Petit voyage dans le temps… Nous sommes à la fin du mois de juin de l’an de grâce 1998, je dirais approximativement entre Schmeichel et Chilavert, et votre serviteur est tout heureux, car les grandes vacances se profilent à l’horizon. Il l’est d’autant plus qu’il passe aisément en classe supérieure (la 3e), sans avoir pratiquement rien branlé de l’année… Ça lui fera d’ailleurs tout drôle de devoir taffer un minimum lorsqu’il arrivera au lycée…


Argent de poche…en poche, il parcourt innocemment le rayon jeux vidéo de l’hypermarché du coin (qui s’appelait encore Mammouth à l’époque, c’est dire si ça date!) lorsqu’une boîte de jeu flashy attire son attention… Elle est à l’extrême bout du rayon, et semble mise à l’écart (il y a un grand vide entre elle et le jeu le plus proche), comme si les gros hits du moment, Resident Evil 2 et Gran Turismo pour ne pas les citer, la snobait volontairement… Un chien anthropomorphe coiffé d’un bonnet rouge orne sa jaquette, ainsi qu’un titre teinté de mille et une couleurs : Parappa the Rapper.


Il convient de préciser qu’à cette époque, le bougre n’est point encore le metalleux au cœur tendre qu’il est actuellement, et se cherche toujours question musique ; il possède d’ailleurs aujourd’hui encore un certain nombre de CD bien honteux d’artistes bien pourraves, qu’il se gardera bien d’énoncer dans ces lignes… Et s’il n’est -déjà- pas vraiment fan de hip hop (encore moins aujourd’hui), il est en revanche très curieux de jouer à ce genre tout nouveau tout beau qu’est le jeu musical. Dans le pire des cas, ce ne seront que 99 Francs (15€ pour les jeunes :p) mal investis…


Je ne crois pas me tromper en affirmant que Parappa the Rapper est bel et bien le premier jeu de rythme de l’histoire du média, précédant de quelques mois Dance Dance Revolution, et de quelques années les Samba de Amigo et autres Gitaroo Man. On rappelle brièvement le principe : à l’écran se succèdent des touches ( L, R, X, O, Haut, Bas…) qui défilent en rythme avec la musique, et il faut "simplement" les presser au bon moment. L’originalité ici par rapport à la -future- concurrence est que l’on connaît déjà la séquence à effectuer avant de l’exécuter, un "prof" nous accompagnant à chaque niveau sur le chemin nous menant à la gloire la réalisant en premier, pour ensuite sanctionner notre propre performance…


Parappa the Rapper repose sur un système de notation simple mais efficace, construit sur quatre échelons, comme suit : "Cool", "Good", "Bad" et "Awful". On est positionné de base à l’échelon "Good" au début de chaque stage, tandis que deux erreurs consécutives nous font reculer d’un cran (la première faisant clignoter l’échelon inférieur) ; si le statut "Awful" est atteint, la musique s’arrête et on est bon pour purement et simplement recommencer le niveau… Bien que le jeu soit loin d’être complexe (on regrettera d’ailleurs l’absence de modes de difficulté), à condition bien sûr de connaître sur le bout des doigts l’emplacement de chaque bouton du pad PlayStation, on pourra en revanche quelquefois pester contre un jugement du CPU très hasardeux, **nous comptant parfois faux une séquence pourtant réalisée avec brio…**et inversement dans de très rares cas.


Bien qu’il soit le premier du genre, NanaOn-Sha (le développeur) a déjà compris la nécessité de doter son jeu musical d’un semblant de scénario, aussi basique soit-il, un moyen toujours très efficace pour bien impliquer le joueur dans son univers. On va par contre ici éviter de juger de la qualité de celui-ci, et se contenter de dire que le jeu est trop choupi avec sa profusion de couleurs psychédéliques, car si je devais émettre un avis… Parappa qui apprend le karaté pour défendre sa belle (bon, là ok c’est normal), qui passe le permis pour la conduire où elle veut, qui prend un job pour lui payer des trucs, qui apprend la cuisine pour lui mitonner des petits plats…c’est plus une relation amoureuse, mais miss Daisy et son chauffeur… Oh, et j’espère qu’ils n’auront jamais de gosses, car pour moi, l’union d’un chien et d’une fleur, au delà de son absurdité, ça donne…hum, un chieur ?


Côté graphismes, Parappa the Rapper est très original, puisqu’il nous présente des personnages totalement plats dans un monde en 3D intégrale (assez simpliste), qui semblent n’être faits que de papier lorsqu’ils se contorsionnent dans tous les sens… En y ajoutant son animation assez minimaliste, Parappa the Rapper est -un peu- le pendant vidéoludique de South Park (sans le côté trash of course). Côté musiques, les mélodies proposées sont entraînantes et éclectiques, avec des paroles plutôt sympa, tantôt marrantes, tantôt absurdes, mais toujours en accord avec la thématique du stage joué (la conduite, la vente, la cuisine, les toilettes…). Et si l’anglais utilisé est somme toute assez basique, il vaut mieux en avoir un niveau correct pour pouvoir en apprécier toute la substantifique moelle ; le jeu est certes traduit en français, mais suivre à la fois les sous-titres en bas et les touches défilant en haut de l’écran est loin d’être une sinécure…


Finalement, le seul véritable grief qu’on peut émettre à l’encontre de Parappa the Rapper est son contenu famélique : 6 chansons en tout et pour tout, et pas de mode multi. Ça reste tout de même à relativiser un minimum, sachant que le jeu est sorti en décembre 1996 au Japon, soit à une époque où quantité de jeux possédaient encore un contenu proche du jeu d’arcade, beaucoup étant même des conversions à la ligne de code près. Mais cet état de fait n’excuse pas tout, et l’absence d’un véritable mode deux joueurs (même si on peut toujours se mesurer à tour de rôle) se ressent quand même fortement…


Pour l’anecdote, il existe une "septième chanson" secrète se débloquant lorsqu’on parvient à finir les six stages avec le statut "Cool", un statut qui exige d’improviser pendant les morceaux, mais sans non plus faire "n’importe quoi" ; en fait, il faut surtout "expérimenter", car ce qui marche dans un niveau ne marche pas forcément dans un autre… Relativement aisé à avoir dans les premier ou troisième stages, il est en revanche bien plus difficile à atteindre dans les autres, notamment les 2 et 4… Mais à dire vrai, le jeu n’en vaut clairement pas la chandelle, tant ce "septième stage" (très court, pas de score, et en plus la "musique" est naze) n’a que peu d’intérêt…


En bref, pour une première tentative dans le genre du rythm game, Parappa the Rapper transforme très largement l’essai, et je n’ai donc jamais regretté d’avoir investi ces quelques 99 Francs. Pis de toute manière, les Gran Turismo et Resident Evil 2, je les avais déjà…

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le 2 déc. 2017

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