Obscure (2004) est un jeu étonnant jouant à la fois la carte du survival horror façon Resident Evil, avec sa thématique horrifique, ses plans fixes et son gameplay rigide typique de l’époque, mais aussi la carte du second degré en faisant le choix très original d’implanter son histoire macabre au cœur d’une université américaine du début des années 2000 façon American Pie/Scream. Musique rock californienne respirant l’insouciance de la jeunesse, coupe typique de cette époque (court pour les garçons avec les piques plein de gel sur la tête), vêtements amples de skater, blagues de cul sans culpabilisation morale, jeunes filles en jupe courte, scénario de série B, Obscure est un témoignage édifiant de ce que fut les débuts de l’américanisation de la société française et dont je fus à ma petite échelle, un éminent représentant…sans le savoir ni le comprendre vraiment. Les studios MC2 France, jeu Français donc, ont su capter l’essence de cette culture populaire grandissante qui a marqué ma génération et l’ont retranscrit avec brio dans ce titre qui, près de 20 ans plus tard, suscite une douce nostalgie. En ce sens, je pars avec une appréciation biaisée du titre car j’ai adoré son atmosphère précisément pour les raisons évoquées ci-dessus. Ceci dit Obscure n’est pas American Pie non plus, il reste un jeu d’horreur au scénario anecdotique tellement il est con mais à la réalisation technique encore aujourd’hui très appréciable et, encore une fois, à l’ambiance soignée. Côté gameplay, j’ai trouvé moins archaïque la prise en main de ce titre par rapport à Resident Evil Rebirth. A la différence de la série de Capcom, vous avez la possibilité d’incarner quatre personnages, en binôme, chacun doté d’une aptitude spéciale. Personnellement, si j’apprécie avoir le choix, il ne m’a jamais semblé vraiment pertinent de changer de personnages en fonction des énigmes ou niveaux. J’ai parcouru l’intégralité du jeu avec le jeune à la chemise blanche et la blonde au tee-shirt rouge. Comme dans un slasher classique américain, il est possible de perdre définitivement des compagnons au cours de votre aventure selon vos actions. Vous pouvez les voir mourir en direct, si vous vous faites croquer par un monstre (et ils ne reviendrons plus) mais aussi au cours d’une cinématique si les conditions le permettent. Pour évitez de perdre ses personnages, il suffit de relancer une le dernier point de sauvegarde. Par ailleurs, et détail d’importance, surtout pour l’époque, il est possible de parcourir l’intégralité du jeu en coopération à deux. Pas d’écran séparé en deux permettant une exploration libre pour chacun des joueurs, il est impératif qu’ils se calent sur le même écran mais cela dit, je trouve l’idée excellente. Notez que sur la version Steam actuelle, il est tout à fait possible de jouer dans ces conditions. Comme Resident Evil, la plupart de vos actions dans Obscure consisteront à progresser méthodiquement dans les différents bâtiments de l’université en déjouant les énigmes et en affrontant des monstres de plus en plus hostiles. Fouille minutieuse des environnements et bonne gestion de son inventaire seront vos maîtres mots pendant la petite dizaine d’heures que propose le titre. Personnellement je l’ai fini en 6h avec 78% des succès. On reprochera au titre une gestion brouillonne des objets, notamment de son équipement, surtout qu’on doit partager l’armement et les soins entre vos deux personnages en permanence ensemble. Si vous jouez seul, l’IA qui vous accompagne n’est pas complètement demeurée et s’avère même plutôt proactive dans les phases de combat. Ce n’était pas la panacée mais rien de dramatique non plus, loin s’en faut. Enfin, mention spéciale à la bande originale produite par Olivier Derivière : des chœurs d’enfants. Passé l’incongruité initiale, on s’aperçoit que non seulement c’est magnifique mais qu’en plus la chorale s’accorde parfaitement avec l’action.


Pour conclure mon avis sur Obscure, j’ai passé un agréable moment. Si vous êtes un admirateur des jeux horrifiques dans le goût des premiers Resident Evil, essayez ce titre réalisé par les Français de chez MC2, il en a l'ADN et les codes. Certes le scénario est maigre, oui les personnages sont des stéréotypes d’adolescents des années 2000 et oui, le jeu est vieux maintenant mais il a gardé une certaine fraîcheur grâce à une ambiance légère et soignée et un gameplay « dynamique » pour le genre. Ah, j’allais l’oublier ! Obscure ne fait absolument pas peur. Ou du moins, il fait aussi peur, il est aussi effrayant que pourrait l'être le premier Resident Evil sur Playstation 1 en 2023. Voilà. Chacun sa sensibilité après tout… mais normalement cela devrait bien s’passer.


silaxe
7
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le 7 oct. 2023

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