Monster Hunter World: Iceborne
8.4
Monster Hunter World: Iceborne

Extension de Capcom (2019PC)

La dalle, voilà ce qui nous restait en travers la gorge arrivés une fois au bout de World. Et dire qu'on revenait d'un buffet XXL juste avant. Capcom avait tapé fort avec Generations Ultimate. 132 bêtes à chasser, presqu'autant qu'une génération entière de Pokémon (voire plus pour les dernières venues!) Alors oui, World est un grand bouleversement des codes du jeu de chasse. Un jeu grandiose au gameplay aussi labyrinthique que riche en plaisir et possibilités. L'élu. Il avait tout, mais si peu dans les poches. Évidemment, il restait l'espoir d'un "G". Ces fameuses extensions jadis vendues tel un jeu complet. Mais les années passent, le jeu vidéo se digitalisant toujours plus, Capcom sortit de sa tanière sa première extension purement DLC. Tel le grappin qu'arbore fièrement Iceborne, il s'agrippe à World et le rend encore meilleur. Il ne va pas droit au mur, mais sur le podium de la crème des Monster Hunter. Et à mes yeux, il est désormais le plus monstrueux d'entre eux.


Capcom est venu sauver les Deviljho affamés que nous étions. Non content de ramener une meute de nouvelles créatures, passant de 36 grands monstres à 73 (sans compter les petits herbivores et autres), Iceborne rajoute une couche sur le gameplay quasi-parfait de World. Le grappin, alors simple outil d'attache pour se déplacer en vitesse, est devenu une arme à part entière. L'introduction est brutale. Les habitudes se feront avec un peu de temps. Et pour couronner le tout, le DLC monte d'un cran la barre de vie des monstres. Il vous faudra rapidement encaisser la leçon de la quête 1 étoile du grappin. Le jeu VEUX que vous usiez de cette griffe rétractable. Oubliez les armes du lointain passé, le rang maître fout des claques humiliantes au nouveau venu. Cette nouvelle difficulté vous forcera à vous accrocher aux bêtes de deux façons.


D'une part, il y a le tir de mitraille. Un assaut sur la tête du monstre en somme. Désormais, chaque petit caillou, chaque petite baie trouvée au sol sera enfin utile. Une fois les munitions en place, la stamina à un niveau stable, on se jette dans la gueule du monstre. Sans tarder et en ayant un œil vif sur l'état émotionnel de la cible (l'icone globuleuse jaune du monstre sur la map. Devient rouge dès que le tas de muscles est enragé, rendant le tir de mitraille impossible), il faut diriger ce crâne à briser vers le mur le plus proche. Une simple pression sur le RT de la manette (toujours Xbox One) et boum! Un gros pourcent de dégâts s'affiche, montrant clairement que le joueur d'Iceborne se doit d'user du grappin au moins une fois toutes les 30 à 60 secondes. Vous pouvez aussi remplacer ce mur par une autre bête pour une festival de dommages, de cris et de coups d'épées!


Enfin, la vitalité des wyvernes oblige, Iceborne se doit de permettre un buff temporaire de votre force de frappe. L'autre face du grappin n'est autre que l'attendrissement de la peau du monstre. L'attaque est instantanée et déchirera la membrane de la zone tranchée. Chaque région du corps peut être attendrie, mais certaines armes demanderont jusqu'à deux tours de lame pour faire le travail (épée / bouclier, épée longue, insectoglaive entre autres). Sans quoi vous passerez plus d'une demi heure à trancher du lard et de l'écaille. Mais cette caillasse a une troisième utilité non pas des moindres. Le joyau sur la froide couronne.


Prenez la grande épée. Sa troisième charge est un véritable missile trancheur, l'attaque la plus dévastatrice du jeu. Cependant, l'activer demande du temps et de l'élan. La fronde vient en renfort, car il suffira de lancer des balles dès le premier coup de lame pour ensuite frapper avec la fameuse double frappe en demi-lune. Soudainement, le gros canif n'est plus tellement handicapé par sa lenteur. Pareillement, la double lame gagne un bond d'esquive en plein assaut de fronde. Un accrochage tranchant avec le grappin en plus. Le marteau devient une tornade inarrêtable par son tourbillon couplé au grappin. L'épée longue atteint toute sa maturité avec les attaques iai, ces coups de dégainage remplissant la jauge de divination d'un cran. C'est en plus une attaque de passage idéale entre deux combos. Et il y en a tant d'autres! Seules les deux types de fusarbalètes n'ont bénéficiées que de quelques minuscules nouveautés. Traverser l'océan et atteindre Iceborne, c'est réapprendre Monster Hunter World.


