plus votre niveau sur la durée et ressemble à celui de Mario Kart Wii : vous commencez avec un solde de 2000 points et celui-ci évolue positivement ou négativement au gré de vos victoires et de vos défaites... avec plus ou moins de points à la clé suivant le différentiel de niveau avec votre adversaires (chose absurde, un match gagné avec difficulté contre un adversaire de faible niveau vous fera même perdre quelques points !). Bref, le mode en ligne sera surtout le mode idéal pour faire une ou deux parties de temps en temps et briller en ligne avec son Mii customisé tout en testant les attributs des accessoires achetés à prix d'or... mais guère plus.

Le mode Street Pass est lui aussi un poil décevant avec aucun échange de statistiques (classement, nombre de victoires...) à la clé contrairement à ce qu'on trouvait dans Mario Kart 7 ou Kid Icarus Uprising. Ici, une rencontre Street Pass n'offre que deux possibilités : faire un tie break contre le Mii personnalisé de l'autre joueur contrôlé par l'IA (ce qui est donc sans intérêt par rapport aux fantômes de time trial de Mario Kart 7) ou jouer au Défi anneaux en duo pour gagner quelques pièces. Il y a bien quelques costumes tout-en-un à gagner en remplissant certaines conditions... mais l'intérêt ne va vraiment pas bien loin.


Au final, si on était sarcastique, on pourrait dire que Mario Tennis Open n'est qu'une version améliorée graphiquement de Mario Tennis 64 avec l'ajout de l'effet 3D (aussi sympathique que discrète et anecdotique) et un embryon de jeu en ligne (service minimum, Nintendo oblige). Ni plus, ni moins. Il est ainsi dommage qu'avec un gameplay aussi nerveux et bien pensé, Nintendo et Camelot n'aient pas enrichi un minimum le contenu de la cartouche (pas de mode RPG, seulement 8 tournois dont on peut faire le tour en deux ou trois heures) et aient opté pour des choix rallongeant inutilement la durée de vie (avec près de 200 objets de customisation à acheter au prix de longues sessions de mini-jeux). Mario Tennis Open est donc une valeur sûre du tennis arcade simple et efficace, mais si vous le destinez à n'y jouer qu'en solo, vous risquez de tourner bien vite en rond. Il ne prendra un intérêt exponentiel qu'en multi local (et dans une moindre mesure avec le jeu en ligne). Un jeu totalement maîtrisé... mais on attendait tout de même un petit peu plus de la part de Camelot et Nintendo qui n'ont fait que réciter les gammes déjà bien maîtrisées de Mario Tennis 64.
marchiavel
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le 15 juin 2012

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