Ni No Kuni, c'est tout simplement un rêve, un rêve d'enfant. Celui que vous faisiez quand vous étiez gamin, où vous chevauchiez des dragons dans des mondes féériques l'épée à la main, secondé par votre fidèle peluche, qui de tout temps fut bien plus qu'un simple assemblage de tissus à vos yeux innocents. Le vent vous balayait le visage, vous vous sentiez libre. Les chaînes coercitives de la jeune enfance se rompaient l'une après l'autre tandis que vous pourfendiez sans relâche les vils ennemis qui se dressaient sur votre route. Vous vous inventiez un univers, peuplé d’anthropomorphes, d'hommes des forêts ou encore, que sais-je, de pirates borgnes pour lesquels vous éprouviez une sympathie sans borne. La magie, votre magie, imprégnait ce monde d'une aura toute particulière. Vous vous sentiez en sécurité, rien ne pouvait vous arriver. Vos amis étaient toujours présents pour vous épauler. Chaque nuit vous les retrouviez, ils vous attendaient patiemment, prêt à s'engager dans de nouvelles aventures palpitantes à vos côtés.

Ni No Kuni, c'est tout cela, voire mieux. Ghibli, muni de son génie, parvient tout comme dans ses films d'animation à attribuer un caractère totalement transcendant au conte. Une fois placé entre leurs mains, on prend dix, quinze, vingt, trente ans de moins. On se retrouve à frissonner de plaisir à dos de dragon, à s'émoustiller de pouvoir lancer une nouvelle magie ou, à verser de chaudes larmes sur des destins tragiques. Je pourrais décrire toute la panoplie d'artifices et de mécanismes qui servent ce dessein, mais une analyse froide ne m'enchante guère. Ni No Kuni est un tout, une harmonie merveilleuse entre ses mélodies enchanteresses, son revêtement aussi pur que le cristal et son énigmatique peuplade. Quand on se prête au jeu de l'autre monde, la fraicheur de l'insouciance et la tendresse de l'innocence conquièrent aussitôt notre cœur. On se sent plus léger, comme dépouillé de notre enveloppe charnelle. On vogue alors, d'un côté, de l'autre, de ce monde qui semble sans limites, sans barrières autres que celles tacitement imposées par l'imagination.

Ni No Kuni c'est aussi une histoire, simple et touchante, celle d'un jeune garçon qui pour sauver sa mère entreprend un long voyage loin des siens, dans un univers qui ne lui est pas familier. Le symbole même de l'intrépidité et du courage aveugle qui caractérisent les jeunes années. Au cours de ce périple, Oliver va évoluer, au contact des autres et au contact de l'inconnu. Rien de trépidant sur le papier, rien de fondamentalement surprenant ou d'inhabituel non plus. Pourtant, le rythme des pérégrinations d'Oli-boy et la constance dans la progression du récit font que l'histoire suit son cours inlassablement, sûrement, pour aboutir sur un final en deux temps assez explosif. Il s'agira en réalité bien plus de profiter des légendes des peuples que vous croiserez sur votre chemin, des petites accointances ici et là qui vous solliciteront sans cesse pour un oui ou pour un non.

Ni No Kuni c'est enfin de la richesse et de la variété. Comment s'ennuyer avec un tel monde à explorer, des tâches à foison, un casino, un colisée, un manuel à compléter, des coffres cachés à n'en plus finir, etc. Amateurs d'annexes en tous genres, vous voilà prévenus. Par ailleurs on retrouvera ces deux qualités dans un gameplay, certes perfectible, mais néanmoins très plaisant à jouer. Basé sur la capture de monstres (plus de 400 différents), le système de jeu est on ne peut plus personnalisable et bénéficie d'une certaine dynamique, notamment durant les combats de boss, assez retors et très souvent palpitants. Quelques écueils se glisseront çà et là, notamment un léger aspect grind qui peut agacer, mais globalement le gameplay s'en tire avec les honneurs.

Bref, Ni No Kuni c'est du bon, mangez-en.
DocElincia
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le 7 févr. 2013

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DocElincia

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