Phantom Brave
7.2
Phantom Brave

Jeu de Nippon Ichi Software et Koei (2004PlayStation 2)

Loués aient pu être les petits gars de chez Koei ! Malgré le succès commercial relativement faible que rencontrent les tactics sur le sol européen, ils nous ont fourni pendant une petite année, entre 2004 et 2005 avec ce Phantom Brave, Disgaea et La Pucelle. Ô joie, j'en bave encore sur mon clavier rien que d'y repenser. Quand on voit ce qu'est devenu l'éditeur depuis, et sa forte tendance à nous gaver de Dynasty Warriors tous les six mois, j'en aurais presque la larme à l'oeil, mais c'est un autre problème.

Commençons par l'histoire : Marona est une jeune fille qui vient de fêter ses 13 ans. Alors que toutes les filles de son âge écoutent Rebecca Black à longueur de journée et collectionnent des posters de Robert Pattinson dans leur chambre, elle essaye de survivre tout simplement, en compagnie d'Ash, âme errante entre le monde des vivants et celui des morts (oui en gros c'est un fantôme quoi). Orpheline depuis 8 ans, Marona est devenue une Chroma, lui permettant de voir et d'invoquer les esprits. De fait elle parcourt le monde à la recherche de gens à aider, tombés sous le joug des forces du mal. Mais cette capacité fait d'elle un monstre au yeux des pauvres pommes que sont les mortels, elle vit donc recluse et solitaire, ayant pour seule compagnie Ash. Ca vous paraît compliqué ? Ne vous inquiétez pas c'est normal, retenez juste que le scénario est plus sombre et mature que celui de Disgaea, sans pour autant tomber dans la complexité et la lourdeur de celui d'un Final Fantasy. On retrouve bien évidemment de temps à autres des notes d'humour permettant de contrebalancer la gravité de l'histoire.

On va s'intéresser rapidement à la partie technique du jeu pour se concentrer sur le gameplay, qui est une véritable petite merveille comme l'on n'en fait plus. Concernant le design des personnages, on retrouve un style assez proche de Disgaea, concernant les graphismes aussi par ailleurs. En soi, Phantom Brave n'est pas le jeu qui va faire cracher ses tripes à votre PlayStation 2, loin de là. A la limite votre PlayStation 1, mais je doute que le dvd tourne dedans. Enfin bref, c'est plutôt moche, et avec des graphismes pareils Phantom Brave invite dès le départ le joueur à choisir son camp : les uns seront charmés par le côté "nostalgique" (et c'est valable au moins autant pour l'aspect visuel que pour le scénario) que dégage le jeu, les autres seront rebutés et se remettront sur Final Fantasy X-2, sorti à la même époque. Heureusement le character design est très réussi et le travail sur les cut scenes est excellent. Reste la bande-son, assez variée et de bonne qualité dans l'ensemble, et les effets sonores dans la moyenne.

Mais venons-en au plus important : le gameplay. Et force est de constater que les gars de Nippon Ichi ont fait très fort pour innover dans un domaine à priori difficile à révolutionner. Déjà, nous n'avons plus affaire à un système de déplacement par cases, désormais plus de grille, le personnage que vous contrôlez peut aller absolument où il veut, dans la limite de sa zone d'action bien entendu. Le système s'avère assez déroutant au départ, mais avec un peu d'entraînement on finit par bien maîtriser les difficultés liées au relief et aux différents objets vous barrant la route. Justement parlons-en de ces objets. Lors du début d'un combat, Marona est seule sur le champ de bataille, ce qui vu ses capacités est loin d'être commode. Heureusement comme nous l'avons vu plus haut la jeune fille possède la capacité d'invoquer des esprits pour lui prêter main-forte. A première vue, tout ceci a l'air plutôt banal, mais c'est sans compter sur une règle particulièrement bien trouvée : pour invoquer un esprit il faut le lier avec un objet présent sur le terrain (arbre, buisson, rocher...), il faut donc que Marona se trouve à proximité d'un « foyer » pour pouvoir obtenir des renforts, et ce dans la limite de 16 compagnons (ce qui est largement suffisant). Sachant que ces renforts sont de nature éphémère et disparaissent après un certain nombre de tours, et que la nature de l'objet permet de changer la constitution du compagnon (un personnage lié avec un rocher possédera une grande défense et une grand force de frappe par exemple), il faudra bien réfléchir à quand et comment effectuer ses invocations : faut-il amener un mage blanc directement, ou attendre la fin du combat, dois-je garder ce puissant guerrier pour la fin du combat (permettant de latter plus facilement un hypothétique boss) ou le sortir dès maintenant ? Bref, les prises de tête sont légions dans Phantom Brave, bien plus par ailleurs que dans Disgaea et encore plus que dans un Tactical classique tel que Final Fantasy Tactics.

