Pokémon Ranger : Nuit sur Almia
6.7
Pokémon Ranger : Nuit sur Almia

Jeu de Creatures et Nintendo (2008Nintendo DS)

On parle beaucoup de nos jours de la baisse de qualité de la série principale Pokémon. On parle cependant beaucoup moins d'un phénomène à mon sens plus dangereux : la quasi-mort des spin-offs Pokémon.
Prenons les jeux sortis depuis 5 ans sur Switch, que retrouve-t-on ? L'inattendu New Pokémon Snap, un remake du premier Donjon Mystère et des portages de Pokkén et Quest. On peut toujours aller chercher plus d'expériences Pokémon sur smartphones, mais le format free-to-play est incompatible avec de longues aventures et des mécanismes de jeu poussés.
Comparez avec le nombre de spin-offs sortis sur DS : deux générations de Donjon Mystère, Dash, Conquest, Trozei... Et surtout, la série annexe la plus emblématique de la console au double-écran : Pokémon Ranger avec ses trois jeux.


Si j'avais déjà fait le premier épisode il y a une dizaine d'années et le troisième en 2019 (une époque où l'on pouvait encore fréquenter les cinémas et les librairies sans se faire scanner un code-barre à l'entrée), le deuxième dormait dans un carton depuis quelques temps. Il faut dire que les autres épisodes sont assez linéaires et vraiment formatés pour des enfants de 7 ans (beaucoup de dialogues, on nous indique où aller quasiment à chaque fois qu'on arrive dans une nouvelle zone...), ce qui avait fini par me lasser. Mais il est temps de lui donner sa chance !



Constat à l'almiable



Pokémon Ranger 2 commence de façon surprenante dans une salle de classe. On incarne en effet un jeune Ranger en formation pendant les premières heures du jeu, l'occasion de découvrir les lieux où sont formés cette élite. Ca donne à ce début de jeu un rythme lent mais appréciable : on découvre petit à petit les mécaniques du jeu (très souvent reprises du premier Ranger), des personnages qui deviendront importants au fur et à mesure de l'intrigue, quelques personnages et mentions d'événements se déroulant dans la région du précédent jeu...
Non seulement on ne s'ennuie pas, mais en plus ça renforce la crédibilité de notre héros. On n'incarne plus un random qui devient Ranger à partir du moment où il enfile un uniforme, on incarne vraiment un bleu qui va devoir faire ses preuves. Après son diplôme, il sera affecté dans une ville de seconde zone et devra travailler dur pour obtenir une promotion au QG régional des Rangers.


Soyons d'accord, on n'est pas face à un jeu au scénario particulièrement complexe, vous allez devenir le meilleur Ranger de la région en à peine 20h et le héros souffre de mutisme comme tous les autres personnages jouables de la série, mais on peut au moins reconnaître l'effort qui a été fait pour rendre son parcours crédible. Je me suis toujours demandé pourquoi, dans les jeux de la série principale, l'école des Dresseurs était si peu exploitée alors que ça permettrait de faire une phase de tutoriel intéressante pour les nouveaux joueurs.


Toutefois, il faut souligner la qualité d'écriture du jeu, un point fort qu'il partage avec son prédécesseur (j'ai moins de souvenirs de Ranger 3, n'y ayant pas rejoué cette année, mais il me semble que les dialogues étaient assez lambdas). Les situations rencontrées par le joueur sont souvent débiles, et beaucoup de PNJ le soulignent. Que ce soit votre mentor en début de jeu qui est un véritable coeur d'artichaut, les sbires de la team ennemie ou le professeur de l'école des Rangers, le casting est rempli de personnages plein d'humour, offrant un vrai charme au jeu.
Et comme dit plus haut, on retrouve beaucoup de PNJ croisés dans le précédent jeu, comme le Quatuor Go-Rock toujours aussi mélodramatique, ou Sammy l'impotent. C'est loin d'être une spécificité de la série Ranger (la série principale adore faire des références aux précédents jeux aussi), mais ça fait plaisir de voir un monde assez cohérent et interconnecté.


En tout et pour tout, l'aventure principale est deux à trois fois plus longue que la précédente. Certes, celle-ci était particulièrement courte (7 à 9h environ), mais ce temps supplémentaire est très bien exploité, nous montrant une région d'Almia plus grande et diversifiée que celle de Fiore, avec plus de personnages marquants. Plusieurs nouveautés sont introduites au niveau du gameplay pour parcourir la région plus efficacement, comme les Poké-Montures (pour traverser des cours d'eau ou de magma notamment) ou des phases sous-marines qui font la part belle aux Pokémon Eau. C'est également l'introduction de quêtes annexes, données par des PNJ mineurs, qui vous permettront d'améliorer votre Capstick si vous les réussissez. Certaines sont assez répétitives, mais les récompenses valent le coup et je me suis fait plaisir en les effectuant toutes.


