Pirates : Kat la Rouge
6.4
Pirates : Kat la Rouge

Jeu de Westwood Studios et Electronic Arts (2002PlayStation 2)

Westwood Studios fait partie de ces studios cultes dont on parle au passé, les larmes dans les yeux et les soupirs dans la voix. Fondé en 1985, il survit de portages et d'adaptations avant de s'affirmer à partir des années 1990, et avec de nombreux succès. Le studio touche au jeu d'aventure avec la trilogie The Legend of Kyrandia (1992 à 1994) ou Blade Runner (1997), aux RPG avec la trilogie Lands of Lore (1993, 1997 et 1999) ou Nox (1999) mais on le connait surtout pour ses jeux de stratégie. Dune II : la bataille d'Arakis en 1992 fut l'un des précureurs du genre, que Westwood perfectionna avec sa série des Command & Conquer à partir de 1995.

Le studio avait acquis la réputation de faiseur de hits, en plus d'avoir la réputation de s'adapter à n'importe quel projet. Dans la deuxième moitié des années 1990, c'était bien suffisant pour attiser l'appétit d'EA, qui racheta le studio en 1998. Et qui, tout comme pour Bullfrog Productions et Origins finit par vider Westwood Studios de son identité avant de le fermer en 2003. Leur dernier jeu est Earth & Beyond, un MMORPG rapidement oublié, tandis que celui qui nous concerne fait partie de ces dernières fournées. Un Tomb Raider au pays des pirates. En gros.

C'est IGN qui, par une indiscrétion, révèle que Pirates the skull cove de son nom de développement devrait être dévoilé lors de l'E3 2000. Perdu, il le sera lors de celui de l'année prochaine, le 17 mai précisément. Développé pour PS2 et XBox, il sort aux États-Unis le 17 février 2002 sous le nom de Pirates : The Black Kat. En Europe, le jeu sort un mois après, Pirates : Kat la rouge de son nom français. Le jeu est même entièrement localisé, voix comprises, ce qui est plutôt surprenant pour un titre sorti dans une relative discrétion, malgré quelques bonnes notes. Le jeu affiche en effet le score honorable de 72 et 74 respectivement sur PS2 et Xbox selon Metacritic. En France, jeuxvideo.com lui décerne un 14 tandis que Consoles+ dans son numéro 123 d'avril 2002 un joli 92%. Il faut dire que le titre aligne un certain nombre de qualités.

Pirates : Kat la rouge suit l'histoire de la rousse Katarina de Leon. Son père, le gouverneur des îles pirates, vient d'être tué par le Captain Hawkes, vilain pirate. Comme si ça ne suffisait pas, elle apprend que sa mère, qu'elle n'a pas connu, a été la chef d'une bande de pirates. Pour venger la mort de son père, elle va devoir se glisser dans les bottes de sa mère et découvrir de nombreuses contrées aux identités très marquées mais dépaysantes contre des pirates, des gorilles, des squelettes, des yétis et j'en passe. Heureusement, ce vent de liberté souffle plus fort que celui du scénario, (mal) raconté par des images de synthèse comme à la grande époque de la PlayStation mais qui ont mal vieilli.

La particularité du jeu est son articulation entre deux parties distinctes, la navigation en mer et les phases d'exploration à la troisième personne. La simple coque de noix des débuts deviendra vite un navire de plus en plus dangereux, à la vitesse des forteresses conquises et qui deviendront alors des places marchandes alliées. Les combats navaux ne sont pas le point fort du jeu, puisque, pour les navires ennemis, cela se résume à tourner autour, tandis que pour les cibles fixes telles que les forteresses ou les canons ennemis, il s'agit de jouer à qui encaissera le plus. Néanmoins, la navigation est plaisante, surtout en activant les caméras dynamiques dans les options. Un mode de jeu naval, qui reprend ce gameplay, permet au joueur d'affronter une IA ou, plus intéressant, un autre joueur.

Une fois le navire à quai, Katarina part à l'exploration, armes en main. Tout comme Drakan : The Ancient's Gate de Surreal Software et Sony sorti le même mois dont le personnage principal est féminin, l'action se fait à la troisième personne. Armée d'abord d'une épée basique, mais il en existe d'autres, la belle Kat découvrira rapidement quantité d'armes secondaires. Celles-ci se révèlent indispensables tant la difficulté est relevée. Kat a du répondant et se manie bien, mais les dégâts sont sévères. S'engager dans un combat se fait sans la certitude d'en ressortir glorieux. Heureusement, et c'est l'un des points forts du jeu, le joueur a fort à faire, tant l'exploration est récompensée. Le butin servira à acheter munitions ou nouveaux bateaux, mais il y a aussi des armes et leurs munitions, des cœurs bien utiles pour augmenter l’endurance ou des objets que les rares personnages secondaires désirent.

Le jeu propose donc deux gameplays différents, partageant la même qualité, celui du plaisir de l'exploration. Mais l'une des principales qualités du jeu, et particulièrement remarquable pour sa date de sortie, est l'articulation de ses deux formes de jeu, puisqu'il n'y a pas de temps de chargements entre les passages sur les flots ou à terre. En contre-partie, les décors sont assez vides, et le reste du jeu a tout de même vieilli. Néanmoins, il y a une réelle prouesse technique, quand le bateau qui nous attaquait précédemment est mis par le fond par une forteresse conquise précédemment, tandis que l'on observe la scène sur une des îles aux alentours après avoir accosté.

La génération appelée un peu rapidement 128 bits a connu de nombreux jeux s'inspirant des pirates, probablement grisés par une puissance technique plus à même de retranscrire leurs aventures rocambolesques tandis que le succès des films Pirate des Caraïbes à partir de 2003 n'y est pas non plus étranger. On peut citer Galleon ou le remake de Sid Meier's Pirates ! en 2004, les jeux inspirés des aventures de Jack Sparrow ou même The Legend of Zelda : the Wind Wacker en 2002-2003. Pirates : Kat la rouge inaugure donc cette nouvelle génération avec ce thème en réussissant à faire ressentir le parfum de l'aventure, avec le plaisir de l'exploration et du dépaysement et deux phases de gameplay globalement réussies mais dont la principale qualité est leur articulation. Néanmoins, le jeu peine sur l'intérêt de ses combats, brouillons et difficiles, tandis qu'il échoue à rendre intéressante son histoire. De manière générale, il manque au jeu un univers plus développé. Il est possible pour le joueur de débloquer de nombreux concept-arts, qui dévoilent toute une série de personnages ou de lieux que l'on ne retrouve pas dedans, ce qui fait craindre un développement peut-être précipité. Pirates : Kat la rouge a manqué de quelques nœuds marins d'être un incontournable et, malheureusement, sa relative discrétion lors de sa sortie (Vgchartz indique 200 000 ventes) précipitera la chute d'un studio d'exception.
SimplySmackkk
7
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le 27 déc. 2014

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