Après un développement tumultueux au possible, Metal Gear Rising : Revengeance voit enfin le jour. Spin-off de Metal Gear Solid, « MGR » pour les intimes, n’est indéniablement pas là pour toucher les fans de Solid Snake : dites au revoir à l’infiltration au profit d’une action pure et dure à travers un beat’em all survolté où l’on dirige Raiden, ce vilain petit canard qui avait tant fait polémique à la sortie de Metal Gear Solid 2. Ajoutons à cela que le
rôle de Hideo Kojima dans ce projet n’était pas aussi important que sur la série principale et vous obtenez assez d’éléments pour que les experts ès Metal Gear crient à l’hérésie pour de bon. Néanmoins Platinum Games, aux commandes de cet opus, nous a prouvé par le passé qu’il ne fallait pas juger un livre par sa couverture, et Metal Gear Rising illustre parfaitement cette maxime.

Le premier point sur lequel il est bon de s’attarder lorsque l’on évoque un épisode de la désormais mythique série de Kojima est son scénario qui bien qu’un peu tiré par les cheveux par moments, reste un exemple. Metal Gear Rising a ici la lourde tâche de nous narrer l’après Metal Gear Solid 4 qui concluait avec brio une histoire étalée sur plus de 50 ans. Très vite plongé dans l’action, on retrouve donc Raiden qui officie pour une société militaire privée ; sa mission : protéger le premier ministre d’un pays africain qui se fera très vite enlever. S’en suivent des combats pour sauver ce fameux ministre, des rencontres avec des ennemis tous plus vilains les uns que les autres comme ce cher Sam « Jetstream » Rodrigues, un épéiste talentueux qui viendra nous infliger une bien sévère correction qui mènera à l’échec de notre mission (et à quelques membres en moins pour notre héros).

Le cadre est posé, Metal Gear Rising est un cliché géant, tant dans ses situations parfois proches d’un manga pour adolescents que dans ses personnages (le savant allemand, le militaire russe, la blonde inutile, le fidèle chien-chien compagnon etc.). Ce côté « nanardesque » est d’ailleurs présent tout le long de notre aventure, le scénario paraît alors vite prévisible et désuet d’intérêt, ce qui nous pousserait presque à couper les cinématiques si la mise en scène n’était pas aussi léchée.

Fort heureusement, le jeu peut néanmoins compter sur un aspect idéologique encore une fois très présent, Kojima oblige. Petit à petit les développeurs viennent à remettre en question le leitmotiv de tous les meurtres que l’on effectue sans vergogne aucune, en nous « obligeant » par exemple à écouter les pensées des hommes apeurés que l’on affronte lorsqu’ils sont aux portes de la mort. Idée plus qu’intéressante dans un beat’em all, genre réputé comme défouloir et peu enclin à la réflexion. Mais n'y voyons là rien de SUPER psychologique non plus. Ce scénario se boucle en sept heures environ, beaucoup crieront là au scandale mais le jeu offre une rejouabilité affolante comme c’est souvent le cas avec les jeux Platinum Games voire avec les Metal Gear en général : costumes à débloquer, figurines et identifications d’ennemis à collectionner, missions de réalité virtuelle ; les joueurs les plus acharnés ont du grain à moudre.

Pour continuer dans les affiliations avec la série-mère, Metal Gear Rising compte moultes clins d’œil visant à charmer le fan. Du désormais culte CODEC en passant par le point d’exclamation au dessus des ennemis lorsque l’on se fait repérer, Platinum Games a pris soin de ne pas dénaturer totalement la série malgré un gameplay radicalement différent.

Le gameplay, parlons-en, car c’est là le point qui dépayse le plus dans cet épisode. Platinum Games est un studio qui a très vite acquis ses lettres de noblesse grâce à des titres à la maniabilité irréprochable (Bayonetta et Vanquish pour ne citer qu’eux) et la donne ne change pas ici encore. MGR offre une expérience intuitive, nerveuse et profonde qui ravira aussi bien les non-initiés au genre qui aiment appuyer frénétiquement sur tous les boutons n’importe comment, que les experts, qui trouveront là un attirail de combos ne cessant de s’enrichir grâce aux nombreuses armes et améliorations à débloquer avec la monnaie du jeu (c’est là encore un bon point de rejouabilité puisqu’il est impossible de tout débloquer en une partie). Raiden peut courir à vive allure, dévier les balles avec son katana, sauter sur des missiles, faire des combos aériens… On reste là face à une expérience de beat’em all assez classique, mais le jeu nous tient en haleine grâce à différents mécanismes intéressants.

Premièrement, évoquons le « Zandatsu », ce système mis en avant dès les premières bandes-annonces de MGR est le petit plus du jeu qui fait tout son charme. Pour activer le Zandatsu, il suffit de maintenir la gâchette gauche : vous entrez alors dans un mode où le temps se ralentit, tandis que Raiden assène des coups de katana que vous dirigez à votre guise à l’aide du stick droit, ce qui permet (entre autres) de couper des pastèques avec précision ou, plus utile, de couper les membres de vos ennemis (certains d’entre eux nécessitent tout de même d’être affaiblis avant de pouvoir jouer les apprentis boucher). Deuxièmement, le contre, qui était déjà apparu dans Bayonetta à condition d’équiper un accessoire, est maintenant disponible tout le temps et devient vite un indispensable pour progresser dans les niveaux de difficultés supérieurs. Le principe est le même que dans le jeu suscité, lorsque l’ennemi attaque, il faut pousser le stick dans sa direction. S’offrent alors 3 possibilités selon le timing de votre contre : si celui-ci est hasardeux, l’attaque sera juste parée ; s’il est potable, l’ennemi sera repoussé, enfin si le timing est parfait, un QTE vous proposera de contre-attaquer l’ennemi afin de l’exécuter sur le champ. A propos des QTE, là où de plus en plus de beat’em all tombent dans la facilité en nous obligeant à en exécuter 50 par minute, MGR reste raisonnable et n’en propose qu’à quelques rares occasions, entre deux phases d’un boss par exemple.

Maniabilité parfaite ? Peut-être pas, très souvent l’action est un brin bordélique et il est dur de s’y retrouver surtout face à une caméra qui ne semble pas être dans notre camp. Qui plus est, le système de verrouillage des ennemis choisit parfois des ennemis un peu au hasard, ce qui devient vite désagréable, surtout lorsque l’on veut contrer les attaques de ces derniers. Dans la veine du gros bordel ambiant on pourrait citer les boss aux patterns assez douteux, qui du coup se butent avec beaucoup de bourrinage couplé à du spam de contre pour en prendre le moins possible dans la tronche. Les boss sont des combats-clés dans un BTA, ils sont ici un peu gâchés, en plus d'être faussement charismatiques. Pour continuer sur les défauts techniques, le jeu n'est pas une claque graphique. C'est beau, certes, c'est fluide, souvent, mais la palette de couleurs est beaucoup trop terne à mon goût, à l'instar d'un Vanquish qui restait bloqué dans les tons de gris.

Pour conclure, au-delà de nous offrir un spin-off d’une rare qualité, Platinum Games a fait de Metal Gear Rising une référence en matière de Beat’em All comme ce fut le cas pour Bayonetta deux ans auparavant. Le jeu n’est pas exempt de défauts mais rien qui entache réellement une expérience jouissive et spectaculaire. Bravo.
FunKDreamer
8
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le 18 avr. 2014

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