Je ne saurais commencer cette critique autrement qu’en déblatérant quelques lignes sur le mot « fanboy ». Certains se revendiquent en tant que tels, d’autres considèrent le terme comme insultant, mais là n’est pas le point. Je pense – pour ma part – qu’on a tous un côté fanboy en nous. Le tout est d’arriver à une juste mesure, une fois ce statut assimilé, entre ce qu’on aimerait voir dans les jeux video et ce qu’on accepte au final.

Quelle meilleure saga que Metal Gear Solid pour illustrer mon propos ? Après MGS 1, j’étais près à tout pour avoir la suite. Même à acheter Zone of the Enders dont je n’avais rien à faire pour tâter la démo de MGS 2 (que je n’ai pas eu alors. Les joies de l’occasion : il n’y avait que ZoE, la haine.). Nombre d’entre nous ont fait l’expérience de la limite du fanboyisme bête et à œillère avec l’apparition de Raiden en personnage jouable. Comment ?! Kojima m’empêche de jouer avec MON Solid Snake ?! C’est une honte !! Qu’il soit dévoré par des milliers de limaces rouge à pois verts !!

… Maaaaaais… Moi, j’ai fini par apprécier Raiden et à considérer MGS 2 comme un de mes jeux favoris (après le 1, naturellement, faut pas déconner non plus), donc acceptation de la vision de Kojima.

Là où j’ai coincé, c’est avec l’annonce de MGS 3. Non seulement, on n’incarnait plus Solid Snake (encore !!), mais en plus, Kojima se payait le luxe de ne pas continuer l’histoire de MGS 2 qui nous laissait quand même avec un cliffhanger d’enfoiré. J’ai du coup boudé cet opus pendant un long moment avant de m’y coller un jour où je l’ai trouvé pour pas cher. Là, pour le coup, c’était vraiment dans mon esprit une trahison de Kojima, vis-à-vis de son œuvre et surtout de l’image que moi j’en ai. Oui, on est con quand on est fanboy.

Inutile de vous dire la tronche que j’ai tiré quand on nous a annoncé en 2005 (ou 2006, j’ai un trou) la venue de MGS 4 avec pour personnage principal… Papy Snake à moustache. Oh. Putain. De. Bordel. De. Merde.

Alors déjà qu’avec MGS 3, j’avais l’impression d’un poignard dans le cul, mais avec MGS 4, c’est carrément avec le Metal Gear Ray que Kojima violait mes espoirs et attentes. Genre, okay, on vous file ENFIN la suite de MGS 2, mais bon, je vais quand même pas tout vous servir sur un plateau doré. Allez, zou, Snake avec de l’arthrose, c’est bon, ça. Transformons un des personnages majeurs, l’un des plus charismatiques de l’histoire du jeu vidéo en vieille loque à peine capable de tenir debout plus de vingt minutes avant de s’affaler de tout son poids en attente qu’on veuille bien lui faire un massage cardiaque. Merci.

Du coup, j’en viens – après ce long préambule plein d’aigreur et d’amertume – à la réelle introduction (oui, moi aussi je sais faire des retournements de situations pas possibles, Hideo) : je viens de plier, 5 ans après tout le monde, Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots.

Bon, bon, bon.

Vous vous souvenez peut-être (ou certains de mes lecteurs le vivent encore) du squelette d’une rédaction en philosophie ? Grand 1 : on dit pourquoi c’est bien. Grand 2 : on dit pourquoi c’est pas bien. Conclusion : c’est pas bien. Ça va être un peu dans cet esprit là. Désolé.

Rendons donc à César ce qui appartient à Kojima : c’est un putain de bon raconteur d’histoire. Il n’y a pas à chier. Certains moments transpirent l’émotion, les clins d’œil aux fans et le morceau de bravoure. Les derniers segments de jeu m’ont fait frissonner à quelques reprises, notamment le combat final, tout comme la cinématique post générique.

La musique est toujours aussi bonne, même si aucun thème n’égalera jamais l’ost de MGS 1, il en est qui ressortent avantageusement du lot, comme celui des Geckos.

C’est BEAU. Purée, ce jeu a 5 ans, mais il est beau ! Tout y est modélisé avec attention, réalisme et patience. Je tire mon chapeau. Des jeux sortis cette année sont largement hors compétition face à MGS 4.

Le fan-service est là, avec le retour de quelques personnages comme Meryl, Naomi ou Mei-Ling, mais surtout sur un lieu emblématique de la série et je dois dire que, bien que court, et finalement peu intéressante (du moins jusqu’au dernier segment qui est le summum de ce que Kojima pouvait me donner, huhuhu), cette traversée m’a fait énormément plaisir.

Bon, histoire, check, musique, check, graphismes, check, fan-service, à peu près check (vieux Snake, erk.), reste… Le doublage. David Hayter, parfait, le reste, on s’en tamponne… Et… Ben, c’est tout.

Dans mon jeune temps, quand j’arpentais le forum jeuxvideo.com de MGS 2 où j’ai perdu un grand nombre d’heures de ma vie, je me suis heurté à une critique redondante face aux MGS : cinématique interactive, peu de gameplay et bam une vidéo… Alors si à ce moment ça ne me touchait pas, j’aime autant vous dire que j’ai revu mon avis sur la question.

MGS 4 fourmille de moments où on ne joue pas. Dans l’absolu, l’histoire est poignante et même si je ne comprends toujours pas pour Kojima a décidé de flinguer (à mes yeux) Solid Snake, j’ai pris globalement du plaisir à la suivre… Mais pas à la jouer.

C’est absolument la première fois que ça m’arrive dans un JEU. Je ne voulais pas jouer, je ne voulais que connaître ce qui allait se passer après. Dans les faits, les phases de gameplay ne sont pas très intéressantes, le système simple de MGS 1 et 2 a déjà été complexifié par l’arrivée du camouflage et du nombre limité d’objets à transporter dans le 3 (oui, complexifié. Ça ne m’a pas apporté de la profondeur, ça m’a juste emmerdé), rebelotte avec le 4, mais avec encore plus d’armes, un système d’achats à la con rendant le jeu finalement assez simple et les phases d’action préférables à celle d’infiltration. Ce qui est totalement con.

La maniabilité de Snake a bien changé, les touches aussi, on ne peut plus s’appuyer contre le mur en courant dessus, il faut appuyer sur une touche ; il peut parfois sauter sur une surface un peu plus élevée, parfois non, va savoir pourquoi… Bon, ça m’a gonflé.
Les boss sont tous nazes. Je n’ai rien ressenti en les affrontant autre que de l’énervement tellement je les trouvais sans saveurs et particulièrement cons et inintéressants, malgré une chouette apparition lors du dernier affrontement avec les Beauty & the Beast. On est loin de Sniper Wolf ou Vulcan Raven, les enfants.

En fait, grosso modo, je me suis ennuyé. Je voulais juste me dépêcher d’atteindre la prochaine cinématique et profiter de l’histoire. Pas de l’animation outrancière et typiquement japonaise dans la gestuelle des personnages (surjeu des gestes, tout ça…), mais bien pour voir où ça allait me mener.

Et c’est là un problème non ? Si un jeu vidéo n’attire pas par son gameplay, c’est qu’il a raté quelque chose. Je finirai là-dessus, finalement je n’ai pas grand chose à rajouter. J’aimerais voir Kojima en réalisateur de films. MGS 4 sera le seul épisode que je ne referai jamais. Ça me fout les boules.
Owl
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le 24 avr. 2013

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Owl

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