En plus de la fin du déplacement par cases, Phantom Brave sonne aussi le glas de l'alternance des équipes présente dans Disgaea au profit d'un système un peu plus classique à la FFT/Tactics Ogre. Finie donc l'alternance joueur/ordinateur, ici tous les combattants sont gérés selon leur rapidité. Enfin comme dans Disgaea les combattants ont la possibilité de soulever et lancer des objets et des ennemis. Vous pouvez en effet lancer des objets à la tronche de vos opposants, voire même vos armes (dans ce cas l'arme peut devenir un foyer pour un nouveau fantôme, ou peut être récupérée par un de vos compagnons). Le plus vicelard reste la possibilité de jeter vos ennemis en dehors de la zone de combat. Cette action est terriblement efficace, mais il faut avoir les deux mains libres pour pouvoir le faire et là encore tout dépend de votre constitution. Attention cependant, vos ennemis ne se gêneront pas pour vous rendre la pareille.

Le déroulement est assez particulier, le jeu est composé des différents chapitres (représentant des missions confiées à Marona), eux-mêmes composés de trois ou quatre combat et d'un boss. Pour les mordus de leveling, il est possible de refaire ces combats autant de fois que vous le souhaitez. Comme le château du prince Laharl dans Disgaea, Marona possède un quartier général, Phantom Isle, où vous trouverez de quoi acheter et vendre des objets, vous soigner, mais aussi fusionner des caractéristiques, créer de nouveaux alliés, ressusciter des guerriers morts au combat, accéder à des niveaux supplémentaires pour vous entraîner et surtout dénicher des objets particuliers. Bref, vous y passerez pas mal de temps. Attention cependant, l'île ne peut accueillir que 50 personnages ou objets, il faudra donc gérer cette contrainte au mieux. Bref, toutes les possibilités qui vous sont offertes dans Phantom Brave donnent le tournis, et encore je ne vous parle de choses facultatives comme le Fusionnist, que vous pourrez créer un peu plus tard dans le jeu et qui permettra de fusionner des personnages et des objets afin d'obtenir de nouveaux pouvoirs ou d'améliorer ceux que vous possédez déjà. À l'instar de Disgaea (encore et toujours lui), on ressent bien ici le plaisir que prend Nippon Ichi à proposer un jeu au contenu hallucinant de richesse.

Bref, ce serait un gageure de vouloir être le plus exhaustif possible sur ce jeu, la meilleure façon de s'en faire une idée est d'y jouer. Attention cependant, de part son côté "prise de tête" certain, Phantom Brave n'est pas à conseiller à tous. Clairement destiné aux fondus de Tactical-RPG, le jeu ne s'embarrasse pas d'une quelconque accessibilité et devient rapidement hardcore comme pas deux. Si vous êtes par contre amateur d'un gameplay à deux vitesses propre au genre (enchaîner les missions pour finir rapidement le jeu, ou au contraire farfouiller dans les moindres recoins pour posséder une équipe de rêve), Phantom Brave vous fera passer au bas mot une bonne cinquantaine d'heures d'amusement pur.
HarmonySly
8
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Créée

le 17 févr. 2012

Critique lue 442 fois

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