Après, nous l'avions tous prédit. Il manquait la région glaciale dans l'équation, cette formule qui se répétait depuis des lustres (forêt + désert + volcan + toundra). La boisson chaude a enfin son utilité (n'achetez pas Iceborne juste pour ça!), les transcendances des armes et armures deviennent plus complexes et permissives, les armures de rang maître ont été redesignées de plus bel! Et Seliana, cette petite bourgade en bois et vapeur! Elle est pleine de surprises, avec un Vaporium en guise de mini-jeu bon à glaner des sphères d'armures, une nouvelle baraque qui ferait presque de l'ombre à un Animal Crossing, un appareil photo pour des quêtes spécial(ement chiantes), une grande-salle superbe avec des tas d'animations adorables... Et aux alentours, le Givre éternel.


Cette nouvelle région est un monde extrêmement travaillé. Les détails sont hallucinants comparé aux quatre autres territoires du jeu de base. Il y a effectivement cette sensation de dépaysement total, même après les 300 heures sur World. Entre une partie toundra jonchée de conifères, des passages en neige profonde venant ralentir les pas du chasseur, une banquise fragile aux chocs des combats, des sources chaudes providentielles prêts à vous sauver du fléau glace, un permafrost parfois couvert de pics au sol prêts à être lancés sur l'ennemi, les cavernes roncées de stalactites... Au détour d'une expédition, vous ferrez la connaissance avec le peuple Félyne de ces terres froides, les Boaboa. J'adore leurs cris de malades mentaux, bien plus supportables que ces ahuris de Gajalaka! Le Givre aura également de jolis pièges cachés dans la nature, à savoir des stalactites à faire chuter sur les monstres, une avalanche à provoquer manuellement... Décidément la meilleure région du jeu complet! Il y a aussi une cinquième zone qui fait office de end game que je ne divulgâcherais pas. Les nouvelles menaces sont bien plus intéressantes que le gros étron Magdaros de World. Le Velkhana est un caviar au combat, et le gros lézard de boss final est vraiment une réussite de design et de moveset.


Et Capcom ne s'est pas arrêté là! Les mois suivaient, les mises à jours se gonflaient, le jeu se bonifiait. Le titre d'unique bête à croc du jeu a été donné au terrible Rajang, ce Super Saiyen Oozaru miniature. Plus tard, une version toujours plus brutale du Rajang (Orage) est venu transformer les joueurs en flaques de sang. Accompagné du Brachydios Tempête, une ogive nucléaire sur pattes. Puis, un Barioth Crocgivre est venu éclater des os. Suivi par le terrible cataclysme venu tout droit de Monster Hunter Tri, l'Alatreon. Enfin, le redouté et très difficile Fatalis est venu conclure cette belle aventure au pays des neiges. Bon, il y a aussi ces quêtes venues avec le f-film (beurk). Loin des quêtes Final Fantasy XIV et Witcher III, elle reste néanmoins la bienvenue pour gonfler encore plus cette immense baudruche de contenu qu'est World + Iceborne. Un suivi absolument exemplaire, surtout pour du Capcom, le roi des DLCs et extensions d'extensions. L'un des rares exemples à suivre aux côtés d'Hollow Knight et ses ajouts incroyables (tous gratos!)


Vous avez franchi le cap des 300 heures sur World? Venez donc atteindre les 1000 et quelques heures avec Iceborne. De loin le summum de la saga aux monstres géants. Sa jouabilité vous fera revenir encore et encore et encore sur le jeu. Les rangs monteront sans vous en rendre compte et vous en redemanderez toujours plus. Il sera désormais difficile de revenir en arrière après avoir goûté à un tel luxe. Le prochain chapitre, Rise, sera un petit frère studieux d'Iceborne. Difficile de croire qu'il est possible de faire mieux, mais c'est ce que nous disions déjà au temps de World. Monster Hunter est décidément une grande licence du jeu vidéo.

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le 3 mai 2021

Critique lue 314 fois

4 j'aime

Mottainai

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