Je n'avais pas fini le premier, lassé par ses dialogues pompeux et ses délires métaphysiques à base de noms ridiculement imbitables. Pourtant je kiffe ce genre de jeux, et j'avais apprécié certains de ses aspects malgré tout... Bref, en lisant bon nombre de critiques assurant que c'était comme le 1 en mieux et moins chiant, j'ai fini par me laisser convaincre.


Le début nous replonge bien vite dans le bain. On retrouve tout de suite l'ambiance du premier, ses délires abstraits, ses noms indigestes et ses divinités farfelues. Si ce n'est deux choses qui changent grandement le schmilblick : on laisse le monde dépressif du premier pour des îles exotiques colorées avec pirates et tout le toutim, et les dialogues sont beaucoup moins lourdingues pour rien. Et c'est vraiment beau putain, la plupart des maps sont à tomber.


Alors attention ça reste du pillars of eternity hein. J'ai mis un moment avant de biter la différence entre plusieurs peuplades aux appellations toujours aussi contre-intuitives. Sans parler des noms de villes/îles complètement grotesques : tiha o'puna, au nord-est de um'poko hara, un peu au sud de tikawara, non loin de neketaka, dans les îles de Kirawatara chépaquoi... sérieux les gars vous faites chier. C'est quoi l'intérêt de nous balancer à la gueule des noms aussi peu parlants ? On va pas se mentir, moi quand je vois ça je suis effrayé, et j'ai quand même mis 10/15h à vraiment rentrer dedans.



Question de príncipis



Mais au moins cette fois-ci j'ai pas lâché le morceau et j'ai fini par accrocher. Le déclic a été une fois dans la capitale justement. C'est foutrement beau, ça foisonne de trucs à faire, et c'est là que j'ai enfin identifié et saisi les enjeux du monde qu'on nous projetait à la gueule. En fait derrière ses termes fumeux (moins que le premier quand même, j'insiste), Pillars of eternity 2 se repose sur une structure et des scénarios plutôt classiques : on poursuit un dieu (et on est plus moins en lien avec les autres), et y a 4 factions dans ce bas monde soit disant paradisiaque qui se tirent la bourre. Et on se doute bien qu'à un moment on va devoir faire des choix mais j'en dis pas plus. A coté de ça on a pas mal de quêtes annexes (liées aux factions ou non) généralement bien écrites, parfois originales, et surtout plus terre à terre que dans le premier, et ça bordel ça fait du bien. Cet aspect global un peu lourd et perché mais quand même plus accessible, couplé à l'ambiance pirate y a pas à dire ça finit par fonctionner. Parce qu'une fois dedans on se rend bien compte de la richesse assez folle de cet univers créé de toute pièce et du travail considérable qu'il y a derrière. Le nombre d'embranchements interconnectés entre différentes quêtes, avec les multiples manières de les résoudre... Ça fourmille de détails où on se dit "putain ils ont pensés à ça". Ça transpire la passion des développeurs de partout, et si y a bien une chose qu'on peut pas leur reprocher c'est bien ça.



Obsidian nous mène en bateau



Alors évidemment outre les noms à la mort moi le noeud dans tous les sens c'est pas parfait. Le délire d'explorer l'archipel avec son petit bateau au début c'est super kiffant. Puis assez vite on se rend compte que la plupart des îles ont pas grand intérêt. On a un ou deux écrans type livre dont vous êtes le héros, on fait des jets de compétences, on arrive sur une mini-map copié collée de l'île d'à coté, on bute les 5 vilains monstres, on loote notre 25è épée jaune et puis basta. Au final on finira par trouver toutes les îles un minimum scénarisées en suivant les quêtes, donc le kiff "exploration" est un peu décevant. Pareil avec les bateaux qu'on croise en mer : le mini-jeu de bataille navale étant incroyablement long et sans intérêt, on part à l'abordage et on défonce ce petit monde en combat "normal" des dizaines de fois jusqu'à la nausée.


Le système de combat quant à lui n'a pas vraiment bougé à quelques détails près, et reste assez plaisant malgré une lisibilité parfois défaillante. La personnalisation de nos petits bonhommes se fait cette fois sur un vrai arbre de compétence, et y a de quoi se faire plaisir, qui plus est avec l'introduction du multiclassage. Quand on se dit que les mecs ont réussi à pondre un truc aussi touffu en créant eux même toutes ces règles, moi je dis bravo. Évidemment l'équilibrage n'est pas parfait, tant en termes de puissance (clairvoyants et prêtres m'ont paru bien au dessus du lot avec 2/3 sorts bien cheatés) que de fun (ouais le rodeur et le voleur... hmm bon). Mais y a de quoi faire et globalement j'ai trouvé ça très réussi.


Un des défauts qui m'a le plus embêté (en dehors des noms pompeux vous l'aurez compris) c'est qu'on atteint trop vite le niveau maximum. Si on fait la plupart des quêtes secondaires on y arrive sans soucis avant la dernière phase de la quête principale, qui boucle le reste du jeu. C'est donc juste avant celle-ci qu'il est conseillé de se frotter aux DLC et quelques gros boss qui parsèment l'archipel. Oui mais personnellement peu importe la narration plutôt de qualité, passer 5h dans des ruines sans le sentiment de progression de mes persos, avec juste une armure ajoutée à l'un de mes gars à la fin je l'ai fait une fois et ça m'a suffit (DLC beast of winter). Du coup j'ai testé "slayer, survivor machin" juste pour me rendre compte que c'était de la daube (une simple arène avec des combats à n'en plus finir), et j'ai laissé le dernier sur le bas coté.


Au final j'y ai quand même passé 60h, à reculons au début, à fond au milieu, un poil repus à la fin certes, mais avec cette furieuse envie de savoir comment toute cette histoire de dieux (et pas que) se termine. Et j'ai pas été déçu, on se rend bien compte à la fin de l'impact des nombreux choix qu'on a fait pendant toute l'aventure (j'en dis pas plus).


Bref : "C'est comme le premier en mieux et moins chiant", bah ouais, c'est à peu près ça. Il est plus coloré et attractif, un peu moins pompeux (mais quand même), et surtout bien moins verbeux inutilement. Pillars of eternity 2 c'est un univers excellemment construit derrière ses intitulés fumeux, des quêtes interconnectées aux embranchements multiples dignes des meilleurs représentants du genre, et un système de combat et d'évolution des persos sacrément complet. Bref, comparativement à la série Divinity original sin, on a la une autre vision, moins "moderne" dans son approche mais réussie, de la revisite des grands classiques d'il y a 20 ans. Par contre, c'est un jeu qui demande de l'investissement, et que je ne conseillerais certainement pas à quelqu'un qui n'a qu'une petite heure à y consacrer de temps en temps...

Gens_talus
8
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le 12 mars 2020

Critique lue 892 fois

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Gens_talus

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