Mais la nouveauté la plus marquante, c'est bien sûr la possibilité de capturer des Pokémon sans avoir à maintenir le stylet en permanence sur l'écran tactile. Dans le premier Ranger, c'était non seulement une torture pour le poignet, mais en plus ça rendait les combats assez simples, vu que les développeurs ne pouvaient pas attendre du joueur qu'il réussisse une cinquantaine de tours d'affilée. Peu de Pokémon avaient plus de 15 PV, ce qui était assez ridicule à la fin.
Désormais, les Pokémon ont une énorme barre de vie, nécessitant parfois une centaine de tours pour finir le combat. Ca donne des combats plus longs et plus haletants, même si malheureusement la difficulté a été revue à la baisse. Aucun combat ne m'a paru aussi compliqué que celui contre Dracaufeu dans le premier jeu, qui faisait pleuvoir des flammes sur le champ de bataille. C'est un peu dommage, avec ce nouveau système de combat les développeurs auraient justement pu se lâcher sur les attaques des Pokémon. Ca rend d'ailleurs les Poké-aides assez inutiles en combat, puisque le Capstick de base peut se charger de quasiment tous les ennemis sans trop d'effort. Dommage, c'était une grande force et l'originalité du premier opus.


Ce qui rend le jeu assez simple aussi, c'est qu'il est impossible d'affronter plusieurs Pokémon à la fois en-dehors des batailles contre les sbires de la team ennemie. Dans Ranger premier du nom (et le 3 aussi, je crois), si on croisait un Pokémon sauvage et que d'autres étaient présents à proximité, un combat se lançait contre le groupe. Là on les affronte un à un, ce qui enlève pas mal de tension lors de l'exploration du monde.



Toupie-kachu



Un autre élément assez dommageable, même si somme toute mineur, c'est la grosse mise en avant de la 4G. Diamant et Perle n'étaient pas sortis à l'époque du premier Ranger, ce deuxième épisode avait donc pour mission de rattraper le retard pris par cette génération. Et si j'aime énormément Sinnoh, je dois bien avouer que c'est assez tristounet de voir que tous les boss du jeu, ainsi qu'une grosse partie des Pokémon Partenaires, sont originaires de cette région. C'est également un reproche que j'émets envers Ranger 3 qui mettait beaucoup en avant Johto (remakes d'Or et Argent oblige), alors que le premier jeu de la série faisait l'effort de mettre les trois premières générations sur un pied d'égalité.
Vous noterez d'ailleurs que j'ai dit "les" Pokémon Partenaires. C'est encore une nouveauté de ce jeu : on n'a pas un seul Partenaire tout le long de l'aventure (comme Posipi/Négapi dans le premier jeu et Pichu dans le troisième) mais bien 17 ! Un partenaire pour chaque type, qu'on recrute tout au long de l'aventure et lors de quêtes annexes. C'est un autre exemple de la richesse et de la générosité du jeu, qui aurait parfaitement pu se contenter de nous filer un Pachirisu et basta. C'est aussi un système qui permet de mettre en avant quelques Pokémon oubliés, comme Crikzik, Hippopotas ou Blizzi.


Dernier point que je souhaite aborder : la bande-son. On est loin d'être face à la meilleure musique de la licence, ou même des spin-offs, mais les morceaux sont particulièrement agréables à écouter. Certains m'ont même donné quelques vibes zeldaesques, ce qui n'est pas hors de propos dans une série lorgnant plus sur l'action-aventure que le RPG.
Seul point noir : le grand nombre de musiques recyclées du premier jeu. L'écran-titre, les bases Ranger ou même les jingles de victoire sont tous repris tels quels, et c'est un peu dommage à la longue.


Enfin, mentionnons les missions bonus qui permettent de débloquer un Manaphy, un Darkrai et un Riolu qu'on peut transférer vers une cartouche de Diamant/Perle/Platine. Une excellente raison d'acheter le jeu... Malheureusement ces missions étaient distribuées par la Wifi pendant quelques semaines seulement et ne sont bien sûr plus accessibles officiellement.
Mais tout n'est pas perdu, des fans ont créé des serveurs Wifi custom qui distribuent encore ces missions aujourd'hui ! Si vous avez encore Ranger 2 ou 3, vous pouvez les télécharger dés à présent en suivant un tutoriel simple.



Conclusi-Onix



Le deuxième épisode de la série Ranger est généralement considéré comme le meilleur par les fans. Même s'il a des défauts (sa grande facilité en premier lieu, et le fait qu'il ne te lâche jamais totalement la main), je pense que sa réputation est méritée. Il est drôle, bien construit, propose plusieurs innovations importantes et un peu moins dirigiste que les autres jeux de la série. Et puis ça reste toujours chouette de parcourir un jeu Pokémon où les créatures sont autre chose que de la chair à canon : c'est toujours un plaisir d'utiliser un Gobou pour éteindre des flammes ou un Cizayox pour couper un arbre.
La série n'a malheureusement pas survécu à la DS, et avec l'abandon progressif de l'écran tactile par Nintendo il est vraiment peu probable qu'on la revoie un jour. Tant pis, vous pouvez toujours télécharger les trois épisodes sur Wii U si vous voulez voir à quoi aurait pu ressembler un nouveau jeu dessus. Ca vous évitera d'avoir à payer 30 balles pour acheter la cartouche seule sur eBay.


Et maintenant, je vous demande d'observer une minute de silence, en hommage à tous les écrans tactiles qui ont été martyrisés voire brisés par la série des Ranger.

Sonicvic
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le 26 juil. 2